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Moscovici adoube Aulas et son Grand Stade de l’OL

Le Grand Stade valait bien une grand-messe. Et ce mardi, c’est Pierre Moscovici qui officiait comme maître de cérémonie au cours d’une méga-conférence de presse qui se tenait à Lyon. La présence du ministre de l’économie signifiant à ceux qui n’avaient pas encore compris, l’appui indéfectible de la puissance publique au projet de l’OL.

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Conférence Grand Stade Moscovici

Conférence de presse mardi à Lyon. Pierre Moscovici à la droite de Jean-Michel Aulas et Gérard Collomb. © Leïla Piazza / Rue89Lyon

« Certains se demandent pourquoi je suis parmi vous. La réalisation du Grand Stade est évidemment le fruit de la détermination d’acteurs privés. Mais je suis aussi conscient que nous vivons un jour important pour la région, pour l’emploi local. C’est un apport considérable, et ce au delà de l’échéance de l’Euro 2016. »

Devant la crème du gratin politique et économique de la ville, le ministre de l’Économie (et non celui des Sports), Pierre Moscovici, n’a pas tourné autour du pot pour affirmer le soutien de l’Etat au Grand Stade de l’OL.

Trois jours après le bouclage du plan de financement et à la veille du lancement des travaux de construction de l’enceinte, le président de l’OL, Jean-Michel Aulas, avait tenu à organiser cette gigantesque conférence de presse-cocktail.

L’ambiance était à la fête dans une salle bondée de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Lyon où les quatre premiers rangs étaient réservés. Le président PS du Grand Lyon, Gérard Collomb ainsi que le vice-président UDI du Conseil général du Rhône  Michel Mercier, le maire PS de Décines, Jérôme Sturla, ou encore le président du Sytral, Bernard Rivalta, côtoyaient les représentants des entreprises lyonnaises. Le président de la Ligue Professionnelle de Football, Frédéric Thiriez, était également de la partie.

Travaux Grand Stade

Alors que des opérations de terrassement ont déjà été entreprises, les travaux de construction devraient démarrer ce mercredi. © DESVIGNE Conseil / OL

Le bouclage du financement : la fin d’années de péripéties

Gérard Collomb, Jean-Michel Aulas et leurs convives, tout sourires, n’ont pas boudé leur plaisir.

Alors que le projet traine depuis 2007, les choses se sont en effet accélérées récemment. Après le rejet des principaux recours par la cour d’appel, l’adoption par le Conseil général d’une garantie d’emprunt à hauteur de 40 millions d’euros, vendredi 19 juillet, a permis de débloquer la situation. Une semaine plus tard, ce samedi 27 juillet, l’Olympique lyonnais a annoncé le bouclage du plan de financement du Grand Stade, qui devrait être livré fin 2015 ou début 2016. S’élevant à 405 millions d’euros, le financement de la Foncière du Montout (filiale d’OL Groupe en charge du projet du stade) se répartit en quatre grandes catégories.

 

Un montage financier aux forceps où l’aide publique est essentielle

Confronté à des oppositions locales virulentes et des difficultés économiques, l’OL a ramé pour trouver des financements pour ce projet pharaonique.

Le groupe doit en effet emprunter auprès de pas moins de 11 banques, une somme de 136,5 millions d’euros. A cela s’ajoute un contrat de location financière avec Orange (8 millions d’euros). Le tout formant les 144,5 millions d’euros de « dettes bancaires et location financière ».

Ce que l’Olympique lyonnais n’a pas pu emprunter, le club a décidé (en partie) de le financer « en fonds propres » (135 millions d’euros). Si « des avances en compte courant » ont déjà été réalisées par l’OL, le groupe a lancé mardi une émission d’obligations de 80 millions d’euros. Mais pour cela, les principaux actionnaires du club ont dû relever les manches. En effet, ICMI (holding du président de l’OL Jean-Michel Aulas) et Pathé (qui détiennent respectivement 34,17% et 29,87% du capital social de l’OL) se portent garants de cette souscription obligataire.

Au milieu de ce plan de financement, se trouvent 13,5 millions d’euros de « revenus garantis pendant la phase de construction ». Nous avons cherché à en connaître l’origine. Mais l’OL joue la discrétion :

« Si on avait voulu vous le dire, on vous l’aurait dit ».

La société la Foncière du Montout a recours à un autre emprunt financé par l’émission d’obligations, pour un total de 112 millions d’euros cette fois. Dans le détail, c’est Vinci, qui prend en charge 80 millions d’euros. Mais le constructeur du futur Grand Stade ne se mouille pas trop, puisque 50% de cet emprunt obligataire est garanti par le Conseil général du Rhône. Une décision qui a scellé l’intervention publique dans un projet privé.

 

Pour Aulas, le Grand Stade est financé par « le privé avec la synergie publique »

Mais une deuxième intervention publique se glisse dans ce plan de financement. En effet, 32 millions d’euros de contrat de financement obligataire ont été signés avec la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC). Cet organisme est considéré comme le bras armé financier de l’Etat, voire comme un « bras armé dans l’intérêt général », selon son Directeur général, Jean-Pierre Jouyet.

Cela tombe bien, par un arrêté ministériel du 23 mai 2011, le Grand Stade a été reconnu d’intérêt général.

Pourtant, à cette même époque, Jean-Michel Aulas, promettait de bâtir l’enceinte « sur fonds entièrement privés ».

Le discours de Jean-Michel Aulas avait quelque peu changé ce mardi :

« C’est pour moi un montage élaboré extrêmement pertinent, qui est très proche de ce qui se fait dans les pays européens les plus avisés en matière de financement privé avec la synergie publique. »

 

Moscovici et le patriotisme footballistique

La venue du ministre de l’Économie n’était pas simplement due à l’organisation par la France de l’Euro 2016, dont plusieurs matchs devraient se jouer au Grand Stade. Il a fait du projet un exemple des partenariats public-privé.

Pierre Moscovici a limité l’implication de l’Etat au « rôle de facilitateur » :

« La réalisation du projet repose presque entièrement sur des investisseurs privés. Ce rôle de facilitateur aura été un élément clé. C’est en tout cas l’illustration de ce que les acteurs publics et privés peuvent réaliser ensemble. »

Le ministre oublie un peu vite les obligations de la CDC et, même s’il s’agit d’autres aides publiques, la garantie de 40 millions du Conseil général.

Il a ensuite entonné un air patriotique cher à Arnaud Montebourg. Pour le ministre de l’Economie, le modèle financier du Grand Stade de l’OL a en effet un atout majeur :

«Faire évoluer le modèle économique d’un club, voire du football français, en s’inspirant de ce qui se fait à l’étranger (…) Tous les clubs n’ont pas des émirs ou des oligarques»

Pierre Moscovici faisait là référence aux clubs nouvellement riches tels que le Paris Saint-Germain et Monaco. Et d’ajouter :

«Il est important de se doter de structures qui peuvent résister à tel ou tel désinvestissement qui peut se produire.»

Propriété du club, le Grand Stade devrait être en effet une source de revenus fixes pour l’OL, qui ne dépend pas directement des résultats sportifs ou des coups de tête des actionnaires du club. Jean-Michel Aulas estime les retombées pour le club à « 50 ou 100 millions d’euros annuels ».

 

Opposants-Grand-Stade

Ce mardi, une dizaine d’opposants attendaient le ministre devant la CCI de Lyon. © Leïla Piazza / Rue89Lyon

 

164 millions d’investissements publics en infrastructures

Si le rôle financier de la puissance publique est effectivement limité en ce qui concerne la construction seule, l’implantation du Grand Stade génère des investissements publics, comme le précisait de nouveau Gérard Collomb :

« On accompagne ce projet en faisant tous les investissements liés aux infrastructures en matière de voirie et de transports en communs. Il y a 405 millions d’investissements pour le projet privé. Et il y a 164 millions d’euros d’investissements pour les différents partenaires publics. »

Dans le détail, les grandes dépenses d’infrastructures, notamment pour créer un débranchement dans la ligne T3, des voies d’accès, un échangeur autoroutier, des parkings, se montent à :

  • Le Grand Lyon : 114 millions d’euros.
  • Le Sytral : 33 millions.
  • L’Etat 11,7 millions.

La dépense générée est l’un des arguments chocs des opposants au projet. Gérard Collomb n’en a que faire :

« On nous a dit « mais vous financez l’Olympique lyonnais ». Je réponds qu’on finance tous les projets. C’est la base de l’urbanisme, notre rôle. Ce n’est pas simplement pour l’OL. C’est un formidable levier pour l’est de l’agglomération. »

 

« Un projet citoyen, créateur d’emplois »

Principal argument de l’intérêt de ce Grand Stade, brandi par chacun des participants à la conférence de presse : l’emploi. Jean-Michel Aulas en a détaillé les contours :

« C’est un projet citoyen, créateur d’emplois et de retombées économiques pour toute l’agglomération lyonnaise. Dès le début de la phase de construction, nous aurons de l’ordre de 1500 emplois directs générés par les travaux. Et puis 1000 emplois indirects dans l’ensemble de la construction avec les projets annexes, les accès… En phase d’exploitation, il y aura 1000 emplois permanents sur le site. Et les jours de match, entre 1500 et 2000 emplois temporaires. »

Rien de nouveau donc dans l’argumentaire, qui n’a pas réussi jusqu’à maintenant à convaincre les opposants. Fin juin, l’un de leurs chefs de file, Etienne Tête, conseiller régional Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), affirmait :

« Cette politique des grands travaux, ce n’est pas du développement économique. Le foot crée peu d’emplois, en réalité. Ici on voudrait mettre les finances publiques à contribution pour quelques places de plus par rapport à l’actuel stade de l’OL à Gerland ».

Le stade de Gerland, propriété actuelle de la Ville de Lyon (qui le loue à l’OL) possède une capacité de 42 000 places. Quant au futur Grand Stade, il devrait pouvoir accueillir 58 000 spectateurs.

> Article actualisé le 2 août à 12 heures suite au commentaire de Spinoza69

 

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