« J’appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés… à voter pour moi ».
Le 30 octobre 1980, Coluche se lançait dans la course à la présidence. Venu pour « foutre la merde », le candidat anti-système abandonne quelques mois plus tard une entreprise considérée comme une plaisanterie et devenue un peu trop sérieuse à son goût. Lassé par les menaces, Coluche retire en avril 1981 sa candidature. Le parallèle a rapidement été fait par les médias français notamment.
Comique, grande gueule et candidat anti-système, Beppe Grillo est le Coluche italien. Mais le leader du Mouvement 5 étoiles, actuellement troisième dans les sondages, s’en défend : contrairement à Coluche en 1981, il compte aller jusqu’au bout. Et c’est là toute la différence.
5 étoiles pour un tsunami
Depuis plusieurs semaines Beppe Grillo arrangue les foules dans son Tsunami Tour électoral. Tandis que ses adversaires égrainent les plateaux télé, le comique fait campagne à l’ancienne, trimbalant son camping-car de ville en ville. Petit exemple de la faconde du bonhomme à la chevelure hirsute dans cette vidéo capturée à Palerme :
Avec un slogan percutant, Licenziamoli tutti (licencions-les tous), Beppe Grillo scande son désamour pour les politiques. Corrompus, menteurs, irresponsables… Les dirigeants de son pays ont selon lui tous les travers, et faire table rase serait donc la seule solution.
Alors se candidater lorsqu’on fait campagne contre les politiques et la politique en général ne serait-ce pas contradictoire ? Beppe Grillo a trouvé la parade. Il n’est pas à la tête d’un parti mais d’une « association libre de citoyens », le MoVimento 5 stelle.
Un V majuscule pour le Vaffanculo day. Et cinq étoiles pour les thématiques eau, environnement, transport, réseaux et développement mises en avant par l’humoriste. Et mainteant le Tsunami Tour. Revenons-en donc à la mutation de la satire en machine politique.
Des plateaux télé à la scène politique
En 1986 Beppe Grillo est propulsé par la télévision publique qui lui laisse entière liberté d’expression dans son émission Grillometer. Il est banni de cette même télévision publique pour des critiques un peu trop acerbes envers le pouvoir en place et la classe politique. Ni une ni deux, il se lance dans le one man show et sur le web, deux moyens pour diffuser ses idées.
La mayonnaise prend. Les italiens sont alors fatigués par le berlusconnisme.
C’est sur son blog qu’il lance en 2005 la première expérience participative : il propose aux personnes ayant déposé des idées sur son site de se réunir au niveau local. Les « amis de Beppe Grillo » naissent. La machine politique est lancée. Devant le Parlement européen en 2007, l’humoriste se positionne en faveur d’une loi interdisant aux politiques ayant un casier judiciaire de se présenter.
Deux mois plus tard, 300 000 signatures sont recueillies et 50 000 personnes défilent dans les rues de Bologne le 8 septembre 2007 pour le Vaffanculo day. Trois lois d’initiatives populaires sont déposées Palazzo Chiggi, siège du gouvernement. Rebelotte en 2008. Un nouveau V-day et la presse se déchaîne contre ces « grillate rosse », référence aux Brigate rosse, le mouvement terroriste de gauche. Sauf que, comme le souligne le journaliste Marco Travaglio dans la vidéo (en italien) qui suit, « ces terroristes-là ne tirent pas, ils signent ».
L’éditorialiste résume en quelques mots la pensée médiatico-politique de l’époque : « antipolitique, populiste, terroriste, fasciste… et vulgaire, puisque Beppe Grillo prononce le mot Vaffanculo ».
Une vision toujours d’actualité. Mi-janvier, après un nouvel écart de l’humoriste réclamant à Brindisi la suppression des syndicats, Beppe Grillo a été attaqué. La CGIL, le syndicat majoritaire a déclaré : « s’il veut la disparition de leurs 12 millions d’adhérents, l’objectif est-il l’extermination de masse ? » Pour Rosi Bindi, la présidente du Parti Démocrate (centre-gauche), c’est « le signe d’une dérive autoritaire et d’une conception simpliste de la démocratie ».
Le parti démocrate, auquel Beppe Grillo n’avait pu présenter en 2009 sa candidature aux primaires internes. Et c’est de cet affront qu’est né le MoVimento 5 stelle. Car le comique fait peur, comme faisait peur Coluche. Mais pour Grillo il s’agit d’un mouvement de fond, comme on vient de le voir, et ses 16% dans les sondages à l’heure actuelle ne datent pas d’hier.
Déjà des élus
D’ailleurs, à la différence de Coluche, plusieurs « grillini » ont été élus ou ont obtenu de bons scores. En 2008, 23 conseillers communaux et deux parlementaires européens, Luigi De Magistris et Sonia Alfano. Rebelotte en 2010. Mieux, en 2012, quatre maires 5 stelle sont élus, dont celui de Parme.
Et c’est bien ce qui inquiète pour les prochaines élections : voir un populiste se placer en troisième position. Le tribun est notamment taxé de critiquer sans avoir de réel programme. Un constat pas entièrement faux. Car derrière de belles idées de démocratie participative et de politique transparente, Beppe Grillo en meeting crie plus que ce qu’il propose. Mais entre le retour de Silvio Berlusconi, les mesures d’austérité prises par Mario Monti, et, comme l’explique Philippe Ridet du Monde, le dernier scandale financier en date, les italiens semblent avoir soif d’une troisième option.
Petit résumé pré-électoral :
Et pour les plus courageux, le programme (en italien) du MoVimento 5 stelle.
Je m excuse tout d’abord pour mon français et pour des éventuelles erreurs d'horographes, mais je prends la peine de commenter votre article car il m’apparait superficiel sur plusieurs points :
1 La plus grande différence avec Coluche est que B.Grillo n’est se jamais présenter en tant que candidat au parlement Italien. Donque il ne prétend pas de guider un pays en tant que leader il est juste l’image (serte très charismatique) d’un mouvement des citoyennes qui reste Independent et libre d’agir.
2Le programme du mouvement est bien présente sur le site official et la majorité des autre partie politique adverse ont carrément copié le ¾ des idées. Je pense que forcement il doit y avoir quelques bonnes propositions.
3 Le M5S souhaite une démocratie sans intermédiaires avec des gents ordinaires mais qualifies qui ont comme unique intérêts la communauté et non pas ceux d’ eux-mêmes et de leurs propre entourage.
A couse de cela les règles pour adhérer au mouvement sont strict : exemple casier judiciaire vierge, ce qui est pas facile dans un pays comme l’Italie.
4 Le M5S nous offres une alternative a la dichotomie désormais obsolète de « gouache » et « droite » en mettant au centre l’homme en tant que citoyen et non plus le pouvoirs des lobbys lies à une polyptique corrompue et asservie au tant que tous les medias sans exceptions. C’est bien pour cette raisons que le mouvement né e se développe uniquement a travers internet et le contact direct avec les gents dans les place d’Italie.
5 Le M5S commence a pénétrer la vie des personnes de toute Europe comme un virus bénéfique pour leur donner une alternative plausible et intelligente en parfaite harmonie avec l’environnement.
Cordialement
Christian
Je mentionne comme vous le fait que Grillo souhaite une démocratie transparente, qu'il s'agit d'un "mouvement libre de citoyens"... Mais merci à vous de souligner le fait que ce mouvement se développe essentiellement sur internet dans l'idée d'être au plus près des gens.