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Elections en Italie, la Ligue garde le Nord

BLOG / Les 24 et 25 février prochains les Italiens se rendront aux urnes pour des élections législatives anticipées. Sur fonds de crise économique, ce scrutin est marqué par une crise politique : le président démissionnaire du Conseil Mario Monti mènera une coalition centriste, t

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andis que Silvio Berlusconi tente un retour fracassant sur la scène politico-médiatique. Renouant avec son allié historique, la Ligue du Nord (le Carroccio), parti xénophobe et séparatiste de la riche Italie industrielle.

Folla_alla_festa_dei_popoli_padani,_Venezia,_2011

 

« Habemus Papam » s’est exclamé le Cavaliere : le 7 janvier dernier, le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et la Ligue du Nord, son allié historique, ont conclu un accord électoral. En clair, les deux partis feront front commun aux prochaines législatives.

Le PDL soutiendra la candidature de Roberto Maroni (photo), actuel secrétaire de la Ligue et ex ministre de l’Intérieur de Berlusconi, à la présidence de la Lombardie. Et en cas de victoire de la coalition PDL/Ligue du Nord -peu probable puisqu’elle n’est créditée que de 15 à 17% des suffrages contre 14% pour la coalition menée par Mario Monti, et entre 33 et 39% pour la coalition de centre-gauche de Pier Luigi Bersani du Parti

Démocrate (PD)- Silvio Berlusconi ne serait pas candidat à la présidence du Conseil dans le cadre de cette alliance. Si aucun nom n’est officiellement sorti du chapeau, celui d’Angelino Alfano, actuel secrétaire du PDL  semble être le plus probable. L’ex président du Conseil voudrait bien quant à lui devenir ministre de l’économie en cas de victoire de sa coalition.

Une alliance historique entre les deux partis. Ce n’est en effet pas la première fois que le PDL et la Ligue du Nord font jeu commun : le parti séparatiste a fait quelques intrusions dans les gouvernements de Silvio Berlusconi en 2001, puis en 2006, puis en 2008. Par exemple Umberto Bossi a été ministre sans portefeuille pour les réformes institutionnelles et la Devolution -tiens donc, le cheval de bataille de la Lega est précisement le fédéralisme- puis pour les réformes et le fédéralisme -bis- de 2008 à 2011 ; Roberto Maroni a quant à lui été ministre du Travail de 2002 à 2006 et ministre de l’Intérieur de 2008 à 2011.

Alors puisque l’on parle de ces deux là, revenons-en aux débuts : Fondée en 1989 de la belle union des ligues Lombarde et Vénitienne, la Ligue du Nord prône un séparatisme plus ou moins marqué selon les courants et les périodes. Avec la Padanie comme « preuve ». Il s’agit en réalité d’une terre imaginaire… Une zone géographique encerclant la riche plaine du Pô. Une chose est certaine, elle s’est construite sur le slogan « Roma ladrona » (Rome la voleuse). Schématiquement, le Nord de l’Italie est industrialisé, prospère et développé, le sud de l’Italie quant à lui est pauvre, et ses habitants considérés comme des fainéants. Sur cette base, la Ligue développe un concept de fédéralisme fiscal. Les impôts, les grands maux.

 Mais voilà qu’en avril 2012, le scandale éclate : Umberto Bossi démissionnait de ses fonctions de secrétaire général, des personnes de son entourage étant accusées de malversations… La Ligue perdait ainsi son fondateur historique et secrétaire général populiste. La Ligue perdait aussi le Nord. Mais Roberto Maroni a repris la tête du mouvement en juillet dernier. En avant donc pour la coalition grand cru 2013.

Jeu de stratèges pour vieux jeux

Alors pour ces élections là, en décidant de s’allier au Carroccio fédéraliste et populiste, et en revenant en course, le Cavaliere ne souhaite pas tellement remonter sur le trône. Son objectif est simple : être puissant et géner au maximum la coalition de centre-gauche qui semble bien partie pour l’emporter.

Mais selon le politologue italien Roberto D’Alimonte cité dans l’excellente analyse de Pierre de Gasquet publiée dans Les Echos, « le vrai adversaire de Silvio Berlusconi est Mario Monti ». Le journaliste du quotidien poursuit :

« Ce n’est pas le moindre des paradoxes de ces élections italiennes que de voir le grand favori incontesté, le candidat réformiste du Parti démocratique (PD), Pier Luigi Bersani, se retrouver encore relégué au second plan par deux challengers improbables, qui n’ont pratiquement aucune chance de gagner par eux-mêmes. Le tout par la grâce d’un système électoral byzantin unique en Europe. »

Cochonnerie

Alors justement, ce système électoral improbable, c’est celui inventé de toute pièce en 2005 par l’ancien ministre de la Ligue du Nord Roberto Calderoli, un scrutin proportionnel avec primes de majorité, appelé « Porcellum » (cochonnerie). Pour faire simple, ce petit jeu électoral encourage la fragmentation de l’offre et conduit à accroître les risques de désaccords entre les deux chambres. Instabilité donc. Et Silvio Berlusconi compte amplement là-dessus, une fois le centre-gauche élu.

Les sondés disent d’ailleurs qu’ils vont voter pour le favoris (Pier Luigi Bersani, du PD, le centre-gauche) et changent d’avis au dernier moment donc attention aux sondages. Quant à Mario Monti, pas de chance de le voir gagner si l’on en reste à la « règle » italienne : aucun candidat sortant n’a jamais gagné d’élections depuis le début de la deuxième République en 1993.

Mais alors… Et si Berlusconi l’emportait ?

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