Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Aidez-nous à réunir 300 nouveaux abonné·es avant le 20 mars 2024 !

Soutenez un journalisme de terrain qui se fait avec vous. Aidez-nous à réunir 300 nouveaux abonné⋅es avant le 20 mars 2024.

20/03/2024 date de fin
1 046 abonné⋅es sur 1 300

Cinéma : le court, mort ou vif

Pour sa 33è édition, l’excellent festival du Film court de Villeurbanne va faire, contre vents et marées, le panorama d’un genre en perpétuelle mutation et en pleine expansion. Avec déjà un gros coup de cœur dans sa compétition : « American Football ».

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


American football, de Morgan Simon

L’an dernier, c’était le big bang du passage au numérique qui avait bousculé le festival du Film court de Villeurbanne. Il avait donc assisté à un déluge de films pour sa présélection, sans pour autant voir la qualité moyenne augmenter — au contraire, foi de Laurent Hugues, vaillant directeur et membre du comité de sélection.

On pouvait penser que cette révolution (solaire) passée, le festival allait retrouver son rythme de croisière et profiter de l’aubaine nouvelle née d’une technologie qui a quand même beaucoup d’avantages (à commencer par une plus simple « circulation » des copies, et une facilité pour sous-titrer les œuvres non francophones). Patatras ! Voilà qu’à l’âge du Christ au tombeau, la manifestation, comme beaucoup d’autres festivals de cinéma rhodaniens, se retrouve amputée de sa subvention allouée par le Conseil Général.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour Villeurbanne, mais plutôt que de jouer les veuves siciliennes, le festival a décidé d’aller de l’avant en fusionnant une fois pour toutes ses deux compétitions, francophones et européennes, donnant naissance à six programmes mélangeant les films indifféremment de leur provenance géographique.

Enfin, pour faire un pied de nez aux oiseaux de mauvais augures, il consacrera sa Longue nuit du film court à l’Apocalypse, réunissant avec un œcuménisme qui l’honore deux associations clés pour la défense d’un cinéma différent, AOA production et Zonebis.

Virtuellement dominateur

Si cette 33e édition ne sera sans doute pas la dernière avant la fin du monde, elle marquera sans doute un pas supplémentaire dans la métamorphose d’un genre dont l’unité, désormais, est clairement à interroger. Depuis cinq ans, la compétition numérique, devenue « Images virtuelles », a pris de l’ampleur mais surtout, les films qui y sont présentés taillent de méchantes croupières à ceux de la compétition « phare » (en termes d’exposition et de dotation, s’entend).

Plus courts, plus inventifs, plus expérimentaux, plus audacieux, ils représentent pourtant une réalité elle aussi hétéroclite, mélangeant films d’écoles (du côté de Valenciennes, qui fait la loi depuis quelques années en la matière, même si Montpellier est en train de la rattraper discrètement) et projets personnels, alternant animation traditionnelle et techniques révolutionnaires.

Au cœur de ce mouvement, le distributeur Autour de minuit et sa tête chercheuse Nicolas Schmerkin, qui fournissaient déjà les courts les plus novateurs avant qu’il ait eu le flair de s’engager sur le génial Logorama, ce qui l’a conduit jusqu’aux oscars hollywoodiens. Cette année à Villeurbanne, plus d’un film sur deux dans cette compétition sera estampillé Autour de minuit ; cela pose une domination, mais c’est aussi un sacré gage de qualité.

Images HD Corps solidaires

Un garçon, une fille, plein de possibilités

Autre fait notable, alors que les courts régionaux se contentaient les années précédentes de servir de vitrine lors de la soirée d’ouverture, les voilà qui débordent désormais dans la compétition. C’est le cas des Chiens verts des frères Rifkiss et du formidable American football de Morgan Simon, tellement emballant que l’on a décidé d’aller en causer avec ce jeune cinéaste extrêmement prometteur.

American football montre que sur un schéma mille fois arpenté, des auteurs peuvent sortir des sentiers battus par la seule force de leur regard sur leurs personnages, sur leur époque et sur le cinéma. Un garçon rencontre une fille, ils s’attirent, se repoussent puis tombent amoureux ; comme un jeune peintre qui partirait des fondamentaux (le nu, le paysage) et tenterait d’y greffer sa propre sensibilité, le bon réalisateur de court en France est celui qui sait mettre l’originalité là où il faut, sans en barbouiller la totalité du tableau.

De ce que nous avons vu du reste de la compétition, ce n’est pas toujours le cas, malheureusement. Les références sont parfois écrasantes dans ces films (Bilge Ceylan ici, Bresson là, Rohmer au fond à gauche) et les écueils sont connus (des acteurs pas toujours bien dirigés, des intentions souvent trop en avant, des choix de mise en scène un brin dogmatiques).

Mais un festival comme Villeurbanne sert aussi à ça : non pas à montrer des films parfaits (il y en a toujours quelques-uns, cependant), mais à faire un état du genre, aussi varié et honnête que possible, avec son lot de révélations et de déceptions. À suivre, donc, et la formule est plus que jamais légitime !

Par Christophe Chabert sur petit-bulletin.fr.

Aller plus loin

L’interview de Morgan Simon, réalisateur d’American football

Tous les films du festival du Film court de Villeurbanne, au Zola, du 16 au 25 novembre

Et si le prochain article que vous lisiez existait grâce à vous ?

Depuis 12 ans, à Rue89Lyon nous portons un journalisme de terrain qui se fait au plus proche de vous, de vos préoccupations et de votre vie. Aujourd’hui nous voulons faire plus. À l’heure de la défiance grandissante des citoyen·nes envers les médias, on veut vous impliquer dans la fabrique de l’information.

Nos enquêtes, ce sont vos histoires, vos combats et vos luttes. Mais aujourd’hui nous voulons vous donner encore plus de place dans la fabrique de l’info.

Engagez vous avec nous. Venez contribuer à faire le Rue89Lyon de demain.


#Culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

#Culture#Morgan Simon#Villeurbanne
Partager
Plus d'options