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Que du Bond

Vue de mon canapé

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, une nouvelle est tombée qui n’a fait de bruit que dans le milieu des fans de James Bond : Daniel Craig vient de signer pour tourner deux autres épisodes de la fameuse saga, après celui qui sort le mois prochain, Skyfall, réalisé par Sam Mendes. Bien sûr, cela ne fera pas sauter la blogosphère, ni la tweetosphère, ni toutes les sphères du monde, mais nous voilà néanmoins rassurés. D’abord, le rythme d’un Bond tous les deux ans, qui a longtemps été le rythme habituel des sorties de 007, devrait être repris, ce qui nous prépare à de futures sorties en 2014 et 2016 (rappelons que le dernier film remonte à 2008). Ensuite, que celui qui incarne si bien le renouveau de la série soit assez motivé pour en reprendre pour 4 ans ne devrait pas laisser insensibles toutes celles qui l’ont vu sortir de l’eau dans Casino Royale (Martin Campbell, 2006) avec son petit maillot de bain moule poutre et ses épaules de déménageur.

La nouvelle approche du personnage, ce reboot de la saga qui nous a fait revenir, avec Casino Royale, au début de la carrière de Bond fraichement promu 007 (donc autorisé à tuer), a immédiatement séduit le public et la critique, d’où un énorme carton au box office. Si Pierce Brosnan avait été chaleureusement accueilli en 1995 lorsqu’il succéda à Timothy Dalton, sa dernière mission dans le smoking de Bond, Meurs un autre jour (Lee Tamahori, 2002) s’était résumée à une énorme pantalonnade pyrotechnique truffée d’allusions aux précédents épisodes, car le film marquait le quarantième anniversaire de la série et qu’il fallait que ça pète. Mais dans l’impossibilité d’aller plus loin, de surpasser cet opus délirant, les producteurs (Barbara Broccoli, fille du légendaire Cubby Broccolli, créateur de la série avec Harry Saltzman en 1962, et Michael G. Wilson, beau-fils du même Cubby), décidèrent de remettre de l’ordre dans les studios anglais de Pinewood où sont tournés les Bonds et de réinventer la saga. Exit Brosnan, un Roger Moore plus affûté, welcome Daniel Craig, brute polymusclée pas très loquace, lâchée dans le monde de l’espionnage sans le moindre gadget, fougueux débutant en froid avec sa hiérarchie (« M », formidable Judi Dench). Un Bond écorché mais qui finit néanmoins par l’emporter, le coeur brisé par une Vesper Lynd / Eva Green à cent lieues des Bond girls irréelles qui ont croisé la route de l’agent secret depuis James Bond contre Dr. No (Terence Young, 1962).

Bref, le monde attend de voir comment Craig va faire évoluer 007. Dans Quantum of Solace (Marc Forster, 2008), suite directe de Casino Royale, notre agent poursuivait son apprentissage et finissait par comprendre qu’il valait mieux interroger les suspects avant de les descendre. Hélas, le film faisait surtout la part belle aux scènes d’actions, gâchées de surcroit par un montage frénétique à la Jason Bourne, et Craig ne fit qu’effleurer le personnage quand il ne détruisait pas des Aston Martin DBS à 250 000 euros. Mais l’on retrouvait néanmoins cet agent un rien tourmenté, plus fidèle au 007 instable et dangereux décrit dans les romans de Ian Fleming, tel qu’il n’avait jamais été incarné, pas même par un Sean Connery pourtant maître étalon en matière d’incarnation Bondienne. Au passage, rien n’est plus futile et incongru que de comparer les Bonds entre eux. Le monde a changé durant ces cinquante dernières années, les hommes, les femmes, les modes, les styles, la technique, le marketing, les façons de jouer, de réaliser et de produire et enfin, non des moindres, le public. Pour ceux qui ont découvert James Bond pendant le règne de Roger Moore, Sean Connery n’était qu’un imposteur, tout juste un camionneur écossais déguisé en espion. Pour ceux qui ont pris le train en marche à l’époque de Brosnan, Connery et Moore faisaient figure de dinosaures endimanchés. Bref, à chaque génération son 007 et toute comparaison semble bien anecdotique.

Il y a cependant, chez les observateurs les plus assidus (dingues ?) de la série, une théorie nommée théorie du « Troisième Bond » qui voudrait que le troisième film d’un acteur dans le rôle de 007 soit son meilleur. C’est valable pour Connery qui a certainement livré sa meilleure prestation dans Goldfinger (Guy Hamilton, 1964) et pour Moore qui n’a jamais été aussi bon que dans L’espion qui m’aimait (Lewis Gilbert, 1977). En faisant preuve de tolérance, on peut aussi considérer que le troisième Bond de Brosnan, Le monde ne suffit pas (Michael Apted, 1999) est le meilleur des quatre dans lesquels il est apparu. George Lazenby, un seul mais excellent épisode (Au service secret de Sa Majesté, Peter Hunt, 1969) et Timothy Dalton, deux participations (Tuer n’est pas jouer, 1987 et Permis de tuer,1989, deux films de John Glen) sont hors concours, mais force est de constater que la bande annonce de Skyfall, vingt-troisième épisode dont la sortie est prévue pour le 26 octobre, est particulièrement alléchante et pourrait annoncer une troisième et formidable interprétation de Daniel Craig.

Aujourd’hui, Craig parait être le meilleur des Bond (c’est la question que se pose le magazine GQ ce mois-ci) car il est le comédien idéal pour incarner ce nouvel agent que les producteurs ont imaginé, plus dur que ses prédécesseurs mais aussi plus fragile, plus dense et plus crédible. Après deux films, un troisième sur le point de sortir et deux autres encore à venir, Craig marquera de son empreinte musclée l’histoire de la série et l’on ne peut que se réjouir de fêter avec lui le cinquantième anniversaire de 007 au cinéma.


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