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Centrifugeuse de visionnage, épisode 5

Pas de répit, jamais.

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Expendables 2 de Simon West

Sans aucun doute, LA comédie de l’été. Tous les bouts du gras du premier volet ont été dégommés à la sulfateuse industrielle, l’ambiance est au second degré franc, brutal et massif. Loin de se replier derrière ce parti pris à l’apparente facilité, cette suite multiplie les clins d’œil hilarants et les mises en abyme plus culottées qu’il n’y paraît, et joue avec une habileté inattendue sur le grotesque des situations. Jet Li qui se barre après la première scène d’action ? Superbement absurde. Les arrivées de Chuck Norris ? Grandioses. Dolph Lundgren qui se la pète avec son diplôme d’ingénierie chimique ? A se tordre. Randy Couture qui demande du café ? Magnifique. Van Damme qui s’appelle Jean Villain ? Oui, oui et encore oui – à quand un personnage d’indic nommé Balance ? Bien sûr, il vaut mieux avoir grandi dans les années 80 pour apprécier pleinement cet implacable produit méta, mais dans tous les cas, Expendables 2 n’est jamais ce chant du cygne redouté de vieilles gloires sur le retour dont les corps n’auraient plus rien à dire.

Jism 2 de Pooja Bhatt

Le jour où j’ai acheté le DVD du premier Jism à mon refourgueur Bollywood préféré (l’épicier Rajah Bazar, si vous voulez tout savoir), quelque chose s’est brisé entre nous. J’avais gagné sa confiance au fil du temps avec des commandes de plus en plus spécialisées, des derniers blockbusters aux polars virils des années 70. Nous étions devenus complices au point de deviser à bâtons rompus sur la carrière d’Amitabh Bachchan, ou sur les mérites de telle ou tel chorégraphe. Jusqu’au jour où je lui réclamais Jism, thriller apparemment sulfureux porté par l’indécrottable playboy Jon Abraham. En fait, c’est un peu comme si j’avais débarqué tout guilleret dans un vidéoclub pour demander le dernier Rocco Siffredi à la cantonade. Il me tendit l’objet de l’infamie avec dédain, répétant plusieurs fois « saleté, ça, pas bien ». Alors oui, il y avait de la chair dénudée, des jeux coquins dans les vagues ou avec des glaçons, mais ça s’arrêtait là. C’était même moins olé-olé que Murder, l’invraisemblable remake masala d’Infidèle d’Adrian Lyne… Trop tard : mon dealer de Bollywood ne me le pardonnerait jamais. Neuf ans plus tard, histoire que je m’embrouille encore plus avec les tauliers du Rajah Bazar, Pooja Bhatt, productrice de Jism, se met en tête de tourner un second volet. L’objet du scandale vient cette fois-ci de l’actrice principale, Sunny Leone, porn star reconvertie aux joies du thriller semi-érotique et mélodramatique. Elle campe Izna, une porn star (même si ça ne sert absolument à rien d’autre qu’à faire avaler qu’elle puisse s’offrir au premier flic venu) contactée par les services secrets pour renouer avec son ancien amant, Kabir, un assassin présumé, sosie troublant de Tony Almeida (version maléfique de la saison 7 de 24 heures chrono), et qui se la donne au violoncelle quand il a le blues… Jism 2 n’est pas cet insupportable brûlot que les fanatiques religieux indiens tentent actuellement de censurer. Le seul parfum de soufre qui s’en dégage vient à la limite du décolleté permanent de señora Leone (la poitrine gonflée par le désir de vivre), d’une scène en sous-vêtements, d’une autre de massage huileux, ou de quelques baisers mouillés-mouillés. Sinon, nous avons affaire à un mélodrame adorablement bancal, aux chansons vraiment pas terribles, où l’unique audace de la mise en scène est un emprunt à l’ultime scène d’Irréversible. Pas de quoi brûler des cinémas, de terroriser des spectateurs, ou même de fouetter un chat avec un string.

Hamlet 2 d’Andrew Fleming

Un acteur terriblement raté, fauché et aux intolérables maniérismes british (le merveilleux Steve Coogan), écrit la suite du chef-d’œuvre de William Shakespeare pour le cours de théâtre lycéen qui lui assure ses derniers subsides. Sur l’arc narratif classique du loser en pleine rédemption, Andrew Fleming n’évite pas toujours l’ennui ou les répétitions faciles. Le climax du film – la représentation de la fameuse pièce – rachète toutes les (petites) errances précédentes. Une ode spectaculaire à la démocratisation culturelle, contre le puritanisme, contre les hiérarchisations artistiques et les a priori de toutes sortes. Un feel good movie qui donne encore plus le sourire qu’Expendables 2, ce qui n’est pas peu dire.

Aux yeux de tous de Cédric Jimenez

Sorti dans la foulée de l’affaire Merah, ce thriller Anonymous-friendly, autour d’un attentat terroriste perpétré peu de temps avant une élection présidentielle, avait au mieux vaguement intrigué, au pire froissé les tenants de la “bonne morale républicaine“. C’est dommage. Pour une fois qu’un thriller politique français tient la distance, surfe sur les platebandes de Jack Bauer et fait avaler d’énormes couleuvres scénaristiques grâce au renouvellement et à l’ingéniosité de sa mise en scène, il serait dommage de bouder son plaisir. Sans beaucoup de thune mais avec beaucoup d’idées, un miracle cinématographique est vite arrivé. Cédric Jimenez, soit loué.

La cabane dans les bois de Drew Goddard

Plaisir, toujours. Quel pied, mais quel pied de retrouver Bradley Whitford, disparu des radars depuis la fin de The West Wing / A la Maison Blanche. Bradley Whitford, sa perpétuelle moue renfrognée, son irrésistible air de dominer la mêlée alors qu’il patauge dans la semoule. Bradley Whitford, l’homme qui dit sans doute « Oh, COME ON » le mieux au monde. Bradley Whitford, ou l’incarnation physique parfaite de l’expression “pince-sans-rire“. Bradley, même à la merci d’une créature en latex, tu es grand et beau.

Revenge de Tony Scott

Les ayatollahs en guerre contre Jism 2 devraient revoir ce VRAI thriller érotique, transition entre le clippeur doué des années 80 et le Tony Scott des 90’s, qu’on a appris à aimer souvent passionnément. Grâce au director’s cut sorti en 2007, on peut voir à quel point Kevin Costner et Madeleine Stowe, libres de procéder à leur guise sur les recommandations du metteur en scène, se la sont donnés sévères pour les scènes de sexe. C’en est même hallucinant de crudité, puis de sauvagerie quand ce bon vieux Anthony Quinn pète les plombs.


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