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Halle de la Martinière : la mairie a choisi son repreneur, Saveurs du coin

Les jeux sont faits. Ou presque. Deux candidatures ont été sélectionnées pour reprendre la halle commerçante de la Martinière, mais un récent courrier de la mairie confirme que des négociations sont bel et bien en cours avec le projet de Saveurs du coin, le favori. Celui de Halle’Mart, porté par un collectif de 60 habitants du quartier, devrait rester sur la touche.

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Halle Martinière

Crédit : Julie Langlois

Après la décision de Gérard Collomb d’écarter le groupe Casino, et une attente de plusieurs mois, la halle commerçante de la Martinière (dans le 1er arrondissement) a finalement trouvé son repreneur, choisi entre deux derniers candidats. Le temps est à la négociation et tant que le contrat n’est pas signé définitivement, la mairie ne confirme pas officiellement. « Mais c’est déjà joué, ça l’est depuis longtemps de toute façon », regrette Jean-Baptiste Cubaud, habitant du quartier et président de l’association écartée Halle Mart’, montée dans un esprit « circuit court et développement durable », par les deux commerçants encore en place dans la Halle, plusieurs soutiens locaux et quelques dizaines d’habitants du quartier.

Le collectif a en effet reçu fin mars un courrier de l’adjointe chargée de la préservation du patrimoine lui annonçant que le projet Halle Mart’ est classé « 2è sur 2 ». Autrement dit, qu’il a perdu face à son adversaire. Mais que, « dans le cas où l’élaboration du bail emphytéotique administratif avec le candidat classé n° 1 s’avérait infructueuse, (les) services reprendraient contact » avec lui. « C’est donc plié », résume Jean-Baptiste Cubaud.

 

Cliquer pour accéder à courrier-VdL-12-03-29-HalleMart.pdf

 

Depuis le conseil municipal du lundi 7 février 2012, le bâtiment rue de la Martinière, inauguré en 1838, a été déclassé du domaine public. L’aboutissement d’un processus politique : la mairie ne renouvelle plus les concessions des commerçants de la halle depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, il ne reste plus que deux échoppes : celle du primeur Mouloud Messad et celle de son employée Sophie Martinez, qui gère la fromagerie. « Chaque fois dans ce type de situation, c’est la mobilisation des commerçants qui a pu faire changer la décision politique. Mais là, c’était dur de se mobiliser à deux… » constate lucidement la jeune femme. La fermeture théorique de la halle était prévue pour le 1er mars dernier mais depuis cette date, les deux commerçants continuent leur activité dans la Halle.

 

Saveurs du coin VS Halle’Mart

En mai 2011, des habitants et des commerçants du quartier fondent l’association Halle’Mart. Le but du collectif : monter un projet capable de s’imposer face au groupe Casino. Mission accomplie : Gérard Collomb écarte le groupe du plan de reprise. Le maire de Lyon avait promis de mettre en avant les circuits courts et les partenariats durables.

Restent donc deux candidats en lice : Halle’Mart et l’association Saveurs du coin, désormais officiellement favorite. Un favori qui n’a toutefois pas souhaité répondre à nos questions ni détailler son projet. « Nous préférons attendre la réponse officielle » explique le service communication.

Reste donc à visiter le site. Sur lequel on apprend que l’association de producteurs a déjà des stands dans les supermarchés Auchan de Caluire et Dardilly, et une boutique à Bron. Et que les producteurs « ne sont pas tous en agriculture biologique » mais qu’ils s’engagent à tenir un cahier des charges pour une agriculture « raisonnée » et locale. Donc un concept assez adaptable.

En face, Halle’Mart a joué la stratégie de la transparence. Le projet est affiché dans le bâtiment historique depuis plusieurs mois ; il a été présenté à la mairie le 2 février dernier. Avec l’appui des élus écologistes lors d’un conseil municipal de mars.
Jean-Baptiste Cubaud, lance : « On est assez en colère. La moindre des choses aurait été d’accompagner une activité qui tournait ». Les deux commerces restants assurent n’avoir jamais eu aucun souci de clientèle.

Face à Saveurs du coin, l’une des marques qui différencie le projet Halle’Mart est la place donnée aux consommateurs, à l’initiative du projet. La constitution en SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) permet de « marquer l’attachement au service public et intégrer la ville dans le processus », souligne Jean-Baptiste Cubaud. Deuxième différence : le volet social. Adrien Lasserre, coordinateur du projet, explique le travail de réflexion mené avec les associations du quartier : « On a prévu un espace de 20m² dédié à l’animation. Comme il faut que ça parle à tous, il y aura des évènements festifs, des ateliers pour enfants, des cours de cuisine à base de produits des halles…». Les lieux devaient rester ouverts jusqu’à 22 heures, avec bar et resto.

 

Fin du suspens

L’étude de ce projet, financée par le Fond social Européen, a également fait naître plusieurs idées « pédagogiques ». Comme le panier de produits sélectionnés par les consommateurs, qui suivent l’évolution des prix au fil des mois. Ou encore les étiquettes avec un label « en étoile » qui permet de savoir si le produit est plus ou moins bio, équitable, local…

« Le but, c’est de montrer que chacun est responsable de ses choix. On ne veut pas forcément vendre du bio, même si 60% des produits le seront». Sophie Martinez et Mouloud Messad ont intégré le projet. Les autres producteurs ont été sélectionnés dans un rayon de 60 kilomètres maximum autour de Lyon, pour faire de la vente directe.

Ceux qui laissent entendre que le choix de la mairie est déjà fait parlent du budget insuffisant de Hall’Mart par rapport au million exigé pour la rénovation des halles. L’association dément. « Nous en sommes à 1,5 millions mobilisables. Nous n’avons pas eu de mal à boucler notre budget, ni à trouver de banques. Les habitants nous soutiennent aussi, on l’a vu lors des réunions publiques». En quinze jours, l’association a recueilli 55 000 euros d’engagements.

« Saveurs du coin fait 2,2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, c’est sûr que l’argument économique était en leur faveur », estime Jean-Baptiste Cubaud.

 

Aucune indication officielle n’a été donnée sur le jour des résultats et la date de fermeture est perçue comme « théorique ». En attendant, Sophie la fromagère n’est pas prête à quitter les lieux. « Avec la mairie, on joue au chat et à la souris » s’amuse-t-elle. Le mois dernier, un salarié de la Deca (la délégation économique du commerce et de l’artisanat) « plutôt gentil » est venu constater qu’elle occupait encore les lieux, rien de plus.

« On ne laissera pas le bâtiment vacant. Quel que soit le choix, on le respectera, on ne cherche pas à gêner. Mais en attendant, on estime qu’on peut mener notre activité ».

 

La décision définitive d’intégrer Saveurs du coin dans la halle devrait être prise à l’issue d’un des conseils municipaux de juin.

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