Cette seule formulation nous a laissé sans voix, convoquant l’air de rien cette image navrante de femme raisonnable, sobre, prudente, parce que certainement mère et gardienne de famille. Le texte que les femmes sont appelées à signer a été commis par Marie Desplechin, écrivaine qui a notamment fait parler d’elle avec une enquête menée dans le milieu sans pitié des classes préparatoires.
Cette fois la commande ministérielle lui a fait pondre un poussif message « d’amour » -ce n’est pas nous qui le disons mais le communiqué de presse de la préfecture du Rhône qui parle d’ « une déclaration d’amour aux hommes et un appel à l’action de la part de toutes les femmes ». En voici le contenu :
« 75 % des morts sur la route sont des hommes. Des hommes que nous connaissons, des hommes que nous aimons. Un mari, un compagnon, un fils, un père, un ami. La vitesse ne leur fait pas peur. La fatigue non plus. Et ce ne sont pas quelques verres au milieu du repas qui les empêchent de prendre la voiture. Ils conduisent bien. Ils maîtrisent. Ils le disent. D’ailleurs, ils n’ont jamais eu d’accident. Et c’est vrai.
Jusqu’au jour où. Dans l’entourage d’un homme qui prend le volant, ou les clés de la moto, il y a souvent une femme. Vous, moi, une femme qui peut dire : non. Je ne monte pas dans cette voiture. Je descends au prochain feu. Roule moins vite. Vraiment moins vite. Tu es dangereux. Passe-moi les clés. Mais cette femme se tait. Elle laisse faire. Par tendresse, par lassitude. Par habitude. »
Non-animés par notre seule mauvaise foi, nous signalons que le projet de sensibiliser un maximum de personnes au danger de laisser partir une personne ivre, au volant de sa voiture, est tout à fait honorable. Mais coincer la femme dans cette image d’Epinal est une idée aussi ringarde que vaine, dont l’intérêt en termes de sécurité routière semble tout relatif.
La campagne met le paquet en affichant sous son manifeste une première liste de signataires. On y compte une flopée de chanteuses, actrices, animatrices télé, parmi lesquelles Helena Noguerra, Zabou Breitman, Mireille Dumas, Axelle Laffond, Sandrine Quétier, Elisa Tovati, Isabelle Giordano. Une brochette clinquante censée inciter toutes les femmes un peu concernées à signer le manifeste, au stand qui sera posté sur la place de la République tout ce samedi après-midi.
Monsieur, grand enfant qu’il est, doit donc s’assagir face aux mots d’amour et aux supplications de la femme qui ne manquera pas de se trouver dans un environnement globalement mixte (les autres mecs moins bourrés, on ne vous demande rien). Et ne parlons pas du pouvoir de persuasion de la turlute : mesdames sachez être convaincantes, l’idée c’est quand même de sauver des vies. Marie Desplechin le dit bien :
« Nous pouvons renoncer ensemble au vieux jeu de rôle qui voudrait que les hommes soient conquérants et les femmes accommodantes. Refusons de nous accommoder. Nous ferons la route plus sûre, pour nous, pour eux, les hommes que nous aimons. »

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N'y a t-il pas tout simplement une réalité concrète dans le fait que dans la plupart des couples, quand les deux sont ensemble c'est l'homme qui conduit ? Et qu'effectivement, les femmes y peuvent quelque chose quand "leur mec" va prendre le volant trop fatigué, ou trop émêché ?
N'y a t-il pas une réalité dans le fait que les hommes sont moins responsables que les femmes au volant ?
Vous dites que vous doutez de l'efficacité de la campagne, mais que vaut il mieux, un peu de soi disante "ringardise" (ce qui n'engage guère que vous) ou quelques vies sauvées ?
Et finalement, refuser absolument de donner des rôles, des attributions, des comportements différents à l'homme et à la femme, pour des raisons idéologiques qui fleurent bon la théorie du gender, n'est ce pas un poil dogmatique ?
Les féministes sont les premières à houspiller les dogmes quand il s'agit de critiquer l'avortement ou la contraception - à très très juste titre - mais les dogmes ne sont pas meilleurs dans le sens inverse.
Enfin... ce n'est que mon avis d'homme n'est ce pas ! Homme qui, finalement, ne trouverait pas si ringard que ça, qu'un soir en rentrant de soirée, sa femme lui dise que je ne suis pas plus malin que les autres et que j'ai trop bu pour conduire.
L'égalité, ce n'est pas être identique.
Essayiste, romancière, dramaturge, femme de lettres,... il y a tant de façon d'éviter les néologismes moches (ceux qui riment avec "vaine" par exemple).
>c’est pas nous qui le disons
ce N'est pas nous
>dont l’intérêt en terme de sécurité routière
en termeS
>Maire Desplechin
Marie
Un effort, quoi ! C'est le fond qui compte, pas la forme, OK, mais comment s'intéresser au fond quand la forme écorche les yeux ?
On s'en fout de savoir qui prend le volant bourré, le seul message à faire passer et de faire attention à ses proches, qu'ils soient hommes, femmes, en couple, seul(e)s, vieux ou jeunes...enfin qu'est ce que ça veut dire "prenez soin de vos hommes" ?? Et si on est homo? Et si on est célibataire du coup on a plus de chance de se tuer en voiture??
hum....
L'égalité est impossible quand on cantonne la femme à quelqu'un qui statistiquement prend moins de risque....au secours....vous ne connaissez pas mes copines! ;)
http://2ccr.unblog.fr/2011/05/16/je-suis-pour/