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2012 : Sylvie a quitté la France et votera depuis le Québec

« Parcours d’électeurs » est une série à suivre sur Rue89Lyon, qui devrait nous mener jusqu’aux prochaines élections. Le principe : des portraits d’individus réalisés à travers le prisme de leurs votes passés et de leurs intentions pour 2012. Sylvie a immigré au Québec il y a tout juste un an, avec son compagnon et son fils, en partie pour fuir un climat français « dégradé ». Si elle ne sait pas encore pour qui, elle compte voter depuis Montréal en mai prochain.

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Presidentielle 2012, Rue89lyon, Lyon, politique

Il y a un an tout juste, elle prenait l’avion avec son compagnon, médecin, et leur enfant, direction le Québec. Autrement dit direction le grand froid, pour une fille qui a passé la majeure partie de sa vie en région PACA. Pour expliquer ce départ qui prend l’allure d’une véritable immigration, Sylvie, 44 ans, infirmière, parle d’un contexte politique et social dégradé, d’une atmosphère lourde en France :

« Le fait de notre position familiale (je suis en couple avec un français d’origine maghrébine, un fils issu de cette union), l’état de l économie française, l’absence d’avenir pour les jeunes, le sentiment raciste s’aggravant, nous avons décidé de mettre notre fils à l’abri. »

Son parti pris rappelle celui qu’avait adopté l’écrivaine Marie Ndiaye, alors lauréate du prix Goncourt 2009, qui expliquait que son départ pour Berlin avec son compagnon, également écrivain, et leurs trois enfants, était en partie dû à la France « monstrueuse » de Sarkozy. Sylvie assume ce choix :

« Le fait de partir à l’étranger peut paraître une solution facile. Pour moi, c’est une décision courageuse et surtout éclairée. Partir de son pays est toujours douloureux… »

La première fois qu’elle vote, c’est en 2002. Sur le modèle de son père, chauffeur grutier et seule personne de la famille à aller régulièrement glisser un bulletin de vote, elle mise sur le parti socialiste au premier tour. Résultat : Jacques Chirac se retrouve face à Jean-Marie Le Pen au second tour et elle se sent obligée de voter pour le candidat de l’UMP. Traumatisée, elle décide de ne pas voter en 2007. « Décontenancée » à l’époque, exprimant presque un regret aujourd’hui.

Certaines personnes de son entourage, en France, vont sans doute voter pour la candidate du Front National en mai prochain.

« Ils n’ en peuvent plus, c’est la misère. Lorsqu’il n’y plus de foin dans l’écurie, les chevaux se battent. Ils rentrent le soir chez eux, fatigués, regardent le journal de TF1 qui ne leur parle que « des étrangers », toujours et encore. Ils pensent que Le Pen est la seule qui se préoccupe de l’avenir de la France et des Français. »

Face à cela, Sylvie se dit « triste et découragée ». « En colère », surtout. Notamment contre les partis de gauche qu’elle accuse d’avoir démissionné, en colère contre Hollande pour qui elle aurait aimé voter, « au fond », s’il ne lui avait pas paru si « insignifiant ».

Sylvie sait parfaitement pour qui elle ne votera pas. Si au second tour, seuls les candidats du PS, de l’UMP ou du FN sont en course, elle votera blanc. Hors de question pour elle de céder au « vote utile ». On ne l’y reprendra pas, pas cette fois :

« Les Français auront le président qu’ils méritent. »

En 2007, environ 14 000 Français sur les 60 000 qui vivaient à l’époque sur le territoire québécois ont voté, et la majorité des suffrages sont allés vers Ségolène Royal, candidate socialiste. Sylvie s’interroge toutefois sur la légitimité de sa voix et sur son droit à s’exprimer après son départ de France :

« Peut on voter alors qu’on est immigré, qu’on habite plus son pays, a-t-on le droit de vouloir « imposer » tel ou tel parti ? Moi je pense que oui. Et puis, surtout, j’aimerais bien rentrer chez moi un jour. »

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