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Spartacus : du sein et des jeux

La troisième saison de la série télévisée Spartacus créée par Steven S. DeKnight débute samedi 28 janvier sur la chaine américaine Starz. Diffusée en France sur Orange Cinéchoc puis sur W9, le péplum américain bat des records d’audience pour une chaîne non historique avec une moyenne d’un million de spectateurs par épisode. Le secret de la saga ? Sûrement pas la critique sociale qui émane de la libération d’une bande d’esclaves et de gladiateurs.

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« Panem et circenses » (Du pain et des jeux), raillait Ridley Scott dans son Gladiateur (2000), comme l’avait fait en son temps le poète latin Juvénal, pointant du doigt l’évergétisme romain (voire même hollywoodien), qui consistait pour les notables à donner beaucoup au peuple pour le distraire afin d’acheter un semblant de paix sociale. Dans cette adaptation de Spartacus, on préfère utiliser le concept plutôt que de le condamner. Ici, on préfère séduire le chaland que de l’aider à cogiter. Les miches ont remplacé le pain et pour ce qui est des jeux, leur férocité se mesure en hectolitres d’hémoglobine numérique. Steven S. DeKnight s’inspire d’ailleurs très fortement de l’esthétique sophistiquée et sanguinolente de 300 (2007), de Zack Snyder.

 

Sortir le mythe de la naphtaline

Après une première saison racontant la genèse du héros à travers la mutation d’un guerrier Thrace en farouche gladiateur, une seconde, sorte de spin-off, plaçant l’action avant l’arrivée de ce dernier, les scénaristes nous ramènent là où ils avaient laissé toute la fine équipe de Spartacus : quand les esclaves ont enfin rompu leurs chaines, massacrant leurs geôliers et un peu tout ce qui se trouve à proximité d’épées dans un joyeux bain de sang baroque. Ce qui aurait sans doute bien fait marrer Stanley Kubrick dans son époque Shining (1980), moins dans celle où il réalisa sa propre adaptation de Spartacus (1960), avec son Kirk Douglas tout en fossette dans le rôle titre.

Andy Whitfield, l’acteur incarnant Spartacus dans la série, étant décédé suite à un cancer en 2011, c’est un fort ressemblant Liam McIntyre, sorte d’ersatz beau gosse, mais un brin moins sculptural, qui reprend glaives et flambeau. Car il va falloir résister ou fuir un Empire Romain bien décidé à laver l’affront d’une telle fronde, tandis que Spartacus, lui, désire venger la mort de sa femme, tout en se tapant, romantique, une esclave affranchie.

 

Elle a bon dos la décadence de l’empire romain

 

(Attention, spoiler) Comme on n’attire pas des mouches avec du vinaigre, c’est donc dans un déluge de sang, de poitrines et de décadence que débute cette 3e saison de Spartacus (la seconde pour les puristes). Les effets numériques ont perdu de leur superbe et la disparition d’Andy Whitfield additionnée au départ programmé de l’acteur écossais John Hannah, vu dans Quatre mariages un enterrement (1993), rend le casting moins attrayant.

Les scénaristes, soucieux de maintenir une certaine continuité dans l’équipe, ont, par une incroyable pirouette, permis à Lucy Lawless, la très calculatrice cheftaine de l’école de gladiateur pourtant passées au fil de l’épée à la fin de la première saison, de revenir au générique. La muse de toute une génération de geeks, étant, faut-il le rappeler, l’interprète de Xena la guerrière, dans la série éponyme et, accessoirement, la Miss Nouvelle-Zélande, cuvée 1989. (Fin du spoiler)

Quoiqu’il en soit, malgré toutes ces « bonnes » intentions, la sauce ne prend pas, le sang ne coagule plus. Là où les premiers épisodes semaient le doute sur les intentions des créateurs de la série, alternant violences, sensualité et imagerie gay, il ne reste plus que pornographie et tirades larmoyantes qui feraient sans doute fondre un Marc Levy, mais qui rend le tout cruellement lourdingue. On laissera tout de même sa chance au produit pour les épisodes à venir diffusés, outre-Atlantique, le samedi, pour un programme à ne pas forcément regarder en famille.

 

Spartacus: Vengeance, début des hostilités le 28 janvier 2012 sur Starz.


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