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George Dandin, comédie tragique

« Une peinture ironique, grinçante, violente, et moderne des rapports conjugaux ». C’est ainsi que Jacques Osinski résume son George Dandin, qu’il présente jusqu’à ce week-end à la Maison de la Culture de Grenoble.

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Copyright : Pierre Grobois

S’attaquer à une pièce de Molière n’est jamais chose aisée. Jacques Osinski a brillamment relevé le défi en offrant au public une lecture efficace, épurée, dynamique de George Dandin. Une version novatrice, mais qui conserve l’empreinte de Molière et son va-et-vient constant entre satire sociale, situations burlesques, et tragédie de l’intrigue.

Puisque c’est bien de tragédie dont il est question ici. Un drame cruel, dont George Dandin, paysan riche en quête de reconnaissance sociale est le bouc émissaire. En épousant la volage Angélique de Sotenville, il a aussi reçu un titre, un rang. Mais, le prix qu’il doit payer est beaucoup plus lourd. En obtenant le titre pompeux de Monsieur de la Dandinière, il a sacrifié dans le même temps son autorité, son honneur et son bonheur conjugal puisque sa femme, malheureuse de ce mariage arrangé, fricote avec Clitandre, leur voisin libertin.

Angélique est d’ailleurs la deuxième victime de la pièce. Enchaînée par l’autorité et la bienséance de son rang, elle est « vendue » à ce riche paysan pour renflouer les comptes vides de sa famille, subit ce mariage arrangé, et se retrouve frustrée de ne pas pouvoir vivre sa jeunesse comme elle l’entend.

Avec brio, un cocu pathétique et docile

Au centre d’un décor sobre, étroit et sombre, les acteurs évoluent dans un cadre atemporel, où la prose de Molière et la musique de Lully s’accordent parfaitement à des costumes modernes.

L’acteur principal, Vincent Berger, interpète avec brio l’ambiguïté de la personnalité du paysan. Mari cocu pathétique, peureux et docile qui attendri et gagne le soutien du spectateur, mais qui révèle, au fil des actes, un caractère beaucoup plus sombre. Celui d’un personnage victime de son orgueil, et qui, une fois vaincu, laisse présager qu’il va « se jeter à l’eau la tête la première ».

À travers lui, c’est toute la bourgeoisie fortunée qui est moquée. Rejetée par la noblesse et ses serviteurs, elle est punie pour avoir cherché à s’élever au-dessus de sa condition. À l’image du pauvre paysan, qui, malgré tous ses efforts pour faire éclater la vérité, se heurte toujours à la porte, qu’il ne parvient jamais à ouvrir, de la maison dont il ne réussit pas à devenir le maître.

Jusqu’au samedi 27 octobre à la MC2 Maison de la culture à Grenoble.

Du 7 au 20 novembre au théâtre de la Croix-Rousse, Lyon 4è.

Par Amandine Bourgoin


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