Il est presque minuit, le 7 mars 2010, lorsque David et deux amis sortent d’un bar dans le quartier Saint-Jean (Lyon 5e). Alors qu’ils se dirigent vers le métro, un cri retentit, « Lyon est fasciste ! ». S’ensuit un déluge de coups. David en sortira avec dix jours d’Interruption temporaire de travail (ITT).
L’enseignant n’a pas été frappé par hasard : syndicaliste à la confédération nationale du travail (CNT) et investi dans la lutte pour la protection des sans-abri, son visage est connu des identitaires. David porte rapidement plainte. « Le premier inspecteur s’est vraiment investi et a mené une enquête de terrain qui a permis d’identifier plusieurs suspects », se rappelle-t-il.
Mais David déchante après la confrontation avec plusieurs de ses agresseurs, qu’il affirme avoir reconnu formellement, tout comme ses amis. « La policière qui a pris ma déposition voulait me faire dire que je les avais reconnus car je les connaissais, et que j’étais venu dans le quartier pour chercher la bagarre », retrace-t-il, expliquant avoir plusieurs fois refusé de signer le procès-verbal d’audition. Au terme de l’enquête, l’affaire sera finalement classée sans suite.
Sommaire
- Chapitre 1 : Une centaine d’affaires impliquant l’extrême droite à Lyon depuis 2010
- Chapitre 2 : Une islamophobie impunie
- Chapitre 3 : « Sales arabes » : une agression raciste expédiée
- Chapitre 4 : Groupama Stadium : quand une vidéo accablante est minimisée
- Chapitre 5 : 2022 : une année d’intense activité de l’extrême droite radicale
- Chapitre 6 : Attaque de la Plume noire : des militants fascistes interpellés… puis relâchés
- Chapitre 7 : À Lyon : des enquêteurs avec « en moyenne 400 ou 500 dossiers en simultané »
- Chapitre 8 : La maison des passages : une enquête d’une ampleur inédite
Une enquête inédite sur l’extrême droite lyonnaise
Comment l’extrême droite a-t-elle pu imposer sa violence à Lyon durant plus de 15 ans ? Données inédites, dossiers judiciaires décortiqués, pouvoirs publics et autorités religieuses qui ferment parfois les yeux… Avec cette enquête, Rue89Lyon vous donne toutes les clés pour comprendre l’impunité dont ces militants haineux ont bénéficié. L’aboutissement d’un travail de plusieurs mois pour notre rédaction.
Mais il n’a pas commencé aujourd’hui. Depuis 2011 et au fil des années, Rue89Lyon a documenté la violence de l’extrême droite à Lyon, bien plus qu’aucun autre média local. Ce dossier en cinq volets est le prolongement de ce long travail. Parce que nous estimons qu’enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite. Pour nous soutenir, abonnez-vous, abonnez vos proches ou faites un don !
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