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Métro de Lyon : on connaît le niveau de pollution de l’air dans les stations

Fin septembre, Atmo Rhône Alpes a publié un rapport sur la pollution de l’air dans le métro de Lyon. Des mesures ont été menées dans la quasi totalité des stations et permettent d’avoir une idée plus précise des niveaux de pollution atmosphérique aux particules fines. Mais faute de règlementation, comme pour l’air extérieur, impossible ou presque de les apprécier.

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La station de métro de Vaulx-en-Velin La soie. Crédits Archipel CDCU

C’est la première fois qu’une étude propose des mesures de la pollution de l’air dans autant de stations de métro de Lyon. Des travaux sont en cours depuis plusieurs années mais ils n’avaient jamais porté sur la quasi totalité des stations du métro de Lyon. Alors que dans certaines villes, comme Paris, des mesures étaient disponibles et connues, elles manquaient toujours à Lyon.

Sans grande surprise, le rapport montre que l’air dans les stations du métro de Lyon est bien plus pollué en particules fines qu’en surface. Publié fin septembre, le rapport d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, organisme certifié de contrôle de la qualité de l’air, fait suite à une première étude menée en 2019. Contrairement à la précédente, principalement menée dans la station Saxe-Gambetta, celle-ci concerne toutes les stations de métro de Lyon à l’exception de celles de la ligne C (Hôtel de Ville – Cuire).

Station de métro à Lyon. crédit Romain Chevalier/Rue89Lyon

Vieux Lyon, la station de métro où l’air est le plus pollué

Le rapport présente notamment la concentration de particules fines PM10 (parmi les plus grosses) sur les quais des stations de métro. Les mesures ont été effectuées durant 8 jours au mois de septembre 2020, durant les heures de pointe du matin et du soir et hors week-end. Elles permettent d’établir ce que le l’organisme appelle une hiérarchisation des stations par rapport à leur niveau de concentration de PM 10.

(vous pouvez voir le classement toutes lignes confondues ou filtrer par ligne de métro)

Ce « classement » permet de voir que la station Vieux-Lyon, sur la ligne D du métro, est de loin celle où l’air est le plus pollué. La concentration moyenne de PM10 avoisine les 160 micro-grammes par mètre cube d’air en heures de pointe. Presque deux fois plus que sur les quais de la ligne B à Saxe-Gambetta, pourtant troisième station présentant la plus forte concentration.

Un niveau de concentration qui s’explique selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes par la configuration de la station. Très profonde, le renouvellement de l’air y est plus difficile qu’ailleurs. À l’inverse, par exemple, de la station Vaulx-en-Velin-La Soie, peu enterrée et plus largement aérée qui présente le niveau moyen de concentration le plus faible.

La station de métro de Vaulx-en-Velin La soie. Crédits Archipel CDCU

La ligne B du métro plus polluée que les autres ?

Le détail par lignes de métro montre des niveaux de concentration relativement proches. On note toutefois des niveaux moyens de PM10 plus importants dans les stations de la ligne B.

Atmo indique que :

« Les moyennes «15 min» enregistrées sont donc fortement liées à la fréquentation de la station, à la période de la journée(heures de pointe le matin de 7h à 9h et en fin de journée de 17h à 19h)et au nombre de rames en circulation »

Une situation qui colle plutôt bien à la ligne B. Elle compte moins de stations que les autres lignes du réseau et une bonne moitié sont très fréquentées : Charpennes, Part-Dieu, Saxe-Gambetta, Gare d’Oullins ou encore Place Jean Jaurès aux heures de pointe.

Une pollution de l’air marquée par des particules de fer

Quelles sont les sources de pollution de l’air dans les stations de métro ? Suite à son enquête de hiérarchisation des stations, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, a approfondi les mesures dans trois stations du réseau : Vieux-Lyon, Saxe Gambetta et Foch.

Il ainsi relevé que beaucoup de particules provenaient de métaux lourds. Dans les trois stations investiguées, 70 à 80% des particules de métaux lourds sont des particules de fer puis viennent celles de zinc, cuivre et manganèse.

D’où proviennent ces particules ? Essentiellement du système de freinage des rames engendrant des frictions roues-frein ou avec les rails. Pour les autres particules de métaux lourds retrouvées, l’organisme indique qu’elles pourraient provenir de la pollution de l’air en surface qui s’engouffre dans les stations. Dans la Métropole de Lyon l’air extérieur est fréquemment pollué. En octobre 2019, la Cour de justice de l’Union Européenne avait d’ailleurs condamné la France pour une pollution atmosphérique (au dioxyde d’azote particulièrement) trop fréquente ces dix dernières années dans douze villes du pays dont Lyon.

Ces analyses sur un temps plus long dans ces trois stations ont permis de confirmer les niveaux moyens constatés dans l’étude de « hiérarchisation » des stations. Elles ont également permis de mesure encore plus finement les particules fines. Ainsi, dans ces trois stations les particules PM 2,5 (plus fines encore) représentent 50% du niveau des PM 10.

Les niveaux de pollution de l’air dans le métro de Lyon sont-ils inquiétants ?

C’est pour l’heure la principale et importante limite de l’étude sur la pollution de l’air dans le métro de Lyon. On ne sait pas.

Comme le rappelle Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, il n’existe pas de règlementation en matière de qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines. Alors même que la qualité de l’air extérieur est encadrée par des normes nationales ou européennes. Des normes qui permettent notamment de fixer des seuils d’information ou d’alerte et de mettre en place des mesures de restriction de la circulation automobile notamment lors de pics de pollution.

En matière de qualité de l’air souterrain l’organisme indique que :

« Seules des valeurs de référence pour les particules PM10 et destinées aux usagers des transports, ont été définies par le CSHPF (Conseil Supérieur d’Hygiène Public de France) lors de plusieurs avis sur le sujet entre 2000 et 2001. Ces valeurs sont déterminées pour une année en fonction des durées quotidiennes de séjour dans les EFS et dépendent aussi de la concentration extérieure (sur une année complète). »

Ces valeurs de référence pour la concentration de PM10 en 2020 sont les suivantes :

  • pour un temps de trajet de 1 heure : 395 μg/m3
  • pour un temps de trajet de 30 minutes : 755 @g/m3.

Ces valeurs ne sont qu’indicatives et surtout jugées « obsolètes et actuellement en cours de révision » précise Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Autrement dit, on a pris les relevés mais on n’a pas de grille de lecture.

Au regard de ces valeurs de référence, l’air dans les stations de métro de Lyon serait donc plutôt bon. La station où l’air est le plus mauvais, Vieux Lyon (162 μg/m3 en moyenne), se situe loin de ces seuils de référence. Atmo Rhône-Alpes indique toutefois que quatre dépassements du seuil de 395 μg/m3 ont été mesurés en 2020 dans la station Saxe Gambetta.

Des mesures à consolider en 2021

Ces seuils n’ont rien à voir avec ceux en vigueur pour l’air extérieur. En surface, le seuil d’alerte est ainsi fixé à 50 μg/m3 pour les particules fines PM10. Mais ils ne peuvent être pris comme autre point de comparaison. Le temps passé dans le métro ou d’autres transports souterrains n’a rien à voir avec celui passé en surface. Et les environnements sont totalement différents.

Enfin, la dernière limite réside dans l’évolution dans le temps. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes note une amélioration de la qualité de l’air à Saxe-Gambetta (sur la ligne B) avec une baisse des niveaux moyens de PM10 entre 2019 et 20202. Or, comme il le rappelle, les mesures de 2019 n’avaient porté que sur quelques semaines alors que les mesures en 2020 concernent l’année entière. Là aussi, difficile d’obtenir un référentiel et un point de comparaison totalement opérants.

2021 pourrait donc permettre des premières évolutions consolidées dans les mesures de la qualité de l’air du métro de Lyon.


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