La tectonique des plaques s’est enfin calmée au conseil municipal de Lyon. Le début de la campagne des municipales semble avoir stabilisé les groupes politiques, qui avaient vécu départs et recompositions lors des derniers rendez-vous de l’assemblée municipale.
Cette fois, les élus ont été plus précautionneux sur l’usage du conseil municipal comme porte-voix de la campagne, mais celle-ci s’est tout de même invitée au fil des interventions. Les écologistes et le maire (LR) du 2e arrondissement Pierre Oliver, soutien de Jean-Michel Aulas, se sont mutuellement accusé de « fake news ».
L’adjoint au Patrimoine, Sylvain Godinot, est même allé jusqu’à traiter l’ex-président de l’OL de « serial menteur » pour ses nombreuses attaques imprécises, voire erronées envers les Écologistes depuis début 2025.
Un débat d’orientation budgétaire à nouveau marqué par la politique austéritaire de l’État
C’est donc dans ce contexte tendu que se sont tenus les débats autour de la situation budgétaire de la Ville. « La partie sur les collectivités locales du projet de loi de finance n’a pas encore été examinée à l’Assemblée nationale », s’est fendue Audrey Hénocque, première adjointe aux Finances, avant de lancer le débat d’orientation budgétaire. La majorité écologiste a donc produit un budget hypothétique pour 2026, avec environ un milliard de dépenses, prenant en compte les directives austéritaires de l’État.
Les Écologistes ont tablé sur un effort demandé par l’État à la hauteur d’une dizaine de millions d’euros, similaire à celui de 2025, notamment via le DILICO (Dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités) que la Ville estime à 5 millions d’euros, et via l’augmentation des cotisations retraite des agents.
« Mais le DILICO pourrait s’élever jusqu’à 15 millions d’euros », s’inquiète Audrey Hénocque. Ce qui pourrait diminuer d’autant plus la capacité d’épargne de la Ville, les Écologistes ne souhaitant pas raboter sur leurs investissements ou les dépenses de fonctionnement.
Les oppositions de droite et du centre ont regretté l’augmentation des frais liés à la masse salariale (+6%). « Cette augmentation n’est pas illégitime, mais a été aggravée par des embauches imprudentes au cours du mandat », a alerté Béatrice Gaillout, du groupe Progressistes et Républicains, en demandant un « audit financier » sur les recrutements.
« Cette augmentation s’explique par un effet d’inflation, la poursuite du pacte social pour améliorer la rémunération des agents, mais aussi l’organisation des élections en 2026 qui occasionneront 1,1 million d’euros de dépense en masse salariale », a détaillé Audrey Hénocque.
Égalité homme-femme : derniers bilans avant la fin du mandat
En parallèle, les élus ont pu évaluer l’efficacité du « budget sensible au genre » voulu par la municipalité écologiste depuis 2021. Visant à réduire les inégalités qui touchent les femmes, avec plusieurs axes : éducation, formation, budgets fléchés, emploi, lutte contre les violences sexistes et sexuelles. À cette occasion, Rue89Lyon s’est penché sur quelques indicateurs du rapport pour l’égalité homme-femme présenté lors du conseil.
En 2024, la ville de Lyon a obtenu un score global de 86/100 pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Sur l’écart de rémunération, le bilan est en demi-teinte, car il n’a que légèrement diminué entre 2020 et 2024 (-0,4%), pour arriver à 9,6%. « Cet écart est structurel, parce que lié à des différences de position des femmes et des hommes (…). Il ne traduit pas une différence de rémunération entre des femmes et des hommes en situation comparable », nuance la Ville.
L’adjoint aux Services publics, Laurent Bosetti, s’est notamment arrêté sur trois congés créés dans l’objectif de réduire les inégalités : le congé pour règles douloureuses, le congé pour interruption de grossesse et le congé parental rallongé pour le deuxième parent.
« En 2024, il y avait le fantasme de dire que le service public allait s’effondrer, car il y aurait des abus. On se rend compte que seulement 77 agentes sur 5000 ont sollicité un congé menstruel et le nombre de jours moyens d’absence était de 4 jours à l’année », a-t-il souligné, regrettant que la préfecture, sur « directive » de l’État, ait attaqué ce congé au tribunal administratif.
Côté sport, la Ville s’est aussi attachée à acheter un plus grand nombre de places pour que les associations bénéficiaires de places puissent voir davantage l’OL féminin, et des équipes féminines lors des Jeux Olympiques de 2024. À cette occasion, 77 % des achats de places, représentant 25 000 € au total, concernaient des épreuves féminines.
Netflix et « food court » : les « innovations » des Écologistes pour la Fête des Lumières sous le feu des critiques
Comme chaque année, la Fête des Lumières organisée par les Écologistes entraîne son lot de critiques. Cette fois, deux points ont retenu l’attention des conseillers municipaux d’opposition : le mécénat de Netflix pour la Fête des Lumières (150 000 euros en nature), en parallèle d’une œuvre inspirée d’une série de la plateforme, et l’installation d’un food court place Bellecour.
« L’œuvre de la Place Sathonay est une immersion dans la série Stranger Things : c’est une mise en avant d’une œuvre commerciale. Ce n’est donc pas du mécénat comme le dit la communication de la Ville, et cela pourrait être soumis à la TVA », a fustigé Nathalie Perrin-Gilbert (non inscrite). Elle demande à la Ville la convention signée avec le géant américain de l’audiovisuel. D’autant plus que la date de sortie de la 5e saison de la série est prévue le 27 novembre, quelques jours seulement avant le début de la Fête des Lumières.
« Je confirme qu’il s’agit de mécénat et pas du sponsoring. La définition du mécénat, c’est un don désintéressé, mais l’entreprise peut valoriser son apport et les contributions que la Ville peut lui apporter doivent être inférieures à 25% du don », a précisé Audrey Hénocque, qui a regretté la « polémique ».
Polémique peut-être moins importante que celle qui a entouré le foodcourt prévu sur la place Bellecour, qui ne comportera pas d’œuvre cette année, mais un village éphémère de « foodtrucks » pour la restauration rapide.
Contrarié par cette installation, et déplorant une « concurrence » avec les restaurateurs, l’UMIH (Union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie) a mis fin à son partenariat avec la Ville de Lyon pour la Fête des Lumières. « C’est une double faute politique et symbolique envers des acteurs qui portent leurs commerces à bout de bras », s’est inquiétée Anne-Sophie Condemine, du groupe Cœur Lyonnais. « Les foodtrucks offriront un espace de repos, avec des produits de qualité, à bas prix et lyonnais », a argumenté en retour Audrey Hénocque, pour défendre le choix des Écologistes.
Un conseil municipal unanimement dubitatif sur le bus Lyon-Trévoux
C’est finalement autour de la critique du projet de Bus à Haut niveau de service porté par la Région Auvergne-Rhône-Alpes que se sont retrouvés la majorité et leurs oppositions. Amené à donner un avis favorable ou défavorable au projet, le conseil municipal tout entier s’est montré mécontent du terminus prévu à Lyon. Celui-ci est prévu au 1, boulevard Jules Favre, soit à plus de 600m de la gare Part-Dieu. « On est très éloigné de la gare de la Part Dieu et le terminus se doit d’améliorer l’intermodalité », a plaidé Valentin Lungenstrass.
« La ligne doit passer dans plusieurs rues étroites du 6e arrondissement et près de plusieurs groupes scolaires », a également critiqué Romain Billard, élu du 6e pour le groupe Cœur Lyonnais. Le conseil municipal a tout même voté favorablement le projet, avec un amendement. « Une fois que l’enquête publique sera lancée, il faudra que ces enjeux soient remontés pour que d’autres alternatives soient étudiées », a ajouté Valentin Lungenstrass.
Rue89Lyon avait documenté l’avancée de ce projet, déjà une première fois réorienté pour éviter une zone de biodiversité. Ce changement avait été obtenu auprès de la Région après une mobilisation citoyenne.

Chargement des commentaires…