Les sondages ont-ils poussé la « gauche unie » à entrer en campagne ?
Mardi 4 novembre, place Antonin-Jutard (Lyon 3ᵉ), le maire de Lyon, Grégory Doucet (Les Écologistes), a acté « l’union de la gauche républicaine et socialiste » pour les municipales de 2026, devant un parterre de journalistes et militant·es.
L’édile était entouré des représentants du Parti socialiste, Parti communiste, L’Après, Debout, Génération.S, Place publique et de Voix commune. Se voulant rassurant, il a marqué que « chacun devra avoir sa place pour 2026 ». Sans donner d’infos, cependant, sur la répartition des formations politiques dans les listes, alors que les socialistes faisaient le forcing, ces derniers jours, pour obtenir des mairies d’arrondissement, comme le révélait Rue89Lyon dans sa dernière newsletter municipale.
Ce faisant, le maire-candidat semble avoir tenté l’effet de surprise dans une opération com’ annoncée en dernière minute (oubliant au passage quelques confrères). Alors que la droite occupait l’espace politico-médiatique depuis début septembre, Grégory Doucet assurait encore il y a deux jours dans le Progrès que le temps de la campagne n’était pas venu. Finalement, il a changé d’avis.
Pour la « gauche unie », un axe défensif face aux « réactionnaires »
La faute à la « menace Aulas » ? Le 29 octobre dernier, un deuxième sondage publié dans LyonMag plaçait de nouveau le candidat Cœur Lyonnais loin devant Grégory Doucet. « Nous sommes sortants, il n’y a pas d’urgence. On ne répond pas aux sondages sur Aulas », a indiqué Sandrine Runel (PS), lors du point presse.
Pourtant, c’est bien un discours défensif qui se dégage de cette union. « Il n’y a pas de progrès social avec un retour en arrière, nous ne laisserons pas Lyon à des réactionnaires et perdre tout ce qu’on a pu obtenir », affirmait par ailleurs la députée socialiste. « Lyon doit continuer d’être un bouclier social », a surenchéri Augustin Pesche, représentant du Parti Communiste.
La majorité n’a pas encore de programme défini pour ce lancement de campagne, mais elle défend un bilan « robuste », selon le maire de Lyon. L’axe défensif de cette union renouvelée se voit aussi dans leur tract, mettant en avant le bilan, avant les projets. « Le Lyon qu’on aime » présente des points clés à « protéger » : piétonisation, qualité de vie, transports en commun, vie culturelle… « Nous avons réalisé des transformations visibles et puissantes dans la vie des gens », assène le maire de Lyon.
Une campagne axée sur le social ?
Les représentants de l’union ont également insisté sur la question des services publics et du… logement. « Sur ce point, la municipalité a débloqué un budget sans précédent, le bail réel solidaire pour faciliter l’accès à la propriété ou encore mis en place l’encadrement des loyers », a défendu Laurent Bosetti (l’Après). Un dernier point qui est toutefois plus du ressort de la Métropole, avec laquelle la Ville « a travaillé main dans la main », rappelle Grégory Doucet.
Dans le discours, le social semble passer avant l’écologie. Une manière, vraisemblablement, de répondre aux annonces du « camp Aulas » sur la gratuité des transports, les familles monoparentales, et le « plan contre la solitude »… Mais aussi aux LFI, qui ont accusé les Verts de trop avoir mis de côté le social durant le mandat.
En 2020, Sandrine Runel était partie dans sa rangée face à la gauche. Six ans plus tard, elle prend une place importante sur la photo, au côté du maire de Lyon. Une façon de réaffirmer qu’il s’agit d’une liste « d’union » plutôt qu’une liste « écologiste ».
« Les Lyonnais veulent la vérité et des mesures concrètes, pas des mesures qui peuvent être séduisantes dans un premier temps, mais qui quand on creuse un peu n’existent pas », lâche-t-elle devant les journalistes, habillée de sa veste rose. L’élue socialiste avait affirmé, la veille à ActuLyon, qu’il était « populiste de se lancer dans ce créneau social ».
Sans surprise, ces propos n’ont pas manqué de faire réagir les intéressés. Sarah Peillon, cheffe de file Renaissance, a réagi sur X en accusant les écologistes et leurs soutiens de « s’autoproclamer camp de la vérité face à Jean-Michel Aulas ». « Aucun slogan ne fera oublier leur bilan désastreux, les Lyonnais jugeront », a également écrit l’ancienne partenaire de lutte de Sandrine Runel au PS.
À Lyon, la crainte d’une concurrence à gauche face à Aulas
Voilà pour le tacle au camp Aulas. Quid du départ en solo de LFI ? « Les considérations nationales, nous les laissons à distance. Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est l’espoir que nous allons porter pour les Lyonnais et les Lyonnaises », répond côté Grégory Doucet. « C’est leur choix, on en prend acte », affirme sobrement Sandrine Runel qui assure que cela n’empêchera rien de leur côté.
La question est donc vite balayée même si elle ne manque pas d’inquiéter en interne. « Face à l’union de la droite, toute la droite et rien que la droite, LFI risque de se tromper d’adversaire pour exister. Elle ne tapera pas que sur Aulas… », nous glissait un élu de gauche. Sachant qu’après le premier tour, il faudra bien s’unir au deuxième.
Maintenant que tout le monde — ou presque – est officiellement entré en campagne à Lyon, celle-ci va-t-elle dépasser le stade des polémiques et des « petites phrases » que semble tant honnir Grégory Doucet pour se concentrer sur les mesures ?
En tout cas, du côté de l’union de la gauche, le calendrier se précise : un prochain rendez-vous est prévu, samedi 8 novembre en presqu’île, pour présenter les résultats de leur « Grande écoute ». Des temps d’échanges avec les habitant·es, que les Écologistes avaient déployé dès cet été dans tous les arrondissements. Bref, après avoir tenté d’attendre le dernier moment pour rentrer en campagne, les sortants ont décidé d’occuper le terrain.

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