La Région Auvergne-Rhône-Alpes poursuit son offensive sécuritaire dans les lycées. Les élus de la collectivité ont validé, ce jeudi 16 octobre, un rapport visant à expérimenter des brigades cynophiles dans cinq lycées « particulièrement exposés » du territoire. L’objectif affiché : « lutter contre le fléau de la drogue ».
Après les portiques voulus par l’ancien président de région Laurent Wauquiez (LR) et les scanners, testés en grande pompe début septembre au lycée Charles-Mérieux de Lyon, une nouvelle étape est franchie.
Sans véritablement présenter de plan concret (la Région n’est pas compétente en matière de sécurité), l’exécutif (LR) a surtout voulu adresser un message à l’État pour demander le développement de cette expérimentation.
« Les équipes permettront des passages inopinés dans les espaces communs, cours, couloirs, sanitaires pour dissuader et sécuriser. Cela s’inscrit dans une stratégie globale contre le narcotrafic : garantir un environnement de travail serein, loin des dealers et de la drogue », a justifié Renaud Pfeffer (LR), vice-président à la sécurité.
102 millions pour sécuriser les lycées de la région
Pour l’heure, cinq lycées ont été présélectionnés, mais la mise en place de ce plan reste floue. Tout juste suppose-t-on qu’elle prendrait la forme de contrôles inopinés. Ceux-ci sont déjà possibles, mais à la seule demande de la police. « C’est une action de démarrage, qui doit s’amplifier, a espéré le président de Région, Fabrice Pannekoucke (LR). L’expérimentation, je l’ai déjà faite à Moutiers (ville de Savoie dont il est l’ancien maire), dans un cadre tout à fait légal, avec le procureur, le recteur et le chef d’établissement. »
Depuis le début du mandat de la majorité LR actuelle, la région a dépensé 102 millions d’euros pour sécuriser les lycées. Autant d’argent qui ne va ni dans des projets éducatifs, ni dans la rénovation de bâtiments « en déliquescence », selon l’opposition.
« Vous poursuivez dans la politique du tout répressif, et ça ne marche pas, vous manquez de flair », a taquiné l’élue d’opposition insoumise de Lyon, Émilie Marche. D’autres conseillers ont fustigé « une opération de communication », « une politique de l’incantation » et appelé l’exécutif régional à « agir dans son domaine de compétence ».
Des chiens dans les lycées : la main tendue du RN
Seul le RN a validé la proposition des Républicains, regrettant « un signal d’alarme tardif et pitoyable », et que la majorité ne soit pas allée plus loin dans l’ultra-sécuritarisme.
« Nous sommes ravis de découvrir que le RN n’aime pas seulement les chats, mais aussi les chiens. Peut-être un souvenir ému des bergers allemands », s’est lâché Guillaume Lacroix, élu (PRG) de Bourg-en-Bresse (Ain).
Une petite blague bienvenue dans une matinée de débat tendue, où le président Fabrice Pannekoucke s’est permis une sortie trumpiste contre nos confrères de Mediacités, les accusant d’être « un torchon » pour avoir expliqué que l’expérimentation de scanners de la Région ne reposait sur aucune base légale, ce que Rue89Lyon avait déjà corroboré en juin.
« Si je devais passer mon énergie à répondre à tous les torchons qui sont commis (sic) tout au long de l’année, c’est autant d’énergie que je ne mettrais pas au service des habitants de notre belle Région » a tancé le président de Région. On ne sait pas si on est visé, mais on aimerait toujours avoir des réponses sur les 505 000 euros versés à Raconte-moi la France par la collectivité ou encore sur les repas somptuaires de Laurent Wauquiez à Paris. Notre porte est toujours ouverte !
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