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Quatre OQTF plus tard : Kélé obtient enfin un titre de séjour

Après avoir écopé de quatre obligations de quitter le territoire français (OQTF), Kélétigui Sylla, arrivé en France il y a onze ans, souffle un peu. D’ici la fin du mois, il devrait obtenir un titre de séjour d’un an renouvelable. Une grande victoire pour ses soutiens après des années de combat.

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Arrivé en France à l'âge de 14 ans, Kéletigui Sylla surnommé Kélé, d'origine guinéenne, vit à Lyon depuis 10 ans. Pour tou·tes celles et ceux qui le côtoient, Kélé "force l'admiration par son parcours d'intégration". Pourtant, le 11 mars 2024 il a reçu une nouvelle OQTF. ©Laury Caplat/Rue89Lyon
Kélétigui Sylla, surnommé « Kélé » vient d’obtenir un titre de séjour d’un an, après quatre OQTF à Lyon

La fin du long combat de Kélétigui Sylla, que ses soutiens surnomment « Kélé », semble enfin pointer le bout de son nez. La préfecture n’a pas fait appel de la décision du tribunal administratif, en date du 24 juin dernier, d’annuler l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui le visait depuis mi-avril. La quatrième en onze ans.

« Ce jugement donne l’obligation à la préfecture de délivrer à Kélé un titre de séjour d’un an renouvelable : une carte de séjour « vie privée et familiale », lui donnant en elle-même l’autorisation de travailler », déclare dans son communiqué le Collectif de soutien au jeune Guinéen. Aujourd’hui, le rendez-vous pour récupérer ce précieux sésame est fixé. Le CDI, lui, est déjà signé : un poste à temps plein rendu possible grâce à l’autorisation provisoire de séjour. Pour Kélé et ceux qui l’accompagnent depuis toutes ces années, cette décision a le goût d’une victoire. Fragile encore, mais réelle. Car une procédure est toujours en cours.

Une première OQTF, moins d’un an après son arrivée à Lyon

Retour au cœur de l’hiver 2014. À l’âge de 14 ans, celui que son entourage présente comme un « modèle d’intégration » pose les pieds sur les quais de la Gare Part Dieu. En quelques mois, il parvient à entrer à l’École de production à Gorge de Loup (Lyon 9ᵉ) pour préparer un CAP mécanique. Mais, cette même année, convoqué par les forces de l’ordre, il doit recourir à des examens osseux pour attester de sa minorité. Et le verdict tombe : il est considéré comme majeur. Au même moment, la police aux frontières (PAF) assure avoir découvert qu’il est entré sur le territoire avec un faux passeport. C’est cet élément qui va entrainer une confrontation avec les services de l’État.

Il est visé par une première OQTF en 2014, quelque temps après avoir été condamné, en comparution immédiate, pour l’usage de ce faux document. Cette décision préfectorale est annulée une première fois par le tribunal administratif de Lyon. Soutenu par le collectif Réseau éducation sans frontières, il reprend sa vie, obtient son CAP et poursuit un bac professionnel qu’il décroche en 2018. Mais cette même année, c’est le second coup de massue.

À Lyon, les soutiens de Kélé, visé par une OQTF, se rassemblent régulièrement devant le « TA ».Photo : PL/Rue89Lyon

Pour Kélé, une première victoire, mais un combat pas encore terminé face aux OQTF

Il est visé par une deuxième OQTF et une nouvelle bataille judiciaire s’engage. Accompagné de son avocat, il dépose un recours et le tribunal administratif lui donne raison. Mais la trêve est de courte durée.

En mars 2024, sa demande de titre de séjour est à nouveau rejetée. La préfecture du Rhône émet alors une troisième OQTF (avant d’en poser une quatrième en avril), cette fois assortie d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) d’une durée de 24 mois. Ses soutiens, eux, y voient un « acharnement incompréhensible ».

En décembre, le tribunal administratif de Lyon annule une fois encore la décision préfectorale. Mais la préfecture ne s’avoue pas vaincue : elle fait appel en mars. À l’heure où ces lignes sont écrites, la procédure suit toujours son cours. Pour simplifier : disons que la quatrième OQTF est annulée, mais pas la troisième.

Armand Creus, membre du Collectif de Soutien à Kélé, se montre donc « content » de l’obtention de cette carte de séjour d’un an, mais préfère rester prudent sur la suite des évènements. « C’est positif. On espère qu’il va pouvoir faire sa vie tranquillement. Après, ce n’est qu’une carte d’un an. Il va falloir faire les demandes de renouvellement et surtout, en finir avec l’OQTF de mars 2024 », poursuit-il. Une trêve d’un an donc, mais un combat qui est encore loin d’être fini.


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