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Les Déraillantes, un convoi vélo contre la ligne Lyon-Turin à partir du 24 mai

Samedi 24 mai, un convoi vélo pour protester contre le projet de voie ferrée Lyon-Turin se lancera pour une semaine à travers les villes et villages de la région, jusqu’à Modane, à la frontière avec l’Italie. Suivez le guide.

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En France, le tunnel du Lyon - Turin débutera dans la vallée de la Maurienne. ©MA/Rue89Lyon
En France, le tunnel du Lyon – Turin débutera dans la vallée de la Maurienne.

À pédale contre les rails. Le convoi vélo des Déraillantes partira de Lyon, samedi 24 mai, pour dix jours et huit étapes, jusqu’à la ville de Modane (Savoie). Organisée par des militants indépendants, soutenus notamment par le collectif Stop Lyon-Turin, la procession de cyclistes passera par les villes et villages concernés pour les sensibiliser sur le projet d’une future ligne à grande vitesse.

« Le Lyon-Turin est « inutile et très impactant pour les populations et terres locales, et aussi pour le budget et l’empreinte carbone à l’échelle régionale, nationale et européenne », arguent les organisateurs dans un communiqué.

Par étapes de 20 à 40 kilomètres par jour, sur maximum 800 mètres de dénivelé, les Déraillantes arriveront à leur but après plus d’une semaine d’actions : ateliers, spectacles, réunions d’informations… La journée, les cyclistes sensibiliseront les habitants au projet. La nuit, ils et elles camperont sur des terrains prêtés par des locaux.

Le Lyon-Turin, c’est quoi ?

Ce projet de ligne de chemin de fer mixte (voyageurs et fret) doit permettre de relier Lyon à Turin (Italie) en 1 h 45, contre 4 heures avec la voie déjà existante. La ligne voyageurs devrait être raccordée au sud de la gare de Lyon Saint-Exupéry, et la ligne de fret au futur contournement ferroviaire (Cfal) au sud de Lyon. Coût total du projet, en incluant le Cfal-Sud : 25 milliards d’euros, dont 30 millions ont déjà été investis par la Région Auvergne Rhône-Alpes.

Le projet, ratifié en 2002 entre la France et l’Italie, vise à transférer le transport de marchandises de la route au rail. Le tracé final devrait faire 271 kilomètres, dont les deux tiers sur le territoire français. L’Europe participe aussi financièrement à sa construction. La section transfrontalière est en construction depuis 2023, pour une mise en service prévue pour 2032.

Les Déraillantes parcourront donc le tracé du tronçon français en faisant étapes dans les villes concernées : Bourgoin-Jallieu, Chambéry, Saint-Rémy-de-Maurienne, Villarodin-Bourget… Tout en s’opposant à un projet qui, selon les militants, est une « catastrophe » écologique et sociale.

« On a à cœur que l’évènement soit festif, témoigne Hélène, membre du convoi des Déraillantes. Le but est de toquer à la porte de tout le monde et d’engager la discussion sans imposer nos idées. »

Un chantier monumental qui inquiète

Les militants dénoncent un projet selon eux archaïque. Pour Hélène, « le projet se base sur des statistiques d’échanges mercantiles entre l’Italie et la France qui sont obsolètes ». D’après elle, l’enjeu principal reste le tracé de cette nouvelle voie ferrée, qui devrait traverser terres agricoles et espaces naturels en creusant la montagne. Depuis 2023 et le début des travaux à la frontière transalpine – notamment pour la construction du plus long tunnel ferroviaire au monde (57 km) –, trois ouvriers sont décédés sur le chantier.

Certains hameaux, comme ceux de la commune de Saint-Rémy-de-Maurienne, devront par ailleurs être évacués. Le collectif Stop-Lyon-Turin, de son côté, s’inquiète aussi du bilan carbone des travaux, qui ne devrait pas être contrebalancé avant plusieurs dizaines d’années après la mise en service de la ligne.

Articulation du scénario « grand gabarit » du Lyon-Turin et du CFAL.Photo : Cartes SNCF Réseau complétées par la Métropole de Lyon

Une petite centaine de personnes sont attendues au départ des Déraillantes. Selon Hélène, les cyclistes restent soucieux d’une potentielle répression policière. En mars 2024, l’État français a été condamné par le tribunal administratif de Paris pour avoir prononcé plus d’une centaine d’interdictions administratives de territoires abusives contre des militants étrangers (mais aussi français) susceptibles de venir manifester en France contre le projet.

« On trouve que cette répression est disproportionnée, affirme Hélène. Même pour un évènement festif comme le nôtre, on part en connaissance de cause. » Les organisateurs sont cependant déterminés à mener l’opération à bien.


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