Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Ce qui s’est dit à la réunion de Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Frédéric Poisson et consorts

Un rassemblement d’un genre particulier s’est tenu ce jeudi soir, à Oullins (agglo de Lyon), appelé « réunion des Amoureux de la France ». Initiée par Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson, elle avait comme leitmotiv le fait que le pays serait « en train de sombrer, ce à quoi la réponse toute trouvée serait : « alors la droite et l’extrême droite doivent se rassembler avant les élections européennes ».

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Au centre, Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson, les deux initiateurs des "amoureux de la France". © Aurélien Defer

La conquête de l’électorat en vue des élections européennes de mai 2019 se mène dès maintenant, surtout pour les formations politiques les plus confidentielles. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF), cherche à mener une liste « d’union des droites » sous la bannière « Les amoureux de la France ». Jeudi 11 octobre à Oullins, il a animé la première réunion publique nationale du mouvement depuis l’officialisation de la liste aux européennes fin septembre.

Près de 450 sympathisants de droite et d’extrême-droite se sont réunis à la salle des fêtes du parc Chabrières. Devant eux sur l’estrade, le gratin de la droite aux petits pourcentages : Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien-démocrate, PCD), Emmanuelle Gave (directrice de l’Insitut des libertés), Patrick Louis (président du conseil scientifique de l’Issep) et Bruno North (Centre national des indépendants et paysans, CNIP).

Patrick Louis, directeur du conseil scientifique de l'Issep, la récente école de Marion Maréchal-Le Pen. © Aurélien Defer
Patrick Louis, président du conseil scientifique de l’Issep, la récente école de Marion Maréchal-Le Pen. © Aurélien Defer

« Merci à tous d’être venu à cette conf… réunion publique ! »

Dans son lapsus, Olivier Pirra, délégué départemental du Rhône pour le PCD, annonce la couleur à l’audience. Les personnalités politiques de ce soir sont venues bien davantage dans le but de prendre la parole plutôt que de la donner.

L’objectif de la soirée est clair pour la tête de liste Nicolas Dupont-Aignan : se faire passer pour celui par qui passera un hypothétique rassemblement des différentes mouvances de droite et d’extrême-droite.

Quand on réclame Robert Ménard ou François Asselineau

Laurent Wauquiez « aurait pu » être là hier soir, concède Jean-Frédéric Poisson, déçu.

Mais dans Le Figaro du jour, Laurent Wauquiez a justement répété son refus de tout rapprochement avec « Les amoureux de la France » pour les élections européennes :

« Nous refuserons toute alliance électorale aussi bien avec le Rassemblement national qu’avec En Marche. »

En direction de Nicolas Dupont-Aignan qui s’est rallié à Marine Le Pen en 2017, il formule le reproche :

« Lors du second tour de l’élection présidentielle, vous avez fait le choix d’apporter votre soutien à Marine Le Pen en dépit de son programme de sortie de l’euro et de l’Union européenne qui serait un désastre pour la France dont le coût pèserait d’abord sur son peuple ».

Cette confirmation n’a pas manqué de contrarier Nicolas Dupont-Aignan qui a assuré vouloir « rassembler les droites pour un redressement national ».

Pour cela, le président de Debout la France s’évertue à envoyer le manifeste des Amoureux de la France à tous les partis de droite qu’il n’a pas encore réussi à attirer, oubliant au passage les Patriotes de Philippot (« c’est un oubli, on va lui envoyer le manifeste ») et l’UPR d’Asselineau (« on va lui envoyer le manifeste » bis).

Pour l’instant, Marine Le Pen verse encore dans le refus, mais certains de ses militants et conseillers régionaux se laissent tenter, voulant réitérer l’alliance de 2017.

D’ailleurs, quelques militants du Rassemblement national étaient présents dans l’assemblée hier soir, tels que Rémi Berthoux, responsable pour le parti du canton de Thizy-les-Bourgs. Un profil qui agace quelque peu la présidente du Rassemblement national :

« Ce sont des types au chômage. Ils traversent la rue. Ce sont peut-être les seuls Français qu’Emmanuel Macron a réussi à convaincre, plaisante Marine Le Pen auprès du Figaro, minimisant ces pertes. J’ai un conseil amical pour Nicolas Dupont-Aignan : la meilleure façon d’avoir des élus, c’est de les faire élire… »

Une belle ambiance de rassemblement, donc. D’autant que le public, d’horizons droitiers très différents, a également des choses à dire. Dans l’assemblée, une femme supplie Nicolas Dupont-Aignan de ne pas s’allier avec le parti Les Républicains, qui représentent selon elle « une fausse droite, une élite ».

Quelques rangs plus loin, on réclame à la tribune Robert Ménard, l’extrémiste maire de Béziers, ou encore François Asselineau, fervent défenseur du « Frexit ».

L’union européenne ? Un « cancer »

Mais Dupont-Aignan et Poisson ne veulent pas se tromper dans leurs soutiens car l’importante échéance des élections européennes se rapproche. Depuis l’officialisation de sa liste aux européennes lors du Congrès de Debout la France le 23 septembre, Nicolas Dupont-Aignan compte plus que jamais sur le changement du mode de scrutin pour ces élections : le président de DLF espère occuper plusieurs sièges au Parlement européen à partir de mai prochain.

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, à Oullins. © Aurélien Defer
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, à Oullins. © Aurélien Defer / Rue89Lyon

Nicolas Dupont-Aignan ne croit pas en l’Union européenne.

« C’est un cancer, il faut s’en débarrasser », assène-t-il à la tribune.

Complété par Jean-Frédéric Poisson :

« On ne veut pas sauvegarder cette institution ».

De quoi ravir les nombreux eurosceptiques présents dans la salle, qui réclament un retour à une monnaie nationale et une sortie de l’UE.

Pourtant, ce ne sont pas les envies de la tête de liste Dupont-Aignan, qui se perd en contradictions sur l’UE et ses intérêts. Une vraie partie de ping-pong entre lui et lui, devant 450 sympathisants un peu perdus. Mais sur l’Europe, Dupont-Aignan peut compter sur l’expérience d’ancien député européen de Patrick Louis, secrétaire général du Mouvement pour la France (MPF) et proche de Philippe de Villiers, qui peine toutefois à convaincre les plus protectionnistes de l’audience.

Matteo Salvini, Viktor Orbán et les copains

Mais la perspective d’une possible coalition d’extrême-droite avec des personnalités politiques européennes intéresse le public.

À la question d’une militante sur un rapprochement avec Matteo Salvini en Italie, Viktor Orbán en Hongrie, Jimmie Åkesson en Suède, etc., Nicolas Dupont-Aignan ne dit pas non et admet qu’il doit réfléchir à une telle initiative, notamment pour défendre le continent face à une « immigration de masse qui ne s’intègre pas ».

Et de finir en citant sans surprise Romain Gary qui écrivait : « Je n’ai pas une goutte de sang français mais la France coule dans mes veines. »

Nicolas Dupont-Aignan a sans doute oublié que l’universaliste Gary, dans Education européenne, avait aussi écrit ceci :

« J’aime tous les peuples, dit Dobranski, mais je n’aime aucune nation. Je suis patriote, je ne suis pas nationaliste. […] Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. »


#Droite

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

À lire ensuite


Gérard Collomb. Creative commons / Bibliothèque municipale de Lyon / 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 24 x 18 cm
Plus d'options