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Vélos en libre service : Indigo Weel arrive à Lyon pour titiller les Velov

Après l’échec des vélos en libre service (« free floating » dans le jargon) de Gobee.bike, c’est au tour d’Indigo de se lancer à Lyon. 1000 vélos devraient être mis à disposition d’ici la fin du mois de mars. Avec l’ambition qu’ils soient moins vandalisés que ceux de son concurrent et de parvenir à titiller JC Decaux et ses Velov.

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Vélos en libre service : Indigo Weel arrive à Lyon pour titiller les Velov

« On a un peu la pression, c’est la première ville post-Gobee.bike. »

Difficile en effet de ne pas avoir le sentiment d’être attendu au tournant. Jean Gadrat, directeur du développement des nouvelles mobilités chez Indigo, a passé son temps à tenter de déminer toutes les perspectives d’échec.

Son concurrent vient tout juste de se planter. Au début de l’année, Gobee.bike, société hong-kongaise, a déployé dans les rues de Lyon ses vélos en libre service et sans station. Deux mois plus tard, elle remballait le peu de vélos encore disponibles. Raison officielle : le vandalisme. Peu robustes et facilement « hackés », ses vélos ont vite disparu des rues de la ville. Indigo assure ne pas refaire la même erreur. Mais on n’est pas vraiment obligé de les croire.

Un vélo Gobee.bike dans le secteur de la Part-Dieu à Lyon. Photo LB/Rue89Lyon
Un vélo Gobee.bike dans le secteur de la Part-Dieu à Lyon. Photo LB/Rue89Lyon

Même principe que pour les Gobee.bike

Indigo est plus connue pour son coeur de métier : la gestion de parkings automobiles en France et dans le monde. À Lyon, elle s’occupe des parkings souterrains Bellecour et Cité Internationale. Avec Indigo Weel, branche mobilité partagée du groupe Indigo, elle se lance malgré tout sur le marché.

Depuis peu, elle a mis en circulation ses vélos en libre service dans des petites villes -Metz et Tours et une plus importante -Bordeaux. Elle prend donc le contre-pied de son concurrent asiatique qui a tenté de prendre le premier le marché grâce à un déploiement rapide et dans de grandes villes européennes.

Le principe reste le même : les vélos sont stationnés en ville, géolocalisables et disponibles via une application smartphone dédiée. Elle permet, via un QR Code fixé sur le cadenas intégré, de le déverrouiller et d’utiliser le vélo. À la fin de son trajet, il suffit de refermer le cadenas du vélo. Pas besoin de chercher ni de garer le vélo à une borne dédiée comme pour les Velov.

Les 100 premiers vélos d’Indigo Weel ont été déployés ce lundi 12 mars. La montée en charge devrait se faire à raison de ce même volume pendant une dizaine de jours. Les 1090 vélos prévus devraient donc être disponibles dans les rues de Lyon d’ici la fin du mois de mars.

Le vélo d’Indigo est-il plus robuste que les Gobee.bike ?

Un vélo en libre service d'Indigo Weel dans les rues de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon
Un vélo en libre service d’Indigo Weel dans les rues de Lyon. Photo BE/Rue89Lyon

Difficile de faire plus frêle que les bicyclettes vertes de Gobee.bike. Le cadre du vélo d’Indigo Weel, de fabrication chinoise, semble beaucoup plus robuste pour un poids total de 18 kg. Il est équipé de 3 vitesses, comme les Velov et contrairement aux Gobee.bike. Ses pédales restent tout de même en plastique et le point noir ne semble pas réglé : la fragilité de l’attache des rayons à la jante où se situe le verrouillage du vélo.

« Nous avons mis davantage d’argent, ce n’est pas la même qualité de rayon mais ça reste le point faible », admet Jean Gadrat.

Une légère manipulation montre qu’il ne faudra pas trop forcer pour voir les rayons lâcher. Car le système de verrouillage est le même : un cadenas vient bloquer la roue arrière en passant entre les rayons.

L’opérateur indique qu’une nouvelle flotte de vélo devrait arriver d’ici la fin de l’année. Les vélos seront équipés de roues pleines. Une solution devant permettre de réduire l’endommagement des vélos en service.

Service moins piratable ?

De nombreux vélos Gobee.bike avaient été piratés. L’astuce permettait de l’utiliser gratuitement. Certains avaient carrément « privatisé » des vélos garés à leur domicile ou dans des cours d’immeubles.

Là aussi, Indigo assure avoir mis « plus d’argent » pour une technologie gérant le verrouillage différente. Pour l’heure, on doit croire sur parole l’entreprise.

Elle avance pour cela des chiffres. Dans les villes où elle a déployé son offre, 4% de sa flotte a été perdue en trois mois d’exploitation à cause vols ou dégradations ayant rendu la réparation et l’utilisation impossibles.

Miser sur la discipline des usagers

Voulant encore une fois montrer qu’elle a appris des erreurs des autres, elle entend encourager le civisme des usagers. Certaines zones sont interdites notamment les grandes places ou les parcs. En accord avec la ville de Lyon et la Métropole de Lyon, Indigo Weel a présenté une carte délimitant la zone d’usage souhaitée de ses vélos. Elle reprend les zones les plus densément peuplées ou fréquentées de Lyon et de Villeurbanne. Si un usager laisse un vélo en dehors de cette zone, le service le préviendra.

De même, si le service fonctionne sans borne de stationnement il encourage les usagers à laisser les vélos à côté des arceaux à vélos mis en place par la ville et la Métropole. Pour ne pas gêner la circulation des voitures ou des piétons.

Au bout de quatre manquements à ces règles, l’usager sera blacklisté. Il ne pourra plus utiliser le service. Au lancement du moins, on imagine mal la société se montrer trop sévère.

« Arrêtez de subventionner JC Decaux ! »

Indigo Weel s’est voulue rassurante également sur sa capacité à gérer sa flotte de vélo et surtout à les réparer. Elle met en avant pour cela son activité « en dur » et sa présence sur le territoire. Une équipe de 5 personnes a été recruté pour son antenne lyonnaise avec notamment des techniciens et réparateurs. Un site de maintenance sera basé à Saint-Priest dans l’attente d’une implantation en centre-ville.

Le Grand Lyon espère instaurer l’électrification des Vélo’V. Crédit photo: Damien Renoulet/Rue89Lyon

Avec ses 1000 vélos prévus dans une première phase d’exploitation, Indigo Weel espère doucement monter en puissance. On est encore loin des 4000 Velov mis en service par la Métropole et JC Decaux. Mais la volonté du spécialiste des parkings automobiles est de venir gentiment concurrencer le service actuel.

« Lyon est une ville plutôt bien équipée en arceaux à vélos par rapport à d’autres grandes villes. Et on voit qu’ils sont souvent saturés. On va déployer 1000 vélos et si notre offre fonctionne on augmentera le nombre. Il n’y a pas de limite », indique Jean Gadrat.

La volonté de définir une zone de chalandise en concertation avec les collectivités n’y est peut-être pas étrangère. Pas question de forcer la main et de débarquer en ville un beau matin. Et son directeur du développement des mobilités espère bien contribuer à déverouiller le système JC Decaux.

« Nous ce qu’on dit c’est ‘arrêtez de subventionner Decaux’. Développez plutôt les arceaux à vélos, les pistes cyclables. Les collectivités n’ont plus l’argent pour financer de grands projets comme les LGV ou même des métros, pour certaines. On vient les compléter en proposant un service de déplacement comme le nôtre », défend Jean Gadrat.

Récemment le spécialiste de l’affichage publicitaire a perdu le marché des Velib à Paris au profit de Smovengo. Son déploiement connaît de graves problèmes. Il n’est donc plus le grand maître des vélos en libre service en France.

La Métropole de Lyon reste discrète sur ce nouveau service, il est vrai privé, de vélos en libre service. À Bordeaux, seule autre grande ville où il est déployé, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) s’était au contraire affichée au lancement à travers la présence de plusieurs de ses élus. Alors même qu’elle propose les Vcub, équivalents bordelais des Velov.


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