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29/03/2024 date de fin
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On s’achemine vers l’abandon de l’A45 entre Lyon et Saint-Etienne

Sans surprise, le Conseil d’orientation des infrastructures présidé par Philippe Duron a jugé non-prioritaire l’A45 entre Lyon et Saint-Etienne. C’est la seconde fois qu’une commission sur les grandes infrastructures de transport présidée par l’ex-député PS enterre ce projet autoroutier.

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On s’achemine vers l’abandon de l’A45 entre Lyon et Saint-Etienne

En amont des Assises nationales de la mobilité, la ministre des Transports, Elisabeth Borne avait dit tout le mal qu’elle pensait du projet A45 prévoyant de créer une nouvelle autoroute entre Lyon et Saint-Etienne.

Elle avait annoncé que le gouvernement ferait une « loi de programmation des infrastructures » en 2018 et, pour préparer cette loi, la mise en place d’un « Conseil d’orientation des infrastructures » (COI), présidé par Philippe Duron.

S’agissant de l’A45, dans son rapport de juin 2013 de la Commission Mobilité 21 qu’il présidait, il avait demandé une « indispensable » poursuite des études avant de se décider sur ce nouvel investissement autoroutier.

Même personne, mêmes conclusions défavorables, dans ce nouveau rapport remis le 1er février à la ministre.

« Trouver une solution consensuelle » (plutôt que l’A45)

Dans ce nouveau rapport, Philippe Duron et le Conseil d’orientation des infrastructures (COI) déplorent que leurs premières recommandations n’aient pas été suivies :

« La Commission Mobilité 21 s’était montrée très réceptive aux enjeux d’aménagement du territoire qui s’attachent à l’amélioration des liaisons entre Lyon et Saint-Etienne mais avait émis des réserves sérieuses sur la pertinence du projet d’autoroute concédée à y répondre efficacement. Elle avait insisté sur la nécessité de poursuivre les études pour clarifier son opportunité au regard des alternatives ferroviaires et d’aménagement complémentaires d’A47 ».

Le COI enfonce encore un peu plus le projet autoroutier, en reprenant certains arguments des opposants :

« le Conseil d’orientation des infrastructures estime que le projet A45 continue de soulever de nombreuses interrogations dont celle de son arrivée sur l’agglomération lyonnaise où il risque d’aggraver la congestion déjà importante existante. Il considère que l’amélioration des conditions de déplacements ne pourra pas se concrétiser dans de bonnes conditions sans un accord minimum entre les principaux acteurs des territoires concernés sur la ou les solutions à mettre en œuvre, accord qui manifestement n’existe pas aujourd’hui avec le projet A45 tel qu’il est. »

Et de conclure qu’il est urgent d’attendre pour « l’attribution de la concession » à Vinci.

Ce rapport préconise un « débat public multimodal » en 2019 sur « l’aménagement du nœud ferroviaire et des options de contournement routier de la métropole lyonnaise ».

« Il considère en effet que ce débat est de nature à permettre de dessiner les contours d’une solution d’ensemble consensuelle pour les déplacements entre les deux agglomérations qui pourrait être mise en œuvre d’ici 2025 et pour laquelle il propose de réserver 400 M€ [de l’Etat, ndlr] sur dix ans ».

Le rapport dessine « une solution acceptable par tous qui passerait par la combinaison de multiples solutions alternatives ». Parmi ces solutions, on trouve :

  • Des aménagements sur l’A47
  • Le renforcement des liaisons ferroviaires
  • Le développement d’offres favorisant les transports collectifs sur autoroute
  • Le covoiturage.

Les partisans de l’A45 cherchent des motifs de satisfaction

Dans un communiqué, le collectif des pro A45 a cherché des motifs de satisfaction.

Ce collectif, qui regroupe les CCI de la Métropole de Lyon et de la région, les syndicats patronaux Medef et CPME, et les organisations professionnelles du BTP, de la chimie et de l’artisanat, soulève des points de forme :

« Nulle part il est écrit dans le rapport qu’il faut abandonner le projet A45 ».

Certes, mais ce constat est vrai pour l’ensemble des projets d’infrastructures étudiés par le COI qui se borne a classé entre les projets urgents et ceux non-prioritaires. Les projets jugés non-prioritaires ne font pas l’objet d’une proposition de financement par l’Etat. Ce qui revient, de fait, à les abandonner pour, au moins, les dix prochaines années.

Le collectif A45 essaye ensuite de mettre un coin entre ce rapport et la décision qui sera prise par le gouvernement qui n’est pas lié par les conclusions de ce COI :

« Il appartient désormais à l’Etat de respecter sa parole en décidant de lancer le chantier de l’A45, tout en réfléchissant au meilleur débouché sur l’A450.

Parallélisme des formes oblige, Emmanuel Imberton, président de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne, « martèle » en conclusion du communiqué :

« Arrêtons, une fois pour toute, de croire aux illusions de scenarii alternatifs. S’ils existaient, les dizaines de rapports d’experts réalisés ces 25 dernières années les auraient évoqués… ».

On l’aura compris, dans leur esprit, la seule alternative à l’autoroute existante A47 surchargée, est l’A45.

Tracé de l’autoroute A45 ©Capture écran Alcaly

« La victoire » des opposants à l’A45

A l’inverse, les opposants à l’A45 crient « victoire ».

Dans un communiqué, ces opposants mettent notamment en avant la « mobilisation citoyenne » qui a abouti à ces conclusions.

« Le rapport de la Commission légitime les arguments des opposants qui ont toujours dit qu’il serait plus sérieux, efficace et moins coûteux, de s’appuyer sur les infrastructures existantes et de développer des alternatives soutenables ».

Mais ce collectif des anti-A45 n’en reste pas là, en demandant au gouvernement « d’abroger purement et simplement la Déclaration d’utilité publique qui date de 2008 » :

« C’est la seule manière de tourner définitivement la page de l’A45 et de consacrer les financements prévus à l’amélioration des modes de transport du quotidien dans les départements de la Loire et du Rhône. La coordination sera très attentive et mobilisée pour que la « Loi mobilités », qui va arriver au Parlement, ne fasse pas revenir par la fenêtre des projets inutiles comme l’A45 ».

Prochain rendez-vous, donc,  la loi sur les mobilités qui doit être votée ce printemps. Le sort de l’A45 sera alors définitivement scellé.

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