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Le vœu des échevins à Lyon : la Tradition contre la Laïcité

[DANS NOS ARCHIVES] Le 8 septembre, Lyon vaut bien une messe.

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Vœu des échevins du 8 septembre 2015. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, remet une médaille en or de la Ville de Lyon au cardinal Barbarin. Capture d'écran vidéo du Musée de Fourvière.

Depuis plus de quarante ans, tous les maires de Lyon ont renouvelé le vœu des échevins, une cérémonie politico-religieuse unique en France qui remonte au XVIIe siècle. Georges Képénékian, successeur de Gérard Collomb, ne fera pas exception. Au nom de « la Tradition ».

Les associations de défense de « la Laïcité » organisent un rassemblement de protestation.

Ce sera le jour de la fête de la Nativité et de la Vierge : ce 8 septembre, le maire de Lyon et des conseillers municipaux monteront au sommet de la colline de Fourvière pour assister à la messe donnée par l’archevêque de Lyon.

Le maire offrira un cierge et une médaille en or au cardinal Barbarin, lequel bénira ensuite la ville du haut de la basilique. Cette cérémonie politico-religieuse a pour nom le vœu des échevins.

Lyon, que l’on dit sous la protection de Marie

 

La tradition vient de cette histoire : le 8 septembre 1643, alors que la peste fait des ravages dans la région lyonnaise, les consuls-échevins (conseillers municipaux de l’époque) conduits par le prévôt des marchands (le maire) montent à Fourvière, à la chapelle dédiée à Marie.

La piété mariale est forte à Lyon et les échevins font une promesse : revenir tous les 8 septembre offrir au sanctuaire un cierge de sept livres de cire blanche et un écu d’or. Lyon est épargnée par la peste et les échevins mettent leur promesse à exécution.

Cette offrande annuelle est respectée jusqu’à la Révolution qui balaye les échevins et cette tradition politique catholique.

Le vœu des échevins est d’abord réinstauré en 1848 par le cardinal de Bonald pour réactiver la piété mariale. Il redevient une cérémonie officielle sous Vichy.

Après la Seconde Guerre mondiale, la messe perdure le 8 septembre mais les maires radicaux Justin Godard et, surtout, Edouard Herriot, ne se rendent pas à Fourvière.

Il faudra attendre son successeur Louis Pradel pour qu’un maire de Lyon retourne assister à cette messe politique.

Georges Képénékian : « Je ne fais pas allégeance »

Gérard Collomb y est allé, Georges Képénékian ira donc. En fidèle successeur, le nouveau maire de Lyon sera présent à la messe ce vendredi 8 septembre. Il s’en est expliqué à Rue89Lyon :

« Ce n’est pas au nom des traditions mais de La Tradition. Fourvière est un emblème, un totem pour cette ville. En tant que maire, je porte l’héritage de toute la ville ».

En tant que 1er adjoint au maire de Gérard Collomb, Georges Képénékian, était déjà présent aux côtés d’autres conseillers municipaux. Le préfet du Rhône, le gouverneur militaire ou Laurent Wauquiez participaient également à la messe.

Comme on le voit ci-dessous dans cette vidéo du Musée de Fourvière sur le vœu du 8 septembre 2015.

Pour Georges Képénékian, la laïcité n’est pas remise en cause :

« La laïcité ne consiste pas à interdire une religion. C’est de laisser croire ou non. […] Ce n’est pas parce que je vais au vœu des échevins que je fais allégeance. »

« Refusez de troquer l’écharpe tricolore contre la chasuble, fût-elle d’or »

À chaque rentrée, les défenseurs auto-proclamés de la laïcité voient rouge. Mais depuis un rassemblement au début de l’ère Collomb, aucune manif n’avait été rééditée.

Le changement de maire les a réveillés.

Dans une lettre ouverte, plusieurs associations somment le nouveau maire et les conseillers municipaux de « refuser de troquer l’écharpe tricolore contre la chasuble, fût-elle d’or ».

Un rassemblement a été déposé en préfecture le même jour, à la même heure (17h30), à une encablure de la basilique, sur l’esplanade de Fourvière.

Pour une fois unies, les associations laïques déroulent un argumentaire rôdé.

Roger Cordier, président du Comité 1905 Auvergne Rhône-Alpes, nous dit :

« Les élus n’ont pas à aller à une messe, en leur qualité d’élu, puisque l’article 2 de la loi de 1905 dit : La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte.

Pour Jean-Louis Kaigre, président du Cercle Maurice Allard :

« Ce sont des croyances moyenâgeuse remises au goût du jour par le Régime de Vichy. Le maire de Lyon pourrait suivre la tradition d’Edouard Herriot plutôt que celle-là. ».

Elliott Aubin, porte-parole du Poing Commun et conseiller d’arrondissement (France insoumise) du 1er, ajoute :

« C’est une forme de clientélisme qui mène au communautarisme. On s’oppose à ce genre de pratique comme on s’est opposé à la subvention accordée à l’IFCM

Georges Képénékian répond que sa présence ne vaut pas soumission du temporel au spirituel :

« Je vais au vœu des échevins en tant que maire de Lyon qui voit un archevêque bénir la ville ».

Ainsi soit-il.

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