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29/03/2024 date de fin
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Le dernier des hollandais se tourne vers… Emmanuel Macron

Nous sommes à quelques semaines de l’élection présidentielle et toute la France a été occupée par quatre ans de Hollande Bashing. Toute ? Non. Alain fait partie de cette poignée d’irréductibles.

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Une énigmatique affiche anti-Macron qui fait du leader d'En marche ! l'héritier de François Hollande. Photo prise à Oullins. ©DD/Rue89Lyon.fr

Hollandais orphelin (sauf surprise d’ici le 17 mars, fin des parrainages), Alain n’est pas allé voter à la primaire du PS et de ses alliés. Depuis plusieurs semaines, lentement mais sûrement, il se rapproche à grands pas de l’îlot Macron.

Il a 47 ans, 4 enfants, un appartement dans le 3e arrondissement de Lyon. Grâce à sa profession intellectuelle (qui l’oblige, dit-il, à garder l’anonymat) il est financièrement aisé et intéressé par la politique.

Il voulait revoter François Hollande

Depuis 2012, Alain soutient François Hollande. « Autant l’homme que sa politique ». Il vote « traditionnellement » centre-gauche.

Après avoir voté Mitterrand en 1988, Jospin en 1995 et 2002, Bayrou en 2007, il a donc voté Hollande en 2012 parce qu’il incarnait, selon lui, ce courant.

« J’aimais le personnage : son sens de la synthèse, son côté calme, et son caractère à l’opposé de Sarkozy. »

A l’heure du bilan, il n’est pas déçu. Pour lui, François Hollande a mené « un quinquennat sans éclat mais honnête ». Il a « bien conduit le pays », et fait « quelques réformes intéressantes ». Il cite le mariage pour tous, la loi travail dans une certaine mesure, et la Cop21.

Alain salue son action à l’international et sa gestion des attentats, mais dénonce sa hausse des impôts et son instabilité gouvernementale.

Le bilan reste globalement positif à ses yeux :

« Le mandat de François Hollande donne des résultats, qui ne sont pas commentés dans les médias, mais qui existent ; comme une baisse continue du chômage, faible mais réelle, une augmentation des services de l’État sur l’éducation ou la sécurité, et la réduction des déficits publics ».

Le 1er décembre dernier, lorsque celui-ci a annoncé qu’il ne briguait pas un seconde mandat, Alain a marqué « un peu » sa déception.

Une énigmatique affiche anti-Macron qui fait du leader d'En marche ! l'héritier de François Hollande. Photo prise à Oullins. ©DD/Rue89Lyon.fr
Une énigmatique affiche anti-Macron qui fait du leader d’En marche ! l’héritier de François Hollande. Photo prise à Oullins. ©DD/Rue89Lyon.fr

Emmanuel Macron plutôt que le candidat du PS

Pas de chance pour le Parti Socialiste : même les satisfaits s’en vont. Lors de la primaire de la Belle Alliance populaire, Alain est resté chez lui.

Pourtant, il dit « apprécier » la personnalité de Manuel Valls. Mais ce ne fut pas suffisant. Et pour cause, depuis quelques semaines, une candidature l’enthousiasme bien : celle d’Emmanuel Macron.

« J’aime son côté iconoclaste, hors des partis habituels. Je trouve qu’il incarne quelque chose de nouveau et avoir quelqu’un de jeune à la tête de l’État pourrait être intéressant. Je pense qu’il a des compétences économiques qui sont essentielles, comme savoir comment fonctionne le privé par exemple. »

En homme raisonnable, Alain affirme se plonger dans les programmes pour choisir l’élu de son vote. Mais pas seulement. Il trouve en Emmanuel Macron, un équilibre qui lui plaît.

Trop installé pour être révolutionnaire, Alain apprécie l’énergie et la sagacité de l’ancien ministre de l’économie.
Il semble avoir le visage de nombreux de ses supporters.

Bac+5 en sciences sociales, il vient d’un milieu bourgeois avec des parents médecins.

Il est né à Saint-Dizier et y a vécu jusqu’à ses 16 ans puis Paris. Il est arrivé à Lyon après la fac et y est resté pour le travail.
Il a toujours vécu dans un cadre « plutôt privilégié » mais a reçu une éducation avec la « valeur travail » avec ce refrain :

« On gagne son pain à la sueur de son front, on n’est pas contre l’aide sociale pour les personnes qui en ont besoin, mais on est vigilent face aux abus ».

Le revenu universel par exemple ne le séduit pas du tout. Mais la proposition de Marine Le Pen qui veut interdire l’école aux enfants d’étrangers en situation irrégulière le fait bondir.

« Que le pays soit gouverné par des élites »

La candidature d’Emmanuel Macron colle surtout avec deux critères indispensables pour Alain.
Son premier critère est la « pondération en toutes circonstances ». Alain se sent centriste, « pour l’esprit de synthèse ».

« Le centrisme, c’est considérer qu’il n’y a pas de dogme qui soit la vérité absolue. Quand on a la responsabilité de l’État il ne faut pas être extrême dans ses façons de faire ; mais considérer qu’il n’y a pas de dogme qui soit la vérité absolue. Et être capable de dire que des idées estampillées « à droite » ou « à gauche » peuvent être intéressantes à des moments donnés. »

En plus d’être un candidat « hors dogmes », ce dernier doit avoir « un beau CV » pour convaincre Alain.

« Je suis pour que le pays soit gouverné par des élites, des gens qui ont fait des études, qui sortent de l’ENA, et qui ont acquis des compétences. Un Président n’est pas là pour être empathique, ni savoir comment vivent les ménages. Mais pour gérer des choses au niveau macro. Pour le quotidien, il y a des élus de proximité, comme les maires, les députés etc.»

Et lorsqu’on lui demande si cela ne risque pas de créer une déconnexion avec le quotidien des français, Alain répond que c’est « un faux procès », et ne s’en inquiète pas, bien au contraire.

« Mon boulanger est connecté au quotidien, mais je ne le vois pas Président de la République. Tout comme moi d’ailleurs ».

Sortir de l’ENA, avoir précédemment occupé une fonction dans l’administration, est pour lui la garantie d’avoir un sens du service de l’État.

« L’inverse s’est ressenti lors de la présidence de Nicolas Sarkozy. Il prenait des décisions trop rapides, à l’emporte pièce, en matière de politique étrangère par exemple », explique-t-il.

Bref, ses critères collent parfaitement au leader d’En Marche !

À l’heure actuelle, à voix haute, Alain n’affirme que deux choses : qu’il ira voter ; et qu’il ne votera ni pour Marine Le Pen, ni pour François Fillon, ni pour Jean-Luc Mélenchon, ni pour aucun « satellite extrême ».

Pour le reste, « rendez-vous le 22 avril… » veut-il laisser croire. A voix basse, il n’assure pas (encore) qu’il donnera immanquablement son vote à Emmanuel Macron. Il dit qu’il « attend de voir ». En espérant fortement « ne pas être déçu ».

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