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29/03/2024 date de fin
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Pourquoi Laurent Wauquiez double-t-il la subvention régionale de Jazz à Vienne ?

Pour le nouveau président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Jazz à Vienne a été jusqu’alors sous-doté en argent public par la précédente majorité, « pour des raisons bassement politiques ».

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Crédits : Xavier Rauffet / Jazz à Vienne.

Et doubler les subventions jusqu’à 150 000 euros était le moins que Laurent Wauquiez puisse faire. De quoi réjouir le président du festival et maire Les Républicains de Vienne, Thierry Kovacs.

Crédits : Xavier Rauffet / Jazz à Vienne.
Crédits : Xavier Rauffet / Jazz à Vienne.

« C’est quand même le premier festival de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes« , martèle Laurent Wauquiez.

Le nouveau président de région en appelle à la comptabilité de Thierry Kovacs, qui a annoncé le chiffre record de 208 000 festivaliers, atteint lors de l’édition 2015.

Le président (depuis 2014) de Jazz à Vienne est désormais soulagé, lui qui est également maire de Vienne, conseiller régional depuis 2001 mais aussi président du parti Les Républicains en Isère depuis janvier dernier.

Avec ce nouvel exécutif au conseil régional, mené par son parti politique, Thierry Kovacs a enfin le sentiment d’être entendu :

« Jazz à Vienne, c’est une seule scène payante -celle du théâtre antique. Tout le reste est entièrement gratuit. Toute une partie de l’été, vous pouvez écouter du jazz dans toute la ville, il y a quand même 250 concerts. C’est ça que la subvention permet. »

Pour l’élu LR, la précédente mandature menée par le socialiste Jean-Jack Queyranne sous-estimait le travail mené sur le territoire viennois par l’événement culturel pour une seule et unique mauvaise raison : son étiquette politique Les Républicains.

« Il fallait corriger cela au plus vite, explique Laurent Wauquiez. Car c’était simplement du clientélisme ».

Un compliment que lui renvoie bien volontiers Farida Boudaoud, l’ancienne vice-présidente en charge de la Culture à la Région, aujourd’hui élue dans l’opposition. Elle utilise l’exact même mot pour qualifier cette généreuse hausse :

« Voilà, c’est le premier acte de clientélisme de Laurent Wauquiez. Et c’est sans doute le premier d’une longue liste. »

« 75 000 euros, c’était amplement suffisant »

Pour elle, il n’y avait pas lieu de doubler la subvention régionale verséé à Jazz à Vienne.

« 75 000 euros, c’était amplement suffisant. On subventionnait des actions culturelles menées sur le territoire, des choses que l’on suivait, pour le reste, le festival n’a pas besoin de la Région. »

Thierry Kovacs est loin d’être d’accord et s’est étranglé pendant des années en voyant d’autres événements ou structures, beaucoup plus confidentiels, subventionnés plus largement. Lui a fait évaluer les retombées économiques de Jazz à Vienne sur le territoire, et les fixe à 17 millions d’euros (pour les hôteliers, restaurateurs, etc.).

Mais Farida Boudaoud assume :

« Jazz à Vienne, c’est 80% de billetterie et plusieurs centaines de milliers d’euros de bénéfices. C’est un événement comparable à Musilac. On a toujours estimé que la collectivité n’était pas là pour soutenir des têtes d’affiche énormes, portées par des grandes majors. Bien sûr que l’on a versé des subventions plus importantes à des petites structures, car elles avaient bien plus besoin d’aide publique. »

Pour elle, Thierry Kovacs n’a pas de raison de soupçonner l’ancien exécutif d’avoir ignoré son territoire.

« Au contraire, il devrait se souvenir que l’agglo de Vienne a été la seule à bénéficier d’une convention patrimoniale signée avec la Région jusqu’en 2015. »

Pour autant, Thierry Kovacs avait hâte de voir un changement s’opérer à la tête de cette collectivité dans laquelle il siégeait jusque là en tant qu’opposant. Et il ne l’a pas caché. Lors de l’inauguration de l’édition 2015 de Jazz à Vienne, alors que la campagne électorale n’avait pas encore démarré, Thierry Kovacs avait présenté Jean-Jack Queyranne comme le « candidat socialiste », plutôt que comme le président de Région qu’il était encore à ce moment.

A venir, moins 10% de budget pour la culture ?

Laurent Wauquiez et quelques membres de son exécutif lors de la présentation du budget 2016 d'Auvergne Rhône-Alpes. Crédits : Rue89Lyon.
Laurent Wauquiez et quelques membres de son exécutif lors de la présentation du budget 2016 d’Auvergne Rhône-Alpes. Crédits : Rue89Lyon.

Laurent Wauquiez a donc abondé dans le sens du maire de Vienne, imaginant faire ainsi la preuve de son soutien à la culture. Le secteur va pourtant accuser le coup : il se pourrait que le budget dédié, qui atteignait quasiment 50 millions d’euros en 2015, chute d’environ 10% à 15%, au regard des économies que le nouveau président de Région compte bien réaliser (300 millions d’euros sur l’ensemble du mandat, dont 75 millions d’euros dès 2016).

Dans ce contexte, Thierry Kovacs peut donc se réjouir que Jazz à Vienne soit désormais mieux loti ; ce dont il convient volontiers :

« Cette hausse est fortement symbolique, dans ce contexte de restrictions ».

Nous avons demandé à Laurent Wauquiez, lors de sa conférence de presse dédiée au budget, s’il avait repéré dans la région d’autres événements culturels qui lui paraissaient aussi sous-dotés que Jazz à Vienne. Ce à quoi il n’a pas répondu.

Le vote du budget 2016 de la Région aura lieu mi-avril, date à laquelle on saura un peu plus dans le détail quelles structures devront se serrer davantage la ceinture.

En attendant, si vous avez envie d’écouter un peu de musique, plongez dans un aperçu de la programmation artistique de Jazz à Vienne 2016.

 

 

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