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Un auteur lyonnais publie son premier roman en passant par le Québec

Elie Maucourant est un lyonnais de 26 ans qui vient de publier son premier roman, intitulé « Marcheurs ». Ce récit policier, à l’univers proche du polar fantastique, sera distribué en France à partir du 20 août 2015 par un éditeur québecois. Pour un jeune auteur qui a démarché les maisons d’éditions depuis l’âge de 17 ans, c’est déjà un petit triomphe.

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Un auteur lyonnais publie son premier roman en passant par le Québec

Elie Maucourant est un jeune enseignant de Français fraîchement sorti de l’université Lyon 2. Depuis ses années lycée, il s’accroche avec ténacité à un horizon fabuleux : publier un roman.

Mais comme beaucoup, il a essuyé des refus en cascade. A 25 ans, après avoir tenté pendant huit ans de trouver un éditeur, il a l’idée d’envoyer son manuscrit à des éditeurs québécois. Et c’est là qu’il a décroché un premier contrat avec Québec-livres.

L'auteur du roman "Marcheurs", Elie Maucourant
L’auteur du roman « Marcheurs », Elie Maucourant, photographié en Irlande où il fait une partie de ses études ©DR

De la difficulté d’écrire une littérature fantastique en France

Si l’on écoute le néo-romancier, il aurait cumulé deux handicaps pour accéder à un éditeur français.

  • Les éditeurs français seraient extrêmement frileux en matière de littératures de l’imaginaire (fantastique, SF, fantasy, etc). Ils préféreraient réaliser des traductions d’auteurs anglo-saxons plutôt que de publier de l’original.
  • Les maisons d’édition répugneraient également à prendre le risque de publier un premier roman.

Pour Elie Maucourant, il y a forcément un problème dans « la machine éditoriale » :

« J’ai dû frapper à la porte de plus d’une centaine de maisons d’éditions. Pour les jeunes auteurs qui n’ont pas de piston, leur manuscrit finira sous une pile et ils seront lus, avec un peu de chance, dans six mois. »

Pour Jacques Simard, directeur général des éditions Québec-Livres, publier de jeunes auteurs n’est pas un problème, tout comme le genre fantastique. les deux constituent même un atout :

« Nous souhaitons publier entre 15 et 20 jeunes auteurs par année. Il faut semer pour récolter. Ce type de roman [fantastique, ndlr] est très populaire en Amérique. »

Et effectivement, la politique éditoriale québécoise tranche avec ce que l’auteur a connu en France. Deux semaines à peine après l’envoi de ses manuscrits au Québec (par email), Elie Maucourant reçoit la réponse positive de Québec-Livres.

Et les contacts avec les autres éditeurs québécois qui l’ont refusé ont été très différents de ce qu’il avait connu jusque-là en France :

« J’ai eu des directeurs de collection en chat Facebook, qui m’ont dit : « N’hésitez pas à nous relancer, on est là pour ça ». Je me suis senti en confiance. Quand on me refusait c’était toujours argumenté, ce qui est très utile. »

Par ailleurs, le contrat québécois est « confortable » : il lui assure 10 % des ventes en guise de droits d’auteur. 12 % au-dessus de 10 000 exemplaires. Là où en France, ces droits d’auteur oscillent entre 4 et 7 %.

Enfin la distribution s’effectuera au Québec et en France.

Un paradoxe : être édité au Québec et distribué en France

Le premier tirage du roman s’est fait à trois mille exemplaires, comme l’explique Jacques Simard, l’éditeur du romancier :

« Nous souhaitons vendre au Québec 1 500 exemplaires et autant en France. La majorité des lecteurs québécois lisent des romans provenant de France, sans soucis. En fait, il y a plus de livres français qui se vendent au Québec que d’ouvrages québécois. »

Dans ces conditions, le contrat québécois apparaît à l’auteur comme une véritable aubaine. D’autant que Québec-Livres dispose d’un réseau de distribution efficace avec son partenaire Interforum, second distributeur de livres en France, selon Lucie Laval, assistante commerciale du bureau Europe de Québec-Livres.

Cela permettra au livre d’être disponible dans un large panel de point de ventes.

Pour Elie Maucourant, l’apoplexie n’est pas loin :

« Ce qui est le plus fou c’est d’imaginer des gens qui me lisent. Et des deux côtés de l’Atlantique. »

Couverture de "Marcheurs"
Couverture de « Marcheurs »

Un roman ancré dans la vie lyonnaise

L’histoire du roman est ancrée dans la ville de Lyon. Mais ça n’a pas été un obstacle pour la publication au Québec, assure le directeur général des éditions Québec Livres.

Sur fond de musique métal et électro, l’histoire de « Marcheurs » nous plonge dans un univers d’anticipation violent, au rythme des émeutes des cités et de la répression policière. Le tout dans le Lyon que l’auteur fréquente ou a fréquenté :

« Je me suis dit : « Je vais faire le truc le plus réaliste possible et pousser le détail ». Voilà : la scène du Lyon’s Hall de Vaise et les pogos des concerts, je peux les décrire avec précision dans le roman parce que j’y étais. »

C’est ainsi qu’il place également une scène à la Traboule, le fameux local du groupuscule d’extrême droite identitaire, ou encore dans des bars de la vie nocturne lyonnaise comme le Big White. De la même façon, l’immeuble de Bron où loge le protagoniste est inspiré directement de celui la grand-mère de l’auteur.

Une « éponge » lyonnaise et irlandaise

Cette plongée dans un univers noir et réaliste est un tournant assumé par l’auteur. Avec « Marcheurs », Elie Maucourant a en effet changé d’angle d’attaque pour arracher cette première publication. Plutôt que des projets ambitieux de fantasy, il prend pour base le monde réel.

La seule entorse à ce principe de réalité sont les « Marcheurs », cette milice occulte aux pouvoirs paranormaux qui livre à des forces maléfiques un combat millénaire. Le classant de fait dans le genre fantastique.

« Je me suis dit que j’allais écrire, comme disait Montaigne, en faisant l’éponge – écrire avec tout ce qu’il y a autour de moi. Et je connais Lyon, je connais l’Irlande, je connais… l’alcool. »

Il le reconnaît maintenant : lorsqu’il a tenté à 17 ans de faire éditer son premier roman, son histoire n’était « pas mûre ». Justement, pourquoi si jeune ? Il raconte avec un sourire qu’il s’agissait pour lui d’essayer de « dépasser ses maîtres » :

« C’est un péché d’orgueil bien sûr, qui est une sorte de moteur dans l’écriture au début. J’aime bien cette idée là. Par exemple, je regardais les dates de publication des premiers ouvrages de mes auteurs fétiches, comme Dan Simmons ou Dantec, et je rêvais secrètement de les battre. »

Et ce n’est qu’un début car Elie Maucourant a déjà entamé la rédaction du tome 2 de « Marcheurs » avec l’accord de son éditeur québécois.

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