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#Vallslesait : la communauté de l’Internet libre à Lyon contre la « loi renseignement »

Rares sont ceux qui y comprennent vraiment quelque chose. Pourtant, le projet de loi sur le renseignement qui vient d’être présenté à l’Assemblée nationale suscite une levée de boucliers des défenseurs des libertés individuelles, inquiets par la possibilité d’une surveillance accrue des réseaux Internet.

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#Vallslesait : la communauté de l’Internet libre à Lyon contre la « loi renseignement »

A Lyon, un grand nombre des activistes des réseaux et des logiciels libres s’est agité ces derniers jours pour trouver un moyen d’alerter le citoyen. Spécialement celui que cette loi n’intéresse pas et qui opposerait aux critiques un « moi je n’ai rien à me reprocher ». » Avec un premier rendez-vous samedi 2 mai et un rassemblement à 15 heures sur la place des Terreaux.

Le très bon article d’Andréa Fradin sur Rue89 a posé sans fioriture l’un des principaux problèmes que l’application de la loi posera : quelle que soit la forme de l’algorithme choisie par le gouvernement, à la demande des services secrets, pour tourner dans l’Internet français dans le but de repérer les potentiels terroristes, « le dispositif sera coûteux, intrusif et inefficace ».

Cet algorithme devrait être diffusé à partir de « boîtes noires » agrippées aux tuyaux Internet des fournisseurs d’accès (Orange, Free ou encore Numericable…) et des hébergeurs (tels que Google ou Facebook). Objectif : lutter contre les actes terroristes, qui pourraient donc être déjoués avant d’être commis grâce à cette haute surveillance et au repérage d’éventuels suspects.

#Vallslesait

Crédits : DR/XKeycore.
Crédits : DR/XKeycore.

Sur Twitter, le compte « Lyon Surveillée » informe des actions menées par la communauté et a lancé le hashtag #Vallslesait, sur le modèle des détournements humoristiques qui avaient pullulé sur la toile à la suite de la révélation de la surveillance, entre autres, des bureaux européens par la NSA.

Maxime Crost, développeur lyonnais, est à la manoeuvre du rassemblement. Autour de lui se sont d’ores et déjà mobilisés les acteurs des logiciels et de l’Internet libres de Lyon, les membres de l’ALDIL (association lyonnaise pour le développement de l’Internet libre), du LOL (laboratoire ouvert lyonnais), de Framasoft (réseau de promotion du libre), ou encore d’Illyse (fournisseur d’accès indépendant). Les représentants du Parti Pirate en sont également.

Il espère trouver l’opportunité de parler d’un « problème plus grave qu’on ne le pense » :

« En tant spécialistes des droits fondamentaux, des droits sur Internet, de la neutralité du net, on a une forme de légitimité mais aussi de devoir d’informer sur ce projet de loi. Ce n’est pas en bradant nos libertés que nous allons les protéger. « 

Un discours également tenu par Laurent Chemla, cofondateur de l’hébergeur Gandi et responsable de La Quadrature du Net, association de défense des droits et des libertés sur Internet. Il est encore possible de s’opposer à une « loi délirante », écrit-il dans une lettre ouverte publiée sur bastamag.net. Pour lui le risque est clair : « vivre dans un pays dont la première des libertés vient d’être abolie ».

Faire un effort au nom de la sécurité ?

Le rassemblement sur la place des Terreaux à Lyon devrait donner lieu à des prises de parole sur ce projet de loi controversé. Vincent Mabillot, président de l’ALDIL, espère faire caisse de résonance :

« L’idée est aussi de faire signe à nos députés, de les alerter de nouveau pour qu’ils se mobilisent contre cette loi. »

Les députés de l’Assemblée nationale devront se prononcer par un vote public le 5 mai prochain.

Plusieurs élus ont été sollicités par les activistes lyonnais, par courrier. Pour l’heure, seul le député lyonnais socialiste Jean-Louis Touraine a répondu, via un courrier-type lapidaire affirmant que la loi ne doit pas susciter de crainte.

C’est d’ailleurs dans ce sens, depuis plusieurs jours, que le Premier ministre Manuel Valls s’applique à renforcer la communication autour de l’intérêt d’une surveillance accrue, se félicitant d’avoir vu depuis janvier cinq attentats déjoués. Et de s’appuyer sur l’arrestation d’un terroriste présumé, Sid Ahmed Glam ; on sait pourtant que ce dernier avait été détecté par les services de renseignement, sans l’aide de cet algorithme problématique.

Cette loi sur le renseignement a pour elle de faire le pont entre François Hollande et nombre de ses adversaires de droite. Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, s’est lui-même positionné en demandant aux citoyens qu’il semble trouver légèrement tatillons d’être un peu raisonnables :

« Il ne s’agit pas de renoncer à nos libertés. Mais il y a un effort à faire. Chacun peut bien le comprendre ».


Nicolas Sarkozy: « Il faut que la sécurité prime » par BFMTV

Mais au sein du gouvernement tout comme dans les rangs de la droite, il est loin de faire l’unanimité. Le projet de loi a été discuté à l’Assemblée nationale, il doit encore être examiné par le Sénat. François Hollande a annoncé qu’il comptait saisir le Conseil constitutionnel afin de soumettre tous les aspects de ce projet aux Sages.

Une première dans l’histoire de la Vè République, pour une loi considérée comme « ordinaire », d’autant plus étonnante qu’un projet de loi est censé être présenté devant les députés du Parlement après avoir vérifié qu’il n’enfreint pas les grands principes constitutionnels.

> Article modifié avec la nouvelle date du rassemblement place des Terreaux (qui n’aura pas lieu ce samedi 25 avril mais le samedi 2 mai à 15 heures).


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Image tirée du film de Steven Spielberg, Minority report (2002).
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