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La question qui énerve : Gérard Collomb devait-il inscrire ses enfants à l’école publique ?

Revue de commentaires /

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Gérard et Caroline Collomb, à la sortie de leur bureau de vote, dimanche 23 mars à Lyon. Crédit : Rue89Lyon

Cette question que nous avons posée ce vendredi 12 septembre, en reprenant une info de Tribune de Lyon, a doublement énervé.

D’abord parce qu’en apprenant le choix du maire PS de Lyon d’inscrire ses deux filles dans une école privée rythmée sur 4 jours par semaine, contrairement aux écoles publiques de la ville désormais calées sur 4,5 jours par semaine, les réactions négatives sont tombées en pluie, estimant en substance qu’un élu avait un devoir d’exemplarité.

Ensuite, parce que la question elle-même a soulevé l’indignation. Des riverains se sont exclamés : « on s’en fout », comme Mehdi Selim Aifa, lecteur assidu de Rue89Lyon :

« Franchement ! OSF (on s’en fout, ndlr) que les enfants de Collomb soient dans le privé ou pas ! Ce n’est pas le problème n°1. »

Ou encore delfin sur Twitter :

Ces riverains considérant à l’évidence que le choix de l’école pour ses enfants relève de la vie privée de Gérard Collomb. L’équipe du maire s’est d’ailleurs insurgée à la suite de cette vigie de Rue89Lyon et nous l’a fait savoir au lendemain de sa publication, rappelant que les filles du maire se trouvaient déjà dans le privé avant cette rentrée 2014/2015.

Tribune de Lyon n’avait pas dit autre chose. L’hebdo avait toutefois relevé que l’ancienne école privée des filles de Gérard Collomb fonctionnait sur 4,5 jours et que l’établissement intégré cette année, à la rentrée de septembre, fonctionne, lui, sur 4 jours, comme la loi le lui permet. Contrairement à toutes les écoles publiques de Lyon converties à la « réforme Peillon ».

 

« La scolarité dans le privé n’est pas gratuite, c’est un choix »

Gérard et Caroline Collomb, à la sortie de leur bureau de vote, dimanche 23 mars à Lyon. Crédit : Rue89Lyon
Gérard et Caroline Collomb, à la sortie de leur bureau de vote, dimanche 23 mars à Lyon. Crédit : Rue89Lyon

Sur le site de l’hebdo Tribune de Lyon, METI69 n’a pas envie de s’épancher sur le « cas de la famille Collomb », mais plutôt sur le fait que le privé puisse légalement s’écarter de nouveaux rythmes censés concerner l’ensemble des enfants en France :

« (…) Foutaises. Je ne lui demande pas de rendre compte de ses choix privés, je lui demande de mettre en œuvre une politique intelligente. Faudrait-il s’être remis d’un cancer pour être ministre de santé ? Faudrait-il être camionneur, marinier.. pour être ministre des transports ?

Gégé fait un choix que je ne veux pas, ou ne peux pas faire ? C’est son problème pas le mien, en plus la Loi le lui permet. Certes, il ne débourse pas les 380 euros (somme dépensée par les familles pour l’inscription aux activités périscolaires du vendredi après-midi, ndlr), mais la scolarité n’est pas gratuite -c’est un choix, je ne le plains pas.

En revanche notre problème commun est le fonctionnement démocratique de la vie de la cité. A mon sens, cela soulève deux questions (au delà de la scolarisation de ses gamines qui n’y sont pour rien) : 1-allons demander que soit mis en œuvre un pilotage au sein de chaque école et que, réforme oblige, nous en soyons (parents) acteurs responsables ? 2-je n’ai entendu personne s’interroger sur le bien-fondé qu’une réforme plus respectueuse du rythme des enfants (je tousse) ne s’applique pas aux gônes du privé… Il y a quelque chose qui m’échappe. »

 

La qualité de l’école publique en question

Des lecteurs, et ils sont les plus nombreux à s’être exprimés, ont franchement tiqué.

D’une part certains ont vu un problème d’ordre éthique dans le fait qu’un élu (de surcroît socialiste, comme le gouvernement qui a lancé la réforme) inscrive ses enfants dans le privé. Ne faisant donc pas la promotion d’un nouveau modèle républicain, partagé par le plus grand nombre.

D’autre part plusieurs autres ont toussé en constatant que le maire de Lyon ne vivait pas la même galère qu’eux, la mise en place des activités périscolaires du vendredi après-midi à Lyon étant encore chaotique, souffrant d’un manque d’animateurs et d’organisation.

Dans le débat, Bo Kennedy s’est empressé de prendre la défense du maire :

« Que la TdL (Tribune de Lyon, ndlr) se mêle des vraies affaires. Gérard Collomb se soucie peu de ce symbole et il a bien raison. Il n’est pas responsable des politiques d’éducation. Que le péquin moyen, comme j’en fais partie, ne puisse mettre son gamin dans le privé est une chose. Que celui qui en a les moyens préfère le privé en est une autre. »

Ce qui a provoqué la réponse courroucée de Vincent :

« C’est une honte. Vous voulez quoi ? Une école publique avec uniquement les plus pauvres dedans ? Quand je suis allé chercher mes enfants vendredi dernier c’était déjà catastrophique, les parents ont reçu des courriers pour leur dire que le tir serait corrigé et c’est toujours aussi mauvais ce vendredi. »

Certains ont dans le choix du maire de Lyon vu une forme de mépris et de condescendance, alimentant l’image d’élus vivant en caste, en dehors d’une population côtoyant majoritairement les établissements publics du secteur qu’elle habite. C’est bien la question de la qualité de l’école publique et de la confiance qu’elle inspire qui a été évoquée, avec des raccourcis plus ou moins pertinents.

L’entourage du maire nous a indiqué : « les choix qu’une famille fait pour ses enfants dépend de bien d’autres facteurs » que celui des nouveaux rythmes. Comme la qualité de l’enseignement, de l’encadrement ?

 

L’exemplarité d’un élu… socialiste

Noëlle d’Arcy, sous un lien partagé sur Facebook par le directeur de cabinet du maire du 6e et ancien directeur de campagne de Michel Havard (leader de l’opposition de droite à Lyon), s’exclame au sujet de Gérard Collomb :

« En bon socialiste il devrait suivre la règle et mettre ses gosses dans le public pour suivre les rythmes scolaires imposés par ses amis. »

Sur Twitter, l’info a circulé et le maire a été interpellé.

Les réactions ont été d’autant plus vives que le site d’info locale Lyonmag s’est embourbé dans une erreur, en affirmant que les enfants du maire étaient passés du public au privé justement cette année, suggérant que le choix pouvait être motivé par la mise en place houleuse des nouveaux rythmes que Gérard Collomb aurait voulu épargner à sa famille.

Toujours sur les réseaux sociaux, Gilles Gential (délégué du Parti Libéral Démocrate de la Loire) estime :

« On peut contester ses choix de Maire. Pas ses choix de père, tant qu’ils ne reposent pas sur les contribuables. »

 

 

L’opposition voudrait trouver un argument anti-Collomb

Sur Rue89Lyon, un riverain en profite pour demander au maire des moyens pour l’école plutôt que pour le rayonnement de la ville à l’international, dont on sait que le maire se préoccupe particulièrement :

« Un peu d’éthique et de cohérence c’est un minimum ! Quand même ! Et si cela pouvait permettre au maire de Lyon de mettre ses enfants dans le secteur public dans de bonnes conditions cela serait PARFAIT. Il suffit juste de consacrer des MOYENS à l’école publique sur Lyon plutôt que de rendre prioritaire un rayonnement qui de toute évidence ne profite pas aux enfants. »

Plusieurs élus d’opposition, du centre jusqu’au Front national, ont relayé l’information en s’indignant des informations relatives à la famille de Gérard Collomb. Sans préciser, bien sûr, si eux-mêmes ont fait le choix de scolariser leurs enfants dans le public ou dans le privé.

Dans notre vigie, nous ajoutions notamment qu’une pétition a été lancée en ligne, dans le but de propager l’information et portée notamment par un militant politique de centre-droit. Elle a recueilli 114 signatures en trois jours. L’instigateur de la pétition tient à signaler, via sa page Facebook :

« Un citoyen est libre et doit respecter la loi, cependant je pense qu’un élu doit être exemplaire et s’imposer à lui même ce qu’il propose aux plus grands nombre de ses concitoyens. En période de grand chaos moral c’est plus qu’une exigence c’est une obligation. 

Cela dit, je souhaite que les enfants du Maire restent dans leur école pour une autre raison, plus simple et plus humaine, quand tu es un enfant tu as des amis, une maîtresse etc… et il n’est pas raisonnable de priver les enfants de cela. 

C’était surtout une manière de mettre le doigt où ça fait mal et une manière de relancer le débat. »

>Mise à jour lundi à 20 h 36 avec les commentaires Facebook de Stéphane Sacquépée, militant centriste et chargé d’Anticor sur le Rhône, et de Gilles Gential, délégué du Parti Libéral Démocrate de la Loire.

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