Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Aidez-nous à réunir 100 nouveaux abonné·es avant le 29 mars 2024 !

Soutenez un journalisme de terrain qui se fait avec vous. Aidez-nous à réunir 100 nouveaux abonné⋅es avant le 29 mars 2024.

29/03/2024 date de fin
1 052 abonné⋅es sur 1 100

Rentrée scolaire à Lyon : des carottes râpées et du périscolaire-mystère au menu

Si l’on se rappelle l’un des objectifs visés par la réforme (réduire les inégalités entre les écoliers en proposant à tous une ouverture artistique, sportive…), pas sûr que le chiffre de 55% seulement des élèves de Lyon inscrits aux activités périscolaires constitue une bonne nouvelle. Le maire PS Gérard Collomb a toutefois voulu donner une image idyllique de sa rentrée scolaire, en faisant visiter une cuisine centrale flambant neuve, basée à Rillieux-la-Pape et qui livre en repas les 125 cantines scolaires de Lyon.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Bart Simpson à l'école. Capture

Bart Simpson à l'école.
Bart Simpson à l’école.

La moitié des élèves ou à peine plus : sur les 36 650 écoliers de Lyon pour l’année 2014-2015, 19 743 (au dernier comptage, c’est à dire la dernière semaine d’août) ont été inscrits aux activités péri-éducatives du vendredi après-midi.

Avec des inégalités sur le taux d’inscription selon les écoles. Anne Brugnera, adjointe au maire déléguée aux affaires scolaires, parle sans plus de précision de taux d’enfants inscrits au vendredi après-midi oscillant entre 30% et 70 %. Et concède que les taux les plus faibles se trouvent dans les établissements les plus populaires. A cause du coût des activités, payantes à Lyon ? Fixé selon le quotient familial, il ira de 2 euros à 19 euros par mois.

« Ce n’est pas une question de coût, selon Anne Brugnera, mais un défaut d’information. On ne désespère pas de voir plus de familles inscrire leurs enfants au fur et à mesure de l’année scolaire. »

Véronique Le Coarer, présidente de la FCPE du Rhône, fédération représentante de parents d’élèves plutôt classée à gauche, est loin d’être d’accord :

« Bien sûr que c’est le prix qui peut arrêter les familles ! Pas nécessairement celles qui paieront très peu. Mais celles qui sont au milieu, dans lesquelles il y a deux ou trois enfants concernés par le périscolaire. Parfois quelques euros à sortir en plus chaque mois, ça grève totalement un budget. »

 

Il manque une centaine d’animateurs pour le vendredi après-midi

La présidente de la FCPE du Rhône ne décolère pas lorsqu’elle parle de la mise en place de la réforme à Lyon. Le choix du vendredi après-midi lui reste en travers de la gorge :

« La réforme devait alléger les journées. Là, on en est loin. »

Pour Anne Brugnera, ce choix présente au moins deux avantages :

D’une part « pour la qualité des activités : regroupées sur 3 heures, elles seront plus intéressantes, elles pourront se faire en extérieur et les enfants pourront faire du sport. »
D’autre part, « pour les animateurs, il semble plus cohérent de les faire venir sur une après-midi plutôt que de leur faire faire une demi heure de métro pour trois quart d’heure de travail. »

Le partage des espaces dans les écoles, entre enseignants et animateurs, pourrait aussi poser  aussi problème. Et le maire de Lyon, pragmatique, d’ajouter sur cette question :

« Les salles de classe ne seront prises que le vendredi après-midi. Plus simple de bouger le mobilier pour une après-midi par semaine que tous les jours pour trois quart d’heure. »

Anne Brugnera assure que, « au pire, il y aura un adulte pour 20 élèves », au lieu de l’adulte normalement requis pour 18 élèves.

 

Et sinon, que feront les élèves ? Djembé, macramé ?

Comme partout ailleurs, les parents d’élèves de Lyon se demandent ce que signifieront dans les faits les mots de « nouveaux rythmes scolaires », à partir de ce mardi, jour de rentrée des classes. Impossible d’obtenir une réponse aujourd’hui. Le contenu des activités payantes dans les écoles de Lyon restera un mystère jusqu’à… ce vendredi. Pas la peine de sauter sur l’enseignant ce mardi, il n’en saura certainement pas plus que vous. Des référents issus des associations avec lesquelles la municipalité a travaillé pour lancer les activités devraient se trouver dans les enceintes des écoles ce jeudi -vous pourrez jouer à « Où est Charlie ? ».

En réalité, les propositions sportives, ludiques, artistiques (dans le meilleur des cas) dépendront quasi entièrement des compétences des animateurs qui ont été recrutés. La Ville de Lyon en a 1065 à ce jour dans son escarcelle. Il en manque encore une centaine pour assurer tout le service. La concurrence avec les autres communes a fait rage ; les animateurs ont eu tout le loisir de choisir leur lieu et leur commune de travail, toutes en forte demande.

Concernant leur niveau de compétences, Anne Brugnera jure qu’à Lyon, « on a été très exigent ». Ceux qui n’ont pas le BAFA, par exemple, devraient pouvoir obtenir des formations dans l’année. Mais pour l’heure, impossible de savoir si les écoliers sortiront de l’enceinte de l’école les vendredis après-midi pour faire du sport dans un gymnase, ou s’ils resteront dans leur classe pour enfiler des perles.

La Ville lancera un nouveau forum de recrutement dans le courant du mois de septembre, pour toucher les étudiants qui étaient jusque là en vacances ou pas encore arrivés à Lyon ; tandis que Najat Vallaud Belkacem expliquait ce lundi matin sur les ondes de France Inter que, « quand même, avec le nombre de chômeurs en France, on ne va pas dire qu’il y a des problèmes pour recruter. » Dont acte : le vide professionnel ici, la proposition là, ne reste plus qu’à connecter le tout.

 

« A Lyon, c’est toujours mieux qu’à Marseille »

La ministre de l’Education a fait lors de son passage en radio une grosse promo de la ville de Lyon, où elle a été élue et longtemps considérée comme une « protégée » de Gérard Collomb. Pour elle, la ville du Rhône s’est « donnée les moyens pour mettre en place la réforme des rythmes scolaires ».

Les maires n’y parvenant pas ailleurs en France, ou se plaignant de difficultés, n’auraient qu’à y mettre du leur. Najat Vallaud Belkacem n’a donc pas manqué de pointer du doigt Marseille, où le maire UMP Jean-Claude Gaudin fermera les écoles le vendredi après-midi.

En comparaison, Lyon est donc loin de passer pour un cancre dans l’application des nouveaux rythmes. Par ailleurs, en cumulant les 87 millions d’euros déboursés par la municipalité chaque année pour l’éducation et les 42 millions d’euros déboursés par an pour la petite enfance, il s’agit ici du premier budget de la Ville.

Mais Véronique Le Coraer, présidente de la FCPE du Rhône, estime que Lyon n’a pas assuré sa rentrée :

« On ne peut pas comparer Lyon et Marseille. Ce ne sont pas du tout les mêmes villes, les difficultés sont différentes et il ne s’agit pas de la même majorité politique. »

C’est justement parce que la gestion des nouveaux rythmes par Gérard Collomb a suscité une « grande déception » à la FCPE, que la fédération de parents d’élèves a choisi d’organiser sa prochaine réunion nationale à Lyon, « pour le symbole ».

 

Et des carottes râpées, à la cantine ce mardi

Sacs de couscous bio dans la nouvelle cuisine centrale qui livre 25 000 repas par jour dans les cantines scolaires de Lyon. Crédit : Rue89Lyon.
Sacs de couscous bio dans la nouvelle cuisine centrale qui livre 25 000 repas par jour dans les cantines scolaires de Lyon. Crédit : Rue89Lyon.

Dans les questions des temps péri-éducatifs, la cantine arrive en pôle position. Les personnels embauchés par la municipalité pour s’occuper des repas des élèves se sont très souvent mis en grève ces dernières années.

Cette fois, Gérard Collomb imagine éviter les mouvements sociaux. Des « encadrants » ont été engagés pour que les personnels se sentent plus écoutés, mieux… encadrés, moins donnés en pâture aux personnels de l’Education nationale « avec lesquels ils rencontraient des difficultés », selon l’analyse du maire de Lyon.

Côté assiette, les repas seront désormais délivrés depuis une cuisine centrale totalement neuve, tout juste ouverte et basée sur la commune de Rillieux-la-Pape (au Nord de Lyon). Et toujours par le groupe Elior.

D’après ce qu’on a pu voir ce lundi dans la brand new cuisine centrale, pour le menu de ce mardi à Lyon, ce sera certainement carottes (lesquelles sortent épluchées et lavées d’une énorme machine chromée, en deux minutes chrono). C’est toujours ça que l’on peut vous dire sur la rentrée de mardi.

 

Et si le prochain article que vous lisiez existait grâce à vous ?

Depuis 12 ans, à Rue89Lyon nous portons un journalisme de terrain qui se fait au plus proche de vous, de vos préoccupations et de votre vie. Aujourd’hui nous voulons faire plus. À l’heure de la défiance grandissante des citoyen·nes envers les médias, on veut vous impliquer dans la fabrique de l’information.

Nos enquêtes, ce sont vos histoires, vos combats et vos luttes. Mais aujourd’hui nous voulons vous donner encore plus de place dans la fabrique de l’info.

Engagez vous avec nous. Venez contribuer à faire le Rue89Lyon de demain.


#Anne Brugnera

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

À lire ensuite


aller encore à l'ecole
Partager
Plus d'options