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29/03/2024 date de fin
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A la manif lyonnaise « Jour de Colère », Alexandre Gabriac et ses nationalistes en force

Le collectif « Jour de Colère » n’a pas réussi son pari de mobiliser dans les huit villes de France où il organisait des manifestations. C’est à Lyon que l’affluence a atteint des sommets : 300 personnes dont environ une moitié de militants et sympathisants de groupuscules d’extrême droite radicale.

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Jour de Colere 009 © Pierre Maier

Jour de Colere 009 © Pierre Maier
Manifestation « Jour de Colère » à Lyon, dimanche 6 avril, place Carnot © Pierre Maier / Rue89Lyon

Les organisateurs, toujours anonymes, de « Jour de Colère », voulaient faire de ce premier week-end d’avril une réplique régionale à la manifestation nationale du 26 janvier dernier. A Paris, 16 000 personnes selon la police (dix fois plus selon les organisateurs) avaient défilé, dans un grand fourre-tout de revendications.
Ce fut un flop.

Dans les huit villes où il y avait des manifs, on comptait de 50 personnes à Dijon  à 120 personnes à Lille.

C’est finalement à Lyon que l’affluence a été la plus importante, avec 300 personnes. On est loin des milliers de personnes attendues.

Jour de Colere 003 © Pierre Maier
Un des dix Bonnets rouges du 69 © Pierre Maier / Rue89Lyon

 

A Lyon, dix Bonnets rouges pour une centaine de nationalistes

Dans la région Rhône-Alpes, Lyon devait être le théâtre de cette démonstration de force. Le rendez-vous était donné place Carnot (2e arrondissement), à 14 heures.

Les organisateurs lyonnais de « Jour de Colère » sont des Bonnets rouges du Rhône. Ils en avaient effectivement l’attribut (le bonnet) accompagné du « ras-le-bol fiscal ». Ils étaient une dizaine.

Derrière eux, il y avait ceux qui portaient une banderole pour défendre « la liberté d’expression ». On retrouve là des supporteurs de l’humoriste Dieudonné. Sur le parcours, ils ont entonné le « chant de la quenelle », geste de la « quenelle » à l’appui. Heureusement que les organisateurs avaient placardé sur les platanes de la place des affichettes où l’on pouvait lire :

« Jour de Colère n’accepte aucun slogan antisémite, homophobe ou à caractère raciste ! Qu’on se le dise ! »

Les manifestants de « Jour de Colère » ne considèrant pas la quenelle comme un geste à caractère antisémite.

Ludovic, Bonnet rouge, se présente comme un chef d’entreprise. Il refuse de donner son nom. Il officie au micro et fait partie de la dizaine de personnes qui ont organisé la manifestation. Il nous explique (voir la vidéo) que « Jour de Colère » est fait pour « coaguler des gens qui revendiquent ».


Vidéo : © Pierre Maier / Rue89Lyon

Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac donnent de la voix

Le Bonnet rouge Ludovic ne peut que constater la petite affluence. Mais il tient son explication :

« On a essayé de communiquer mais on est diabolisés. On nous qualifie d’« ultra-droite » ou de fascistes alors qu’on rassemble des Pigeons, des Bonnets rouges et des personnes qui défendent la famille. Chacun peut venir avec ses revendications ».

Son discours est invalidé par le déroulement de la manifestation.

Les participants et leurs slogans ont rapidement fait pencher la balance du côté de l’extrême droite radicale. Derrière les quelques Bonnets rouges, les anti-mariage gay ou les partisans de Dieudonné, se rangeaient une centaine de nationalistes, tous de noir vêtu, emmenés par Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti.

Derrière eux, on retrouve encore une vingtaine de membres de GUD et une dizaine d’identitaires. Si on ajoute quelques catholiques traditionalistes, toutes les chapelles étaient au rendez-vous. Seuls quelques slogans comme le fameux « Hollande démission » ont fait l’unanimité.

L’Oeuvre française, les Jeunesses nationalistes et leur chant antisémite

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La banderole nationaliste à « Jour de colère ». 3e en partant de la gauche, Yvan Benedetti (lunettes noires). © Rue89Lyon.

Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac ont défilé avec leurs hommes derrière une banderole au slogan pétainiste :

« Des révoltes à la Révolution Nationale ».

En gros caractère, le site Internet « Jeune Nation », qui sert de plateforme de ralliement suite à la dissolution en juillet dernier de leur deux organisations l’Oeuvre française et les Jeunesses nationalistes.

Avec cette manifestation, on a pu mesurer l’efficacité de cette dissolution qui n’a pas empêché Benedetti ou Gabriac de continuer leurs activités militantes.

Sans Alexandre Gabriac et ses fidèles militants à la croix celtique, il n’y aurait pas eu grand monde au défilé lyonnais de « Jour de Colère ». Et le conseiller régional exclu du FN le sait :

« A la Manif pour tous, ils ne nous veulent pas. Là, ils n’ont pas le choix. Ils ont besoin de nous ».

L’organisateur, Ludovic , n’est d’ailleurs pas du tout gêné par leur présence et leurs slogans (« Francs-maçons en prison », « gauchisme au goulag » ou « la rue, la France nous appartient »). Et il n’a certainement pas dû entendre le chant des « Lansquenets » et ce passage fameux :

« La croix celtique guidera nos pas Faïlala. Que crèvent les marxistes, les juifs capitalistes ».

A part ça, on s’en souvient, « Jour de Colère n’accepte aucun slogan antisémite ».

Le GUD veut également faire parler de lui

Mais entre groupuscules de l’extrême droite radicale, l’entente n’est pas vraiment cordiale. Alors, pour ne pas se faire tout à fait voler la vedette par son ex-ami Alexandre Gabriac, Steven Bissuel et une vingtaine de ses copains casqués du GUD ont tenté d’aller en découdre malgré l’important dispositif policier (une vingtaine de camions de CRS).

Ils ont cherché à atteindre le contre-rassemblement d’une trentaine d’antifascistes réunis place de la République (2e). Arrivés à quelques mètres, les gudards ont été encadrés par les policiers qui les ont ramenés place Carnot.

Il n’y a pas eu d’interpellations.

Le Collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite avait dénoncé dans un communiqué l’autorisation de cette manifestation :

« Si la liberté d’expression et la liberté de manifestation sont garanties en France, elles ne peuvent servir de prétexte à libérer la parole raciste, antisémite, homophobe ou sexiste. De tels propos ne sont pas de simples opinions mais bien des délits qui doivent être sanctionnés avec fermeté. »

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#Alexandre Gabriac

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