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« La Métropole de Lyon ne doit pas effacer les identités territoriales »

Tribune / L’apparition des métropoles marqueront à n’en pas douter le scrutin des municipales 2014. Mais soyons clairs, la Métropole de Lyon ne sera pas une réalité effective au seul motif que ses habitants s’y déplacent sans montrer leur passeport à chaque fois que le bus, le tram ou le métro ne traverse une commune. Si les frontières sont artificielles, les disparités sociales et les relégations géographiques sont, elles, bien réelles.

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Villeurbanne hôtel de ville surmonté d'un beffroi de 65 mètres, par Robert Giroud, Grand Prix de Rome.

Il ne suffira pas d’une réforme des intercommunalités et de simplifier les échelons locaux pour harmoniser les niveaux de vie des habitants de l’agglomération. Il faudra des politiques de solidarité plus fortes. En cela, défendre des modèles de gestion municipale différents ne relève en rien d’un « esprit de clocher » mais au contraire d’une lucide exigence de solidarité.

Villeurbanne hôtel de ville surmonté d'un beffroi de 65 mètres, par Robert Giroud, Grand Prix de Rome.
Villeurbanne hôtel de ville surmonté d’un beffroi de 65 mètres, par Robert Giroud, Grand Prix de Rome. Inscrit en 1991 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (inauguration : 1934).

Identités des territoires ou chauvinisme local ?

La métropole lyonnaise rassemblera un vaste territoire urbain et, en récupérant les compétences du conseil général, devra contribuer à l’allègement du mille-feuille territorial. Mais la re-centralisation des compétences à l’échelle métropolitaine remet en cause la place centrale des communes dans le maillage institutionnel français. Certains maires s’inquiètent que le cumul du mandat de maire et de la fonction de président de la métropole ne transforme le Grand Lyon en un champ magnétique qui ferait des communes alentours de simples arrondissements de Lyon. Il est vrai que les règles électorales de représentation auront du mal à traduire des réalités sociales distinctes.

Il ne s’agit pas d’affirmer une identité fantasmée et d’exacerber un chauvinisme local mais bien de respecter les spécificités qui caractérisent les territoires. Quelques chiffres suffisent pour témoigner notamment que les disparités entre l’Est et l’Ouest ne sont pas un mythe. L’écart entre les revenus net moyens des habitants varie du simple au double entre Vénissieux avec 15 035 €,  et Saint-Genis-Laval avec 29 971 € (source données : Insee 2009). Le taux de chômage varie lui aussi du simple au double atteignant jusqu’à 20% pour les communes de l’agglomération les plus touchées.

 

Lyon la bourgeoise et Villeurbanne l’ouvrière…

 L’unité politique induite par l’hégémonie de la ville centre dans la conduite des politiques publiques métropolitaines viendrait remettre en cause des expériences et des traditions politiques diverses. Prenons l’exemple de deux expériences municipales tout à fait différentes au cours du 20ème siècle. Côte à côte, les villes de Lyon et Villeurbanne ont pu expérimenter durant un siècle deux gestions municipales spécifiques.

A Lyon la bourgeoise s’est opposée Villeurbanne l’ouvrière, résumait en grossissant les traits Bernard Meuret dans sa thèse (1982), Le socialisme municipal :  Villeurbanne 1880-1982.

Si une ville comme Villeurbanne est demeurée autonome jusqu’à aujourd’hui, c’est par l’affirmation d’une différenciation politique marquée et légitimée par ses particularités socio-économiques. L’histoire ouvrière de la ville en fait un espace politique à part. La commune de Villeurbanne s’est affranchie de la ville centre jusque dans son architecture ; le quartier des Gratte-ciel témoigne à cet égard de sa singularité. Imaginez : Un centre-ville à vocation sociale !

 

Le pouvoir local = le laboratoire nécessaire

L’émergence d’un socialisme municipal dans l’Est lyonnais a marqué le territoire urbain qui constitue aujourd’hui la métropole. L’oublier reviendrait à se dispenser d’un outil majeur dans la marche en avant de notre société.

En effet, la politique municipale n’est pas une action marginale du combat politique et les villes gardent des leviers forts dans le rééquilibrage des rapports de force. La métropole doit accompagner ces efforts contre la relégation des catégories populaires en facilitant les transferts de richesses sans uniformiser les politiques municipales, tout en encourageant les expérimentations.

L’affirmation de projets politiques pluriels, éventuellement divergents du projet dominant est source de vitalité institutionnelle et d’innovation sociale. Face au triomphe d’une posture soi-disant réaliste, qui appréhende des logiques économiques comme des lois naturelles (auxquelles il faudrait nécessairement se soumettre), il est impératif de se rappeler le rôle d’un pouvoir local, d’aucuns diraient un laboratoire.

Par Jonathan Bocquet, doctorant en science politique, enseignant à Lyon-2 et militant au PRG.

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