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29/03/2024 date de fin
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2013 doit mourir, première partie

En lieu et place de l’habituel top 10 des films de l’année, voici une sélection – encore plus arbitraire – des temps forts cinématographiques des douze mois écoulés.

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2013 doit mourir, première partie

Meilleure scène : le monologue d’Harvey Keitel dans Le Congrès d’Ari Folman

Basculement irréversible d’un film-monstre, cette séquence s’impose non seulement comme un incroyable moment de cinéma aux émotions complexes et ambivalentes, mais aussi comme la mise en abyme ultime des relations entre le comédien, ses personnages, son métier, son aliénation par le metteur en scène puis par le public. Plus forts que la théâtralité maligne du Polanski, plus éloquents que 74 lettres d’explication d’Abdellatif Kechiche, le visage de Robin Wright et la voix d’Harvey Keitel livrent de concert les clés de compréhension d’un art en pleine mutation.

Pire scène : l’exorcisme des fantômes de porcs dans Pas très normales Activités de Maurice Barthélémy

Meilleur film d’horreur involontaire : The Act of Killing de Joshua Oppenheimer

À contrepied de toutes les modes documentaires, la caméra de Joshua Oppenheimer trifouille la psyché malade d’un ancien tortionnaire indonésien, jusqu’à ce que la contamination du mal se signale par des stigmates physiques chez cet affable grand-père tout sourire. Non content de remuer une tourbe historique nauséeuse, The Act of Killing se paie le luxe d’interroger la notion de divertissement par son exploitation en de mauvaises mains.

Pire film d’horreur involontaire : Tip Top de Serge Bozon

Meilleure fin : la dernière ballade d’Alabama Monroe de Felix Van Groeningen

No spoiler, bitches. Juste préciser que l’ultime scène de ce chef-d’œuvre établit définitivement la distinction entre pur mélodrame et pathos larmoyant, juste après avoir soldé de la meilleure façon possible son opposition entre spirituel et cartésianisme : en amour comme en deuil, la pulsion de vie vaut toutes les concessions.

Pire fin : La Marque des Anges – Miserere de Sylvain White

Meilleur climax : Le Dernier Pub Avant la Fin du Monde d’Edgar Wright

Deux terriens bourrés vs une intelligence extraterrestre dominatrice : à l’hilarante issue de ce combat déséquilibré, les gagnants ne sont pas forcément ceux que l’on croit dans cette fausse pochade, bien plus mature qu’elle ne voudrait s’en donner l’air.

Pire climax : Kick-Ass 2 de Jeff Wadlow

Meilleure moitié de film : Shokuzai – celles qui voulaient se souvenir de Kiyoshi Kurosawa

Les deux premiers épisodes de cette série télévisée promue au grand écran sont porteurs de gigantesques promesses, hélas non honorées par leurs successeurs. En un formidable regain d’inspirations thématique et visuelle, Kurosawa malaxent avec une habileté qu’on ne lui soupçonnait plus trop les malaises d’une société japonaise de plus en plus déshumanisée. Les trois épisodes suivants, remontés sous le titre Shokuzai – celles qui voulaient oublier, sont comme gangrenés par l’effacement identitaire et l’absence de repères qu’ils dénoncent, au point de céder à une transparence lourdement dommageable.

Pire moitié de film : une scène sur deux d’Only God Forgives de Nicolas Winding Refn

Meilleur montage : Cloud Atlas de Lana Wachowski, Andy Wachowski et Tom Tykwer

Planqué dans les valises de Tom Tykwer après son excellent boulot sur l’adaptation du Parfum, Alexander Berner a abattu un ouvrage colossal dont les décennies à venir ne devraient pas manquer de s’inspirer : les multiples narrations et sautes dramatiques s’entremêlent avec brio et évidence, au diapason du propos déterministe de l’œuvre imaginée par le romancier David Mitchell.

Pire montage : Tip Top de Serge Bozon

Meilleure photo : L’Ivresse de l’Argent de Im Sang-soo

Après les fabuleux The President’s Last Bang et The Housemaid, les qualités d’esthète d’Im Sang-soo n’étaient plus à démontrer. Le soin maniaque apporté à la composition de chaque plan, en collaboration avec son fidèle directeur de la photographie Kim Woo-hyung, fait encore une fois des merveilles dans cette chronique acerbe de la bourgeoisie industrielle, quitte à atténuer ses travers caricaturaux.

Pire photo : Tip Top de Serge Bozon

Meilleure actrice : Cate Blanchett dans Blue Jasmine de Woody Allen

Woody vieillit, et sa vision des « petites gens » (des frustes sans culture ni aucun goût mais avec un cœur gros comme ça) prête au mieux à sourire, au pire au soupçon de vulgarité coupable. Mais la performance sidérante de Cate Blanchett en bourgeoise alcoolo-névrotique sauve le film de la honte, ce qui n’est pas un mince exploit.

Pire actrice : Mélanie Laurent dans Insaisissables de Louis Leterrier

Meilleurs acteurs : Pilou Asbaek et Soren Malling dans Hijacking de Tobias Lindholm

Repérés dans la série politique danoise Borgen, Pilou et Soren participent pour beaucoup à la réussite subtile du thriller de Tobias Lindholm. L’un en cuistot otage, l’autre en patron improvisé négociateur : deux facettes aussi brillamment orchestrées l’une que l’autre de ce film passionnant, chantre des plus belles évolutions de personnages de l’année.

Pire acteur : Ashton Kutcher dans Jobs de Joshua Michael Stern

Meilleures imitations de Buzz l’Eclair et d’un chien chinois : George Clooney et Sandra Bullock dans Gravity d’Alfonso Cuaron

A l’exception de ces deux bémols un chouïa envahissants, ce tour de force cinématographique est sans conteste la plus grande expérience sensorielle de l’année, que ce soit en 3D, en 2D, en VF ou en VO – oui, j’ai vu les quatre versions pour être sûr.

Pire imitation de petit chiot perdu : Ben Affleck dans A la merveille

Meilleure bande originale : Inside Llewyn Davis des frères Coen

Toutes les émotions de la folk music rassemblées en un film-somme sur le sujet.

Pire bande originale : Dead Man Down de Niels Arden Oplev, pour son emploi intensif d’Eblouie par la nuit de Zaz

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