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L’ambitieux propos de la 12è Biennale d’art contemporain fera-t-il mouche ?

Réunissant une soixantaine d’artistes, la 12e Biennale d’art contemporain, « Entre-temps… Brusquement et ensuite », tentera de nous raconter des histoires autrement, à travers une multitude de formes nouvelles de « récits visuels ».

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« Making Chinatown » par Ming Wong, 2012. DR.

Qu’est-ce, en quelques mots, qu’une psychothérapie ? C’est réécrire une histoire qui vous colle à la psyché et aux émotions, c’est remettre un peu de jeu dans des significations figées, c’est rouvrir par les mots nos rapports aux choses (à « la chose » aussi), aux autres, à soi-même.

L’espèce humaine, au-delà de sa biologie, est tissée d’histoires (grandes et petites), de dits et de non-dits ; le «parlêtre» comme le désignait Lacan est parlé et regardé avant de pouvoir parler et voir. Ce n’est donc pas une mince affaire que se coltinent écrivains et artistes que de réinventer des formes (langagières ou plastiques) de narration. Cela touche immédiatement au fond, à la texture, à l’existence d’un bonhomme ou d’une « bonne femme ».

Ça vous rend un peu plus libre ou différent, ça ouvre quantité d’idées et parfois fiche un peu le vertige. L’art, en bidouillant des formes de récit, vous donne à trembler dans l’être, individuel ou collectif (politique), jamais bien éloignés l’un de l’autre.

De Poussin à Koons

L’histoire de l’art occidental est largement dédiée à cet effort, continu et discontinu (dans ses résultats, ses procédés), à raconter visuellement une histoire, non pas pour s’endormir, mais pour se réveiller, ou alors s’accrocher, le jour, à quelques rêves.

On pense bien sûr à la Renaissance et à la période classique (Poussin au premier chef), qui ont tracé un joli kaléidoscope de nos origines mythologiques ou religieuses. Et ça continue, un peu plus loin avec les Cubistes, les Surréalistes, la Figuration narrative et beaucoup d’autres…

On a pensé au XXe siècle, avec un théoricien comme Harold Rosenberg, que l’art moderne ne devait s’occuper que de ses propres moyens, gommer le plus possible ses impuretés extérieures (narration, représentation, expression de soi) et viser une sorte de pureté extra-terrestre, extra-humaine du moins. On a pensé un peu vite et des expositions récentes (comme Traces du sacré à Paris et Repartir à zéro à Lyon) ont tenté de montrer que même les artistes abstraits « représentaient » quelque chose de leur histoire et de la nôtre.


« Page 412 of the Great Art History », par Gustavo Speridiao, 2005.

Kvaran à la baguette

Né en Islande et directeur du Musée Astrup Fearnley d’Oslo, Gunnar B. Kvaran a choisi de relire-relier la création contemporaine sous cette perspective ancienne : la réinvention des structures et des formes narratives à travers les «récits visuels» des artistes. Artistes qui se déploieront en trois cercles dans les différents lieux de la Biennale d’art contemporain :

  • un noyau fondateur (Erró, Yoko Ono, Alain Robbe-Grillet)
  • des artistes célèbres avec lesquels le commissaire travaille régulièrement depuis quinze ans (Robert Gober, Jeff Koons, Fabrice Hyber, Matthew Barney, Paul Chan…)
  • de jeunes artistes méconnus nés après 1975

L’enjeu est excitant, le propos fondamental. Sa réussite concrète relève d’une tout autre histoire, qui sera révélée début septembre…


Art Institute Installations : Robert Gober.

Par Jean-Emmanuel Denave, sur petit-bulletin.fr.

> 12e Biennale d’art contemporain de Lyon, du jeudi 12 septembre au 5 janvier 2014.


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