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Pour les étudiants sans-papiers, la régularisation "c'est maintenant"

DANS NOS ARCHIVES / Luis est sorti jeudi du centre de rétention mais la mobilisation continue pour demander la régularisation de cet étudiant péruvien inscrit en Master 2 à Lyon 1. Un collectif d’étudiants étrangers, soutenu par le Réseau Universités Sans Frontières (RUSF) organise un rassemblement de soutien ce vendredi à 17h30, devant la préfecture de Lyon. Nous republions un article du 26 juin au sujet de recours gracieux déposés auprès du préfet du Rhône pour obtenir des papiers.

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« L’élection d’une nouvelle majorité nous a redonné de l’espoir ».

Du bout des lèvres, Omar exprime les « rêves » des étudiants étrangers sans-papiers lyonnais : être régularisés à l’issu d’un dépôt collectif de dossiers à la préfecture du Rhône.

Du fait de la politique restrictive en matière de visas étudiants, Omar a poursuivi ses études de langues, engagées au Maroc, avec un visa de tourisme. Mais après quelques mois, son visa ayant expiré, il s’est retrouvé sans-papiers.

« Personne ne le sait dans ma fac. C’est comme si vous aviez une épée de Damoclès au dessus de la tête : à tout moment, je peux être contrôlé dans la rue et être expulsé ».

Omar, comme ses camarades, redoute tellement de se faire arrêter au guichet de la préfecture, qu’il n’a pas déposé individuellement de demande de titre de séjour.

A la suite de la mobilisation contre la circulaire Guéant du 31 mai 2011 (qui restreignait la possibilité pour les étudiants étrangers diplômés de travailler en France), Omar lance avec l’appui de RUSF un collectif d’étudiants étrangers. L‘abrogation de la circulaire le 31 mai dernier par la nouvelle majorité, finit de les convaincre que le « changement » peut aussi les concerner.

« On redouble trois fois, c’est une expulsion »

Boris a un avion pour le 7 juillet pour rentrer au Cameroun. C’est la Police Aux Frontières (PAF) qui lui a annoncé lundi. Assigné à résidence depuis plus de deux mois à la suite d’une Obligation à quitter le territoire français (OQTF) reçue en mars, il va être expulsé.

Inscrit en troisième année de licence économie et gestion à Lyon 2, il a mis deux ans pour obtenir sa première année et il lui reste un trimestre de deuxième année de licence à valider :

« En août, j’ai reçu un courrier de la préfecture me disant que si je ne validais pas le semestre manquant, je serais expulsé. Mais je n’ai même pas eu le temps de passer mes examens. En mars, j’ai reçu une OQTF ».

La circulaire du 7 octobre 2008 sur les étudiants étrangers encadre la manière dont les préfets doivent évaluer le caractère « réel et sérieux » des études pour délivrer les titres de séjour.
En pratique, les étudiants ont cinq ans pour obtenir une licence et la préfecture peut, à tout moment, ne pas renouveler un titre de séjour si elle estime que les études ne sont pas « sérieuses ».

Comme pour Liamine. Arrivé en 2007 du Sénégal, il a obtenu une licence de maths à l’université d’Amiens. Il s’est ensuite inscrit à l’Institut des Sciences financières de Lyon 1. Mais il a dû arrêter momentanément ses études, faute d’argent :

« En juillet quand je me suis réinscrit, la préfecture m’a donné un premier titre de séjour pour six mois. Mais en décembre, ils ont refusé de me le renouveler, sans que je comprenne pourquoi, alors que je n’ai même pas terminé mon année ».

 

« On doit travailler pour nos besoins primaires »

Les étudiants du collectif que nous avons rencontrés expliquent leur redoublement par la nécessité de travailler. C’est le cas de Liamine :

« J’ai arrêté mes études pour satisfaire mes besoins primaires, manger, payer des tickets de transport en commun. »

Ouvriers dans le bâtiment, plongeurs dans la restauration ou techniciens de surface, ils enchaînent les petits boulots. Ce qui n’est pas, comme pour n’importe quel étudiant, sans conséquence sur leurs résultats scolaires. Boris raconte que c’est la cause de ses difficultés rencontrées en licence :

« J’ai travaillé pour payer mes études. Mais ça, la préfecture ne le voit pas. On fait tourner l’économie et on paye nos impôts en France. On ne demande pas la charité ».

« Des visas après les études »

Haythen est dans une autre situation. Ce Tunisien a fait un BTS en informatique industrielle puis a commencé une licence en informatique à Lyon-1.
Parallèlement, il s’est fait embaucher sur un poste qui correspond à sa formation. Après un mois et demi d’intérim, il a pu signer un CDI. Son employeur fait ensuite les démarches auprès de la DIRRECTE (le ministère du travail) pour obtenir l’autorisation définitive. Double refus : Haythen a perdu son emploi et son titre de séjour.

« On demande que le fait d’être inscrit à l’université ou dans une école supérieure donne droit à un titre de séjour. Mais aussi qu’un étudiant puisse changer de statut administratif pour avoir droit à un titre de séjour salarié pour bénéficier d’une expérience professionnelle comme la réaffirmé la circulaire du 31 mai 2012 qui abroge la circulaire Guéant », expose Nicolas, militant RUSF.

Le collectif des étudiants étrangers aimerait également un changement de loi dans ce sens. D’autant que, selon certains d’entre eux, certaines filières font du zèle et refusent des inscriptions si l’étudiant n’a pas de titre de séjour en règle.

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