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29/03/2024 date de fin
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Peut-on interdire les maraudes xénophobes des identitaires auprès des SDF?

Voici le dernier coup de com’ des identitaires : organiser des maraudes pour les « SDF Français de souche ». Une action qui rappelle la distribution de la « soupe au cochon » que le préfet de Paris avait interdite en son temps.

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Mardi 22 janvier. Conférence de presse des identitaires à Lyon. Au centre, Damien Rieu porte-parole national. Crédit : Laurent Burlet

« On n’avait pas prévu de faire de tournée ce soir. On va le faire parce que plusieurs médias nous l’ont demandé ».

Pour le lancement national de leur action « auprès des SDF Français de souche », le porte-parole de Génération identitaire, Damien Rieu, ne s’est pas caché derrière son petit doigt. L’important pour lui, c’est la médiatisation du message politique. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue mardi soir dans leur local du Vieux Lyon, les militants d’extrême droite ont raconté les tournées (ou maraudes, comme on dit dans le jargon social) qu’ils feraient depuis le week-end dernier.

A bord d’une voiture, ils distribuent nourriture et couvertures, à la recherche de « SDF Français de souche » qui seraient victimes, selon eux, de discrimination à l’entrée des centres d’hébergement d’urgence. Sans que le porte-parole des identitaires ait été capable d’expliquer comment on distingue un SDF Français de souche d’un autre.

Habitués des coups médiatiques, comme l’occupation de la mosquée en construction à Poitiers, les identitaires annoncent une présence sur le terrain une fois par semaine dans toutes les villes où ils sont « suffisamment implantés ».

Discrimination et instrumentalisation

Dès l’annonce de ces tournées, organisées au mépris de toutes les chartes d’éthique qui encadrent généralement ce type d’action sociale, le responsable du SAMU Social de Lyon a dénoncé l’instrumentalisation des SDF à des fins politiques.

Considérant cette distribution alimentaire comme discriminatoire, le Collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite a demandé l’interdiction de ces tournées. Mais elle ne serait pas si évidente à obtenir.

Les odeurs de la « soupe de cochon »

De 2004 à 2006, plusieurs associations proches des identitaires avaient organisé des distributions de soupe de cochon. La Halde (aujourd’hui Le Défenseur des droits) et le tribunal administratif de Paris avaient jugé cette démarche discriminatoire.
Le slogan des identitaires était le même qu’aujourd’hui : « les nôtres avant les autres ».

Comme à cette époque, ces militants d’extrême droite rejettent le caractère discriminatoire de leur démarche. Adepte du double discours, Damien Rieu affirme qu’ils ne font pas « demi-tour » s’ils ne rencontrent pas de « SDF Français de souche » au cours de leurs tournées.

Une interdiction au nom de l’ordre public

Le préfet de police de Paris avait pris un arrêté en 2006 dans lequel il affirmait le caractère discriminatoire de la « soupe de cochon », en s’appuyant notamment sur l’avis de la Halde. Mais il fondait essentiellement l’interdiction sur le « trouble à l’ordre public » qu’une telle distribution de nourriture n’aurait pas manqué d’entraîner. Le Conseil d’Etat avait confirmé cet arrêté.
Alors, « soupe de cochon » et « maraude pour SDF Français de souche », même combat ? Le préfet du Rhône peut-il (et veut-il) suivre l’exemple de son homologue de Paris ?

« Méchante bêtise xénophobe »

Lors de ses voeux à la presse, le même jour que la présentation du projet identitaire, le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, a qualifié ces maraudes discriminantes de « méchante bêtise xénophobe ». Il a toutefois rejeté l’opportunité d’une interdiction. Pour deux raisons : sur un plan juridique, il estime qu’il ne pourrait pas caractériser le « trouble à l’ordre public » car il n’y a pas de « lieu fixe » de rassemblement. Les tournées auprès des SDF étant par définition mobile.
Sur un plan politique, il ne veut surtout pas « leur faire de publicité ». Vu le nombre de journalistes présents à la conférence de presse de mardi, le mal est déjà en passe d’être fait.

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