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29/03/2024 date de fin
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A Lyon, Duflot veut des caméras pour rencontrer les SDF

En pleine campagne médiatique pré-hivernale pour promouvoir son « plan d’urgence » sur l’hébergement, Cécile Duflot faisait une halte, ce jeudi midi, à Lyon. Les caméras ont pu filmer une ministre du logement montrant toute sa sollicitude à l’endroit des SDF logés par l’Armée du salut.

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A Lyon, la ministre du logement Cécile Duflot à la table du restaurant social la « Cité » de l’Armée du Salut, le 18 octobre ©Maxime Jegat / Maxppp

Après la presse écrite (un entretien dans La Croix paru ce jeudi matin), la ministre du logement (EELV), Cécile Duflot, avait certainement besoin d’images pour les JT de 20 heures. En matière d’hébergement d’urgence, elle veut faire passer le message qu’une nouvelle ère est arrivée et qu’on est « sorti de la politique du thermomètre ». Finis donc les foyers ou les gymnases qui n’ouvrent que pour la période hivernale ? Telle est la volonté politique. Une circulaire devrait aller dans ce sens.
Sur le terrain, les acteurs se sont montrés plutôt réservés et évoquent déjà des limites quantitatives pour la rallonge annoncée de 50 millions d’euros. Ils l’ont fait par la voix de la principale fédération du secteur.

 

Les caméras pour un bébé et une tablée de SDF

A Lyon, pour sa visite d’un centre d’hébergement de l’Armée du Salut, flambant neuf, le choix était clair : à huis-clos, la rencontre avec les directeurs des principales associations mettant en oeuvre le plan d’hébergement d’urgence ; mais devant la vingtaine de journalistes, la rencontre avec les résidants de l’Armée du Salut.
Et la ministre a eu de la chance. Elle a pu croiser une poussette avant de monter rejoindre pour un entretien privé les associations-jamais-contentes. Flash des photographes et caméras qui tournent. A la sortie de la réunion, l’attachée de presse de Cécile Duflot avait bien balisé le terrain : une place avait été libérée à la table du restaurant social pour que la ministre taille la bavette avec les SDF.
Alors que plusieurs dizaines de personnes faisaient la queue pour accéder à la cantine (calibrée pour 400 repas/jour et qui en sert aujourd’hui 1200), les caméras et appareils photos ont pu immortaliser la conversation de cinq minutes qu’elle a eue avec quelques personnes en train de manger.
En sortant du resto social, et avant de répondre aux questions des journalistes, elle est tombé sur un jeune couple et leur nourrisson. Cécile Duflot n’a pas pu résister et a pris le bébé dans ses bras. Re-flashes et caméras.
Après le départ des officiels, nous avons rencontré le résidant de 28 ans qui s’est trouvé assis en face de la ministre. Celui-ci lui a parlé des plans froids « qui laissent toujours des gens à la rue » et de certains foyers de Lyon où l’on « attrape la gale ». Il l’a surtout alertée sur sa situation personnelle et nous la raconte :

« J’ai passé cinq ans à la rue. Là, je suis depuis un an en foyer. Mais je risque de me retrouver encore la rue. La ministre a promis qu’elle ferait quelque chose pour rénover les foyers et pour moi ».

Mais il ajoute, un brin dépité :

« Les politiques font beaucoup de promesses ».

Duflot booste « insuffisamment » le plan froid

Lors du point presse de dix minutes à peine, la ministre du logement a défendu son « plan d’urgence » de 50 millions d’euros pour l’hébergement des sans-abri.
Au niveau local comme au niveau national, des voix commencent à se faire entendre jugeant « insuffisant » cette annonce. Le président régional de la Fnars (fédération nationale des associations de réinsertion sociale) a fait les comptes : Rhône-Alpes percevra 3 millions d’euros.
« Des cacahuètes », selon Patrick Bédiat.
Rien qu’à Lyon, tous les soirs entre 300 et 400 personnes se retrouvent « sans solution » après avoir appelé le 115. On s’attend à une augmentation de la demande d’hébergement d’urgence avec la chute des températures.
Cécile Duflot en a bien conscience :

« Les besoins sont immenses, c’est certain. Nous sommes dans une situation budgétaire extrêmement contrainte. Aujourd’hui, le budget de l’hébergement d’urgence va augmenter en 2013 : plus 13% par rapport à 2012 ».

Et pour donner du baume au coeur aux associations prestataires de l’Etat en la matière, la ministre annonce une fois de plus la mobilisation du patrimoine de l’Etat.

Dans l’agglomération lyonnaise, l’ancienne caserne de gendarmerie de Bron devrait notamment être utilisée.
Au total, 810 places devraient être ouvertes pour la période hivernale contre 650 pour le plan froid de l’année dernière. Le directeur de l’association Hôtel social, Gérard Rougier, est catégorique :

« On ne sera pas à la hauteur des besoins ».

Mais la ministre répond en formulant une nouvelle promesse :

« Pour l’instant les places qui seront prochainement ouvertes sont les places qui répondent aux besoins tels qui sont identifiés aujourd’hui. Mais si, comme il est constaté depuis le mois de septembre, la tendance est à l’aggravation de la situation alors on trouvera les moyens ».

Avant de préciser que « des solutions plus pérennes et moins coûteuses » devaient être trouvées. Si on prend la ministre au pied de la déclaration, plus aucun gymnase ne devrait être ouvert pour accueillir les SDF. Rien n’est moins sûr.

 

Une circulaire anti-expulsions locatives ?
La ministre du logement a annoncé qu’elle co-signerait avec son collègue de l’Intérieur une circulaire pour que tous les locataires « bénéficiaires prioritaires Dalo (Droit au logement opposable) ne soient plus expulsés ». « On est dans une situation schizophrénique où la loi nous oblige à loger ces personnes. Mais la loi oblige également à expulser ces personnes », a-t-elle ajouté.

 

 

 

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