Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Révocation de Michel Neyret : la chute du super flic continue

Sorti des rangs

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


[Mis à jour] Il s’est expliqué mardi septembre  devant le conseil de discipline de la police. Michel Neyret, l’ex-numéro 2 de la police judiciaire de Lyon, mis en examen pour trafics d’influence et de stupéfiants, a finalement été révoqué le vendredi suivant, par le ministre de l’Intérieur, à qui revient la décision finale, ayant décidé de suivre la requête faite par l’instance disciplinaire.

Neyret-Conseil-Discipline

© Christophe Morin/Maxppp. Michel Neyret devant le ministère de l’Intérieur ce mardi 4 septembre, avant son passage devant le conseil de discipline de la police.

Le conseil de discipline ne devait pas, en théorie, fonder son enquête administrative sur les éléments d’une instruction judiciaire lancée en octobre 2011 et toujours en cours. Pourtant, c’est bien sur des « cadeaux » acceptés de la part de truands et des « faveurs » accordées en retour que l’ex-super flic de 56 ans a dû s’expliquer. Michel Neyret a concédé devant les juges d’instruction avoir dépassé les bornes, avec quelques criminels passé du statut d’indicateurs à celui d’« amis ». Un «manquement à la déontologie», donc. La défense de Neyret consiste à se présenter en victime d’une politique de transparence nouvelle dans la police, obligeant à répertorier et cadrer au plus près les relations entre flics et indics, loin de sa façon de procéder, en « flic à l’ancienne« .

Interrogé ce mercredi 5 septembre sur France Info, Jean-Paul Megret, secrétaire national du syndicat indépendant des commissaires de police, a refusé de voir dans les déboires de son ex-collègue Michel Neyret une remise en cause de ce qu’on pourrait appeler des « méthodes à l’ancienne »:

« Ce ne sont pas des problèmes de méthodes à l’ancienne contre des méthodes modernes. Il était dans l’amitié avec le banditisme (…). Ce n’est pas une histoire professionnelle mais une histoire personnelle. »

Laquelle aura, selon le représentant syndical, complètement « bouleversé l’institution ». Pourtant, quatre des anciens directeurs de Michel Neyret sont venus hier apporter leurs témoignages en sa faveur. Parmi eux, Bernard Trenque, ancien patron du SRPJ de Lyon et de la police scientifique à Écully et Gérard Girel, ancien directeur central de la police judiciaire. Des comités de soutien, composés essentiellement de policiers, se sont montés en nombre au lendemain de son arrestation. Par réflexe corporatiste. Mais aussi parce que Michel Neyret a longtemps porté l’étiquette de « meilleur flic de France », posant volontiers pour la presse à côté de prises record de drogue, prêt à raconter le film comme un scénariste de série télé.

Deux journalistes du Point, qui ont échangé ce mardi avec Michel Neyret avant son audition devant le conseil de discipline, racontent que, pendant l’entrevue, un gardien de la paix est venu lui souhaiter « bonne chance ».

 

A l’issue de la comparution, « très attendue » par Michel Neyret, selon ses avocats, devant le conseil de discipline, c’est la sanction la plus lourde qui a été choisie à l’encontre du commissaire : la révocation. Habituellement, le premier ministre, en charge de donner la réponse finale, suit les décisions de l’instance disciplinaire, et . Cette fois, Neyret, embourbé jusqu’au cou dans une affaire qui n’a pas fini de faire parler d’elle, devrait définitivement sortir du corps de la police. Là où, d’après l’expression employée auprès des journalistes du Point, il aurait mangé « du miel pendant 32 ans« .

Remis en liberté  le 23 mai dernier et placé sous contrôle judiciaire, il est logé actuellement dans un village de l’Est de la France, près de Nancy, avec interdiction d’entrer en contact avec les personnes liées à l’affaire, dont son épouse. On a revu l’ex-commissaire dans des images prises par France 3 Lorraine, svelte, portant ses éternelles chemise immaculée et paire de lunettes noires, avançant d’un pas souple et le regard lointain. Presque iconique, pour une réalité bien différente : Michel Neyret doit pointer chaque jour à la gendarmerie du secteur. L’enquête devrait se poursuivre pendant encore plusieurs mois.

>Article mis à jour à la suite de la décision de révoquer Michel Neyret 

 

Aller plus loin

Le style Neyret, en son et en images sur Rue89Lyon

 


#Lyon

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options