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A Lyon, Jean-Marie Le Pen réunit toutes les familles d’extrême droite

Exclus ou alliés du FN, les représentants lyonnais des différents courants d’extrême droite se sont rendus au meeting de Jean-Marie Le Pen, ce mercredi soir à Lyon, en vue du premier tour des élections législatives.

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© Alexander Roth-Grisard / MaxPPP – Lyon

Parmi les 300 personnes présentes au meeting de Lyon, un sympathisant frontiste de 75 ans nous a confié regretter le temps où Jean-Marie Le Pen n’était pas seulement le père de sa fille, où les salles étaient davantage remplies :

« Il n’y avait pas toutes ces exclusions et puis ils parlaient mieux ».

Ils parlaient peut-être mieux mais en tout cas ceux qui aujourd’hui s’expriment dans un langage honni par « Marine » étaient présents pour saluer le père. Deux des principales victimes de la tentative de dédiabolisation du FN version Le Pen-fille se sont montrés au meeting du père. Sans aucun problème alors qu’ils représentent une famille concurrente du FN.

Victime de la politique de dédiabolisation du FN, l’exclu Yvan Benedetti, ex-bras droit de Bruno Gollnisch (lui-même ex-challenger de Marine Le Pen à la présidence du FN), est venu saluer, nous dit-il, le « représentant véritable du nationalisme » :

« On n’est pas dans la dédiabolisation. Il a parlé vrai ».

Yvan Benedetti, l’actuel dirigeant de l’Oeuvre Française (un parti qui se réclame de Pétain) a particulièrement apprécié les propos de Jean-Marie Le Pen sur la colonisation. Lequel a déclaré :

« On leur a inculqué que la France était coupable à leur égard. Je peux vous le dire : je suis fier de la colonisation française. S’il en fallait une preuve, elle est dans l’immigration de nos anciens territoires coloniaux. Si nous avions été des abominables, pourquoi auraient-ils quitté leur pays pour venir chez nous ? »

Ce fut la séquence la plus applaudie du discours d’une heure. Davantage que lorsqu’il a traité François Hollande de « jean-foutre » parce qu’il refuse de recevoir Marine Le Pen à l’Elysée.

Jean-Marie Le Pen en meeting à Lyon le 6 juin 2012

Crédit: © Inediz

Les Jeunesses nationalistes distribuent leurs tracts

Resté à l’extérieur de la salle de l’Espace Tête d’Or où se tenait le meeting, l’exclu Alexandre Gabriac a tracté avec une poignée de fidèles nationalistes, dont certains revêtaient le t-shirt noir du GUD. Ensemble, ils distribuaient leur propagande pour la manifestation sur « la révolte des souchiens » que Gabriac veut organiser le 23 juin prochain à Lyon.

Cette fois-ci, le chef de file des jeunes nationalistes, a placé cette nouvelle tentative sous l’égide du groupuscule qu’il a créé, les Jeunesses nationalistes.

La distribution de tracts s’est faite dans une certaine bonne humeur, entre poignées de mains et discussions. Les membres du Département protection Sécurité (DPS – la sécurité du FN) n’ont rien trouvé à redire.

Comme son mentor Yvan Benedetti, qui nous a déclaré « avoir gardé beaucoup d’amis à la fédération du Rhône du FN », Alexandre Gabriac n’est pas gêné de se montrer à un meeting du parti qui l’a pourtant exclu pour un bras tendu bien haut.  « Je suis venu pour saluer un vrai nationaliste », nous a dit-il.

Les Identitaires en curieux de la vie politique

Présents dans la salle du meeting, d’autres représentants de l’extrême droite, les Identitaires lyonnais. Mais qu’on ne se méprenne pas, a tenu à nous préciser leur porte-parole, les « régionalistes » ne sont pas venus en supporter de Jean-Marie Le Pen. Accompagné également par une poignée de militants, Damien Rieu explique :

« Il se trompe sur la colonisation. Si la Suisse a moins de problème avec l’immigration, c’est parce qu’elle n’a pas été une puissance coloniale. Les gens viennent chez nous en provenance du Maghreb parce qu’ils sont francophones ».

Pourquoi s’est-il donc déplacé puisqu’il n’est pas forcément en accord avec Jean-Marie Le Pen ? Par curiosité, déclare-t-il, « pour voir un monument politique ».

Mais il a aussi des relations à soigner avec les membres du FN, dans la perspective d’accords électoraux que les Identitaires sont prêts à faire avec Marine Le Pen. Dans un futur proche.

A Lyon, des discussions étaient pourtant en bonne voie avec la fédération frontiste :

« Dans le Rhône, on voulait présenter un candidat commun dans la première circonscription (qui concerne le Vieux Lyon, là où est implanté leur local, ndlr). Mais les instances nationales ont bloqué. C’est une décision de Jean-Marie Le Pen. Tant qu’il sera là, il bloquera tous les accords électoraux avec les Identitaires ».

En attendant, les représentants de « Rebeyne » (le nom des Identitaires lyonnais) travaillent le réseau. Objectif : des listes communes FN-Identitaires aux élections municipales en 2014, à Lyon.


#Extrême-droite

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