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La star c’est Wajdi Mouawad, pas Bertrand Cantat

L’ex-chanteur de Noir Désir monte ce soir sur les planches du théâtre des Célestins, pour tenir un rôle chanté dans le dernier spectacle de Wajdi Mouawad. Mais sur les deux semaines de représentations, Bertrand Cantat ne jouera que la première. Il s’agit d’une gestion des ressources humaines. Et pas du tout d’une parade, destinée à satisfaire le public qui ne voudrait pas assister au retour sur scène de l’artiste condamné pour l’homicide de sa compagne, Marie Trintignant. D’autant moins que le spectacle s’intitule Des Femmes. Mais avec ou sans lui, les représentations affichent quasi toutes complet

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© Maxppp

Une alternance sur scène est prévue pour Bertrand Cantat, comme pour trois autres musiciens, dans ce spectacle créé d’après Antigone, Electre, et Les Trachiniennes, trois tragédies de Sophocle.

« L’idée n’était pas de laisser le choix au public d’aller voir la pièce avec ou sans lui », assure-t-on au théâtre des Célestins, où l’on ne cache pas une certaine exaspération devant toute question portant sur Cantat et Des Femmes.

Le spectacle n’a de toutes façons plus du tout besoin de promo : il affiche quasi complet depuis plusieurs jours, et sur l’ensemble des représentations. « Restent quelques places, les moins bonnes ». Auprès de la billetterie, peu de personnes auraient expressément demandé de voir le spectacle la première semaine avec Bertrand Cantat ou, au contraire, la seconde semaine, sans lui. Comme s’il n’y avait pas de différence entre les deux propositions. Peut-être aussi parce qu’il n’y en a pas.

A Avignon, où la pièce a été créée l’été dernier, le rockeur avait renoncé à monter sur scène, « par respect » pour Jean-Louis Trintignant, père de Marie Trintignant, qui menaçait lui-même de ne pas venir si Cantat pointait son nez. Au Québec, où vit l’auteur, la venue de Bertrand Cantat a créé un petit raz-de-marée médiatique. Très sérieusement, des journalistes ont demandé à Wajdi Mouawad s’il était possible d’applaudir quelqu’un qui a été condamné pour l’homicide involontaire de sa femme. Finalement, personne n’a remis en cause le choix de distribution de Mouawad car, jugée sur pièce, la prestation du chanteur a été largement saluée.

« On est coproducteurs depuis cinq ans des spectacles de Wajdi Mouawad. Le public des Célestins connaît bien son travail, et s’il affiche complet c’est pour lui », dit-on dans le théâtre cossu du centre-ville.

Le dramaturge d’origine libanaise, friand des représentations longues de six, sept ou huit heures, de l’ordre de la performance (pour les comédiens comme pour le spectateur), avait dû s’expliquer sur son choix d’inviter Bertrand Cantat à jouer dans l’une de ses adaptations. « Des questions artistiques », la qualité du chanteur en question, ont guidé l’enfant chéri du théâtre contemporain. Et en parlant de la genèse du projet, Mouawad avait aussi donné d’autres clefs de compréhension : pour lui, le choeur dans lequel il a placé son ami Bertrand Cantat devait être, autant que possible, « le lieu de l’expression de la folie des hommes ».

Des Femmes, de Sophocle, mise en scène de Wajdi Mouawad. Du 9 au 19 novembre. Au théâtre des Célestins, Lyon 2e.


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