Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Chaque mois, au moins deux morts au travail dans le Rhône

Chaque mois, au moins deux morts au travail dans le Rhône
En 2020, un ouvrier est décédé suite à une chute, lors de travaux sur la façade du centre commercial La Part-Dieu.

En 2023, au moins 25 travailleurs sont morts au travail dans le département du Rhône, selon des chiffres obtenus par Rue89Lyon. Un bilan sous-estimé. Depuis une vingtaine d’années cette hécatombe, peu visible, est de plus en plus importante en France.
« Un ouvrier chute mortellement d’un toit sur un chantier à la Croix-Rousse », « Un employé d’Action décède sur un quai de la plateforme logistique à Belleville-en-Beaujolais », « Un mort dans l’effondrement d’un mur à Rillieux »… Parfois, le sujet des morts au travail fait son apparition dans le presse locale rhôdanienne, au détour d’un fait-divers. Quelques lignes pour résumer la fin d’une vie.
En France, deux personnes meurent chaque jour au travail. Selon les chiffres de l’Assurance maladie en Auvergne-Rhône-Alpes obtenus par Rue89Lyon, on compte 104 morts au travail sur l’année 2023, dont 25 dans le département du Rhône.
Parmi elles, 19 ont été victimes d’un accident du travail et 6 d’un « accident de trajet » (entre le domicile et le travail ou entre le travail et lieu de restauration). Une situation qui ne s’améliore pas d’année en année, malgré une baisse en 2020 et 2021 liée à la crise sanitaire. D’autant plus que ces chiffres sont incomplets.

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Voies lyonnaises : la Métropole de Lyon gagne la bataille judiciaire contre Oullins-Pierre-Bénite

Voies lyonnaises : la Métropole de Lyon gagne la bataille judiciaire contre Oullins-Pierre-Bénite
La voie lyonnaise 6 devrait passer devant l’Hôtel de ville d’Oullins, en passant une partie de la Grande rue en sens unique. Crédits LMB/Rue89Lyon

Le Conseil d’État a désavoué la commune d’Oullins-Pierre-Bénite, en refusant que celle-ci se pourvoie en cassation pour stopper les travaux des voies lyonnaises sur son territoire. Une épine de moins dans le pied de la Métropole, attaquée par nombre de maires LR sur ce projet.

C’est toujours un problème de moins à régler… Mardi 23 avril, la Métropole de Lyon a annoncé que le Conseil d’État refusait la demande de la commune de Pierre-Bénite de se pourvoir en cassation sur le dossier des voies lyonnaises. Son maire, Jérôme Moroge (LR), cherchait à stopper les travaux dans sa commune.

Le dossier était devenu emblématique des difficultés connues par la Métropole sur ces fameuses nouvelles voies de circulation pour vélo. Faisant revivre la « fronde » des « petits maires », l’édile de la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite avait rassemblé tous ses soutiens (de droite) pour protester contre un projet mené « contre » son territoire.

En ligne de mire : l’exécutif écologiste, mais aussi la forme particulière de cette collectivité, créée par l’ancien baron lyonnais Gérard Collomb. Le 31 janvier, le référé-suspension de Jérôme Moroge avait été rejeté une première fois par le tribunal administratif. Le dossier est désormais clos par le Conseil d’État.

Bonne pâte, la Métropole joue la carte de l’apaisement. Elle propose notamment de revoir le flux de circulation dans le quartier résidentiel de la Bussière pour « conserver l’accès aux riverains ». Suivra, à partir de l’été, une expérimentation proposée par les collectifs où la Grande rue de la commune sera mise à sens unique entre la rue du Perron et le pont d’Oullins.

Un couloir bus-vélos sera créé sur ce tronçon dans le cadre de cette phase test. « Pour les cyclistes se dirigeant vers Saint-Genis-Laval, un itinéraire cyclable par marquage au sol sera établi via les rues Bertholey, Hugo et de la Camille », précise la Métropole.

Voies lyonnaises : une victoire, avant d’autres dossiers…

Enfin, une dernière expérimentation aura lieu au printemps 2025. Elle prévoit de garder la Grande rue à double-sens et de marquer un itinéraire cyclable à double sens sur la rue de la République. « Chaque étape sera validée en concertation avec le comité de suivi », marque la collectivité par communiqué. Une manière de répondre (par avance) aux critiques faites par son opposition sur un manque de « concertation » autour du projet.

Reste que d’autres points d’accroche sont en cours. Encerclée par des maires opposés politiquement, l’exécutif écologiste est notamment attaqué par le maire de Bron, Jérémie Bréaud (LR), sur le tracé de la « VL 12 », après avoir subi les foudres de Philippe Cochet (LR), à Caluire. Il n’empêche. Cette décision judiciaire marque une petite victoire pour la Métropole.

#Voies lyonnaises

Un « réveillon des luttes » samedi 27 avril au CCO de Villeurbanne

Un « réveillon des luttes » samedi 27 avril au CCO de Villeurbanne
La Fanfare à Manif sera présente au CCO ce samedi. ©LC

Un ensemble de collectifs organise un « réveillon des luttes » à la veille du 1er-Mai. Rendez-vous est donné au CCO de Villeurbanne, samedi 27 avril. Au programme : un « après-midi militant » gratuit, suivi de plusieurs concerts à partir de 19 h.

« Se mettre en forme avant la manif’ du 1er-Mai » ? C’est un peu l’idée… Le CCO la Rayonne de Villeurbanne (7 rue Henri Legay) accueille, en partenariat avec Solidaires Rhône, samedi 27 avril dès 13 h, un évènement qui veut faire office de « réveillon des luttes ».

« Dans cette période de lutte intense et ce contexte social éprouvant, il est encore plus nécessaire de nous rassembler et de vivre aussi des moments festifs », écrit Solidaires Rhône dans son communiqué.

Cette journée est co-organisée par d’autres associations et collectifs : Alternatiba Rhône, l’OIP, Attac, la Jeune garde Lyon, Greenpeace, le Karnaval Solidaire, le collectif Palestine 69, Super Féministe, Jamais Sans Toit et les Branlheureux.ses.

Participeront également le Planning familial 69, Lesbiennes contre le patriarcat, la Fanfare à Manif, la librairie la Gryffe, le collectif Sans Papiers 69, MémoireS, Vive La Tase !, et Élan Syndical.

La Fanfare à Manif Engagée durant la mobilisation contre l'expulsion de l'ECG à Lyon, le samedi 30 mars
La Fanfare à Manif (ici le 30 mars 2024) sera présente au CCO. ©LC/Rue89Lyon Photo : ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Un après-midi militante puis des concerts

Le programme est chargé. Dès 13 h, un « après-midi » militant gratuit est organisé avec notamment des tables-rondes, des ateliers, des projections débats et une chorale féministe. Pour les plus festifs, se tiendront à partir de 19 h des concerts de rap, d’hip-hop et de dub avec notamment Davodka, Sumac Dub, et Citron Sucré. Le tout pour deux tarifs : 12 euros ou 15 euros pour le « tarif conscient ».

Un nouveau squat à Lyon face à l’imminente expulsion du « Casse Dalle »

Un nouveau squat à Lyon face à l’imminente expulsion du « Casse Dalle »
Une manifestation a eu lieu le 30 mars contre l’expulsion (notamment) du casse dalle ©LC

Les soutiens du squat « Casse Dalle » ont décidé d’occuper un nouveau bâtiment pour héberger la cinquantaine de personnes vivant actuellement rue de Créqui. Ils dénoncent l’absence de proposition de relogement faite par la Métropole de Lyon et la préfecture.

Dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 avril, une vingtaine de personnes ont décidé d’occuper un bâtiment vide appartenant au bailleur social Lyon Métropole Habitat. Ce nouveau squat, du 19 rue Bonhomme (Lyon 3e), se veut une réponse à l’expulsion imminente du squat Casse Dalle (Lyon 3e), rue de Créqui.

Squat Casse Dalle à Lyon : les soutiens dénoncent une absence de relogement

Ni la Métropole de Lyon, propriétaire des lieux, ni l’État, ne proposent, selon une membre d’un collectif indépendant, aucune solution de relogement. Installé·es depuis octobre 2022 les habitant·es, pour la plupart sans-papiers et demandeurs d’asile, avaient obtenu en 2023 une année de répit.

Selon les membres du collectif Terres d’Ancrage ayant participé à l’ouverture du Casse Dalle, la Métropole les avaient autoriser à rester sans pour autant qu’une convention soit signée. Interrogée à l’époque par Rue89Lyon, cette dernière avait jugé inadéquate la mise en place d’une telle convention.

Selon le collectif, la Métropole refuse également de communiquer la date d’expulsion. Or, le bâtiment doit être cédé à l’opérateur de logement social, Grand Lyon habitat, fin avril. « Avoir une date d’expulsion permettrait aux personnes logeant actuellement au Casse Dalle de préparer leurs affaires et de partir sereinement », explique la membre du collectif de soutien. Elle note aussi qu’un recensement de la police a eu lieu, dans la matinée du 23 avril. Il a conduit à l’arrestation de quatre personnes.

De nouveau contactée, la Métropole n’a pas souhaité faire davantage de commentaires que durant notre précédent reportage et souligne simplement que « les personnes [occupant le squat, ndlr] relèvent de la responsabilité de l’État ».

D’après les soutiens sur place, une quinzaine d’hommes seuls et des familles avec des enfants en bas-âges ont trouvé refuge dans ce nouveau bâtiment de la rue Bonhomme. D’autres personnes continuent d’occuper le squat du Casse Dalle dans l’attente de l’expulsion imminente.

Les collectifs redoutent un recours à la « loi anti-squat »

Les soutiens du squat redoutent le possible recours à la loi Kabarian-Bergé, adoptée le 27 juillet 2023, pour ce dernier squat. Surnommée « loi anti-squat », elle vise à « protéger les logements contre l’occupation illicite ». Cela étant, elle durcit les sanctions, et facilite les expulsions en accélérant notamment les procédures administratives. « On risque d’avoir des gens en prisons pour avoir occupé des bâtiments vides », grince le collectif de soutien.

Dans un communiqué, les soutiens soulignent : « Les partis de gauche qui gouvernent à Lyon avaient fortement dénoncé cette loi. On exige donc qu’ils agissent en conséquence en refusant de l’appliquer contre ce nouveau squat et tous les prochains ».

Pour l’heure, les occupants actuels du nouveau squat rue Bonhomme sont dans l’attente d’une décision. Ils et elles disent n’avoir reçu aucune réponse de la part de la Métropole, ni de Lyon Métropole Habitat concernant leurs demande de médiation.

Pour rappel, dans la métropole de Lyon, l’hébergement d’urgence est saturé : plus de 10 000 personnes sont encore en attente d’une place.

Aux urgences de Lyon, un travail à la chaîne « efficace, mais à quel prix ? »

Aux urgences de Lyon, un travail à la chaîne « efficace, mais à quel prix ? »
Aux Urgences de Lyon, la crainte du travail à la chaine, au détriment du patient.

[Série] À travers différents témoignages, Rue89Lyon vous propose d’aborder les difficultés connues dans les services publics. Aujourd’hui, Sophie, infirmière aux urgences à Lyon, va « faire une pause », pour ne pas mal faire son métier. Si elle « continue à croire » dans l’hôpital public, elle parle d’un travail rendu difficile par le manque de moyens. 
Elle a un peu hésité à se prêter au jeu de l’interview, craignant de donner une image négative de son métier et de l’hôpital public. Elle a donc tenté de rester dans la mesure et positive, tout au long de l’entretien. « Je pars parce que j’ai besoin de faire une pause, mais j’espère bien revenir », insiste-t-elle.

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Départ d’Euronews de Lyon : derrière les millions d’Orban, une casse sociale sans précédent

Départ d’Euronews de Lyon : derrière les millions d’Orban, une casse sociale sans précédent
Le cube vert d’Euronews sonne creux à Lyon.

La rédaction en chef d’Euronews a quitté Lyon, début avril, pour s’installer à Bruxelles. Une nouvelle étape du plan social en cours depuis mars 2023. Derrière le rachat opaque du média en 2022, dans lequel des proches du président hongrois Viktor Orban seraient impliqués, actuels et anciens salariés dénoncent un climat social devenu intenable.

« Ceux qui sont partis ne veulent plus rien avoir affaire avec l’entreprise. Et ceux qui restent ne parlent pas. »

Lorsque nous le recontactons, début avril, Marc (le prénom a été modifié), ancien salarié d’Euronews, répond laconiquement par message. Parti à l’automne 2023 avec le plan social en cours depuis un an dans la célèbre chaîne européenne basée à Lyon, ce quinquagénaire semble être passé à autre chose. Il ne mâchait pourtant pas ses mots au sujet de ses anciens employeurs lorsque nous l’avions interrogé en novembre. En ligne de mire : le fonds d’investissement Alpac Capital qui a racheté le média, déjà en difficulté, en 2022.

« Quand on les a vus arriver, on savait qu’ils voulaient vider la boîte », estime Marc, qui a préféré quitter le navire « malgré la trouille », plutôt « que de risquer de mourir à petit feu ». Il a refusé une mutation à Bruxelles, où il aurait été payé « 1200 euros de moins par mois qu’à Lyon ».

Départ d’Euronews à Lyon : plus de 100 salariés partis à cause de l’actionnaire

La rédaction en chef a définitivement quitté la cité des gones début avril pour rejoindre la capitale européenne, d’où sera pilotée la direction de l’information. Celle-ci sera décentralisée, avec des bureaux basés dans de nombreuses villes européennes. Seules resteront à Lyon les rédactions en français, perse et russe. Derrière cette restructuration XXL, plusieurs anciens et actuels salariés d’Euronews dénoncent auprès de Rue89Lyon un climat social toujours délétère au sein de la rédaction.

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À Lyon, Kélé, un « modèle d’intégration » menacé d’expulsion

À Lyon, Kélé, un « modèle d’intégration » menacé d’expulsion
Arrivé en France à l’âge de 14 ans, Kéletigui Sylla surnommé Kélé, vit à Lyon depuis 10 ans. Depuis le 11 mars il est sous le coup d’une seconde Obligation de quitter le territoire français (OQTF) ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Arrivé en France à l’âge de 14 ans, Kéletigui Sylla surnommé Kélé, d’origine guinéenne, vit à Lyon depuis 10 ans. Pour tous celles et ceux qui le côtoient, Kélé « force l’admiration par son parcours d’intégration ». Pourtant, depuis le 11 mars 2024, il vit sous la menace d’une expulsion prochaine. Récit.

Février 2014, Kéletigui Sylla, 14 ans, est laissé seul à la Gare Part Dieu (Lyon 3e) au milieu du défilé quotidien des valises à roulettes. Après un vol de 7h depuis Conakry, capitale de la Guinée, il a prit le train pour rejoindre Lyon. Durant ce long voyage, il est escorté par un passeur qu’il ne le reverra plus. « Il m’a laissé dans un arrêt de bus en disant qu’il partait acheter un sandwich, j’ai attendu deux heures puis je suis resté là », nous raconte-il, dix ans plus tard dans le parc Louis-Dupic à Vénissieux.

Kélé, désormais âgé de 25 ans, colle parfaitement au schéma attendu de « l’intégration ». Pourtant, depuis le 11 mars il est sous le coup d’une seconde Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Depuis il reçoit de nombreux soutiens. Une pétition lancée dans la foulée dénonce un « acharnement » à son encontre et a recueilli 4800 signatures. Ses soutiens voient dans cette OQTF les conséquences concrètes de la loi immigration dite « loi Darmanin » votée en décembre 2023 qui facilite l’expulsion des étranger·ères en situation irrégulière.

« J’ai l’impression de revivre un cauchemar », soupire ‘Kélé’.

Le 25 mars, une lettre pour demander sa régularisation, signée par 44 personnalités issues de la culture a été envoyée à la préfète du Rhône, Fabienne Buccio. Les signataires, ayant connu le jeune homme, soulignent également son « intégration exemplaire ».

De Conakry à Lyon, le parcours d’errance de Kélé

Assis sur un banc du parc, l’air calme et apaisé de Kélétigui ne laisse rien transparaître de la difficulté de son parcours.

Après le divorce de ses parents, il part vivre avec son père à Conakry. À l’âge de 12 ans, des difficultés financières les obligent à quitter leur appartement. Du jour au lendemain, ils se retrouvent tous deux à la rue. « Il voyait que cette situation n’était plus supportable, ça l’inquiétait tellement qu’il est parti chercher une solution. Mais après son départ, je n’ai jamais eu de nouvelles », raconte ‘Kélé’.

Livré à lui-même, le garçon cire les chaussures des passant·es contre un peu d’argent. C’est ainsi que ‘Kélé’ fait la connaissance d’un passeur qui lui promet de l’amener en France. Ce dernier lui fabrique un faux passeport et un nouvel âge, 28 ans. Il est pourtant mineur lorsqu’il arrive à la gare Part-Dieu, en 2014.

S’en suit alors deux mois d’errance, à la recherche d’un lieu où se réfugier à Lyon. « J’ai rencontré d’autres jeunes à la rue sous le tunnel de Perrache. On dormait là-bas. J’ai pu raconter ma situation », se souvient-il. On lui conseille de se rendre à Forum réfugiés pour faire évaluer sa minorité. Il parvient alors à se procurer son acte de naissance.

En avril, ‘Kélé’ est ensuite pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (Ase). Lorsqu’il se remémore les mois passés au foyer de l’enfance à Bron, son visage s’égaye.

« Ça m’a complètement changé, j’ai commencé à construire quelque chose. Malgré ma souffrance, j’avais un but dans la vie », raconte t-il.

Il évoque d’un air nostalgique « les parties de foot », « les week-ends en vacances » et le lien fort qui l’unit avec ses éducateurs et éducatrices. En septembre, il entre à l’École de production à Gorge de Loup (Lyon 9ème) pour préparer un CAP mécanique. Le début d’une nouvelle vie, pensait-il.

Assis sur un banc du parc, l'air calme et apaisé de Kélé ne laisse rien transparaître de la difficulté de son parcours. ©Laury Caplat/Rue89Lyon
‘Kélé’ a choisi de nous rencontrer au parc Louis-Dupic à Vénissieux pour nous raconter son histoire. ©Laury Caplat/Rue89LyonPhoto : ©Laury Caplat/Rue89Lyon

À Lyon, Kélé enchaîne les difficiles procédures administratives

Un mois plus tard, ‘Kélé’ est convoqué par les forces de l’ordre pour passer des tests osseux. Ce dispositif très fortement contesté lui donne plus de 18 ans. C’est à ce moment que la police aux frontières (PAF) découvre l’existence du faux passeport. Tout est remis en question raconte Kélé : « Ils disaient même que mon acte de naissance était falsifié ». Pour ses soutiens, c’est un prétexte pour le renvoyer dans son pays natal.

En octobre 2014, tout s’enchaîne très vite. Après un jugement en comparution immédiate pour l’usage du faux passeport, ‘Kélé’ est envoyé deux mois à la prison de Corbas. « C’était très violent de vivre ça à 15 ans, c’était comme si le ciel me tombait dessus », confie t-il, le regard un peu ailleurs. À sa sortie, il est conduit au centre de rétention administratif (CRA).

Avec le soutien du collectif Réseau Éducation sans Frontières (RESF69 Jeunes), ‘Kélé’ est libéré au bout de quatre jours mais reçoit sa première OQTF. Finalement, après diverses procédures judiciaires, celle-ci est annulée par le tribunal administratif.

Soutenu par plusieurs collectifs dont il est désormais membre, ‘Kélé’ poursuit ses études et obtient son CAP puis un Bac professionnel en 2018. En parallèle, il consacre tout son temps libre au monde artistique : il entre à la chorale « Les Chant’Sans Pap’Yé » et s’initie au théâtre au sein de la « Compagnie Waninga ».

À côté, il participe aux ateliers d’écriture de l’Association « Dans tous les sens » à Vaulx-en-Velin, et publie un recueil de poésie intitulé « Écrire sans arrêt ». Une passion qui l’anime encore aujourd’hui, même si le jeune homme ne s’en vante pas. Humble, il évite de s’étendre sur ses activités. En tout cas, son ancrage dans le milieu culturel lyonnais lui attire beaucoup de soutiens.

Une expulsion qui viendrait balayer dix ans d’intégration à Lyon

Au cours de ses études, Kélé se blesse gravement. D’un geste timide, le jeune homme remonte la manche de sa veste. « J’ai du mal à accepter cette cicatrice, c’est encore un traumatisme », lâche t-il, en regardant son avant-bras.

Quand il parle de cet accident, sa voix se fait basse. « À l’école, je ressentais beaucoup de stress et de pression quand on devait polir les pièces [de mécanique, ndlr], la cadence de travail était très dure. Un jour, mon chiffon s’est coincé dans une grosse machine et mon bras est parti avec », confie t-il, difficilement.

Après une greffe du nerf, et de multiples allers-retours à l’hôpital, ‘Kélé’ doit changer de voie. Alors, il reprend ses études et s’oriente vers un BTS Commerce qu’il obtient en 2023. Son objectif ? Décrocher un CDI dans l’entreprise où il a effectué son stage de fin d’année. Là-bas, on lui promet une embauche… À condition qu’il soit régularisé. « C’était très dur parce que j’étais persuadé d’avoir ce travail. Ça c’était si bien passé », confie t-il, d’une voix teintée de tristesse.

« Beaucoup me disent que je suis courageux, patient et que je n’abandonne jamais. J’ai tellement vécu de choses, je pense que ça fait juste partie de la vie », relativise Kélé.

Malgré tout, la fatigue est là. Pour gagner sa vie, il fait quelques petits boulots à droite, à gauche. Garde d’enfants, jardinage, ménage… En parallèle, il poursuit depuis 2018 ses démarches administratives pour obtenir une régularisation. Le 11 mars 2024, il apprend que son dossier a été (une nouvelle fois) refusé. Dans sa boîte aux lettres, à Vénissieux, la préfecture lui envoie la seconde OQTF. Cette fois-ci elle est accompagnée d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) d’une durée de 24 mois.

« La préfecture le traite comme un délinquant qui a fraudé. Il n’y a pas un mot sur ce qu’il est devenu en dix ans. C’est d’une mauvaise foi hallucinante », s’indigne Armand Creus, du collectif de soutien à Kélé.

« Je compte tout donner »

Malgré les déboires administratifs et ses problèmes de santé, qui nécessitent un suivi en France, Kélé n’abandonne pas. Il explique ne rien regretter de ses choix. « J’ai toujours eu des gens qui m’ont entouré en France. En Guinée, j’étais abandonné », s’émeut Kélé.

De son côté, la préfecture maintient sa ligne. Sollicitée, elle n’a pas répondu en détail à nos questions. Elle nous a seulement indiqué que « cet individu se maintient sur le territoire français depuis 2014, malgré plusieurs procédures administratives et judiciaires, dont des OQTF ».

« Si on me laisse encore une chance ici, je donnerais tout de moi-même parce que j’aime ce pays. Je ne veux pas rester pour rester, je compte tout donner. »

En attendant, ses soutiens restent mobilisé·es et organisent une soirée d’information mi-mai.

À Lyon, une manifestation pour la Palestine samedi 20 avril

À Lyon, une manifestation pour la Palestine samedi 20 avril
Manifestation pour la Palestine, le samedi 30 mars à la Guillotière (Lyon 7e)

Le collectif 69 Palestine appelle à une manifestation, samedi 20 mars à 15h, place des Terreaux (Lyon 1er). Alors que le conflit dure depuis six mois, le collectif maintien la pression pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Un mouvement organisé deux semaines avant la venue de Rima Hassan, candidate LFI aux Européennes, à Vénissieux. Le point.

Six mois de conflit, six mois de mobilisation. Le collectif 69 Palestine organise une nouvelle manifestation ce samedi 20 mars. Il donne rendez-vous, place des Terreaux (Lyon 1er) à 15 h, pour demander une nouvelle fois la fin du génocide à Gaza.

Selon le ministère de la santé du Hamas, le conflit a entrainé, depuis le 7 octobre, la mort de plus de 33 000 personnes. En grande partie des femmes et des enfants.

À Lyon, une manifestation du collectif 69 Palestine pour maintenir la pression

Bombardements quotidiens, « famine organisée », blocage de l’aide humanitaire… Le collectif 69 Palestine dénonce les exactions d’un « gouvernement criminel ».

« Il faut poursuivre la mobilisation qui a permis d’aboutir à des résultats : des instances internationales et des États réclament un cessez-le-feu, certains États décident l’arrêt des livraisons d’armes à Israël », déclare le collectif dans son communiqué.

C’est notamment le cas du Canada, de l’Italie et de l’Espagne. Les États-Unis et l’Allemagne, principaux fournisseurs d’armes de l’État Hébreu, ont rejeté, le 5 avril dernier, une résolution du Conseil de l’Organisation des Nations Unies (ONU) exigeant l’arrêt de toute vente d’armes à Israël.

En Palestine : « Un paysage humanitaire infernal »

« Le Moyen-Orient est sur le fil du rasoir », a déclaré Antonio Guterres, chef de l’ONU, devant le Conseil de Sécurité, jeudi 18 avril. Il y a une semaine, l’Iran a mené une attaque directe contre Israël en réponse à la frappe attribuée à l’aviation israélienne, le 1er avril, sur son consulat à Damas, en Syrie.

Face à la crainte d’une escalade régionale du conflit, Antonio Guterres a exhorté la communauté internationale à avancer vers une solution à deux États, Israël et Palestine. Il a de nouveau exprimé le « besoin clair » d’un « cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza », de la libération de tous·tes les otages et de « l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire ».

Pour lui, le conflit a créé, en six mois d’opérations militaires, « un paysage humanitaire infernal ».

En France, un climat politique tendu vis-à-vis de la Palestine

En France, la situation politique est de plus en plus tendue. En témoigne la polémique après l’interdiction à Lille d’une conférence sur la Palestine, avec Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Rima Hassan (LFI), réfugiée palestinienne naturalisée française.

Une nouvelle réunion publique, en présence de la juriste et candidate LFI aux élections européennes, est prévue le 2 mai à Vénissieux. Elle sera accompagnée de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale et d’Idir Boumertit, député LFI de la 14e circonscription du Rhône.

Du Vieux-Lyon à Saint-Just, on a grimpé la future Voie lyonnaise 12 à Vélo’v

Du Vieux-Lyon à Saint-Just, on a grimpé la future Voie lyonnaise 12 à Vélo’v
La montée du Chemin-Neuf comporte aussi une belle descente. On a pas aimé les faire à vélo.

À Rue89Lyon, on aime les défis. Alors, on a enfourché notre plus beau vélo rouge (celui en libre-service un peu partout dans la métropole) pour parcourir la très polémique (et politique) Voie lyonnaise 12. Et particulièrement la montée du Chemin-Neuf, qui sera réservée aux vélos après les Nuits de Fourvière.
Ils ont montré la voie. En septembre dernier, deux rugbymen néozélandais ont tenté de grimper à Vélo’v la montée du Chemin-Neuf (5e arrondissement). Basés à Lyon durant la coupe du monde de rugby en France, George Bower et Andy Ellis ne se doutaient sans doute pas que cette artère reliant le Vieux-Lyon à Saint-Just allait devenir le centre d’une polémique locale d’ampleur.
Celle-ci concerne la future Voie lyonnaise 12, l’une des autoroutes à vélo voulue par l’exécutif écologiste à la tête de la Métropole. Elle doit relier Bron à Vaise en passant par Fourvière, à l’horizon 2030.
https://twitter.com/AllBlacks/status/1701458735833768047

Voie lyonnaise 12 : de polémiques en polémiques

En mars dernier, la Métropole a annoncé que la montée du Chemin-Neuf reliant les quais de Saône à Fourvière pourrait être fermée à la circulation et exclusivement dédiée aux vélos et aux véhicules ayant-droit (riverains et secours). Deux premiers scénarios proposés par les Verts dans le quartier de Saint-Just avaient suscité l’ire de certains habitants.
Mais, la troisième voie proposée par la Métropole a cette fois fâché des habitants de la montée et des associations du Vieux-Lyon, soucieuses de préserver la liaison voiture entre le quartier de Saint-Just et les bords de Saône. La collectivité a annoncé le 15 avril qu’une expérimentation de neuf mois allait commencer après les Nuits de Fourvière.
« Cela permettra de vérifier les évolutions réelles des flux, des temps de parcours et de la sécurité sur les axes concernés et sur les axes de reports », a justifié la Métropole de Lyon, qui tente de jouer la carte du compromis sur ce dossier très politique.
Mais au delà des polémiques, une question se pose : est-ce vraiment possible de grimper là haut à deux roues quand on ne dispose pas de vélo électrique ? Alors que les discussions sont toujours en cours avec les collectifs, on a décidé de se faire chauffer les cuisses sur l’un des sujets brûlants du moment.

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Tourisme fluvial à Lyon : à peine inaugurées, les bornes électriques déjà hors-service

Tourisme fluvial à Lyon : à peine inaugurées, les bornes électriques déjà hors-service
Le tourisme fluvial cherche à verdir son image sur les quais du Rhône, à Lyon.

Inaugurées fin mars pour le début de la saison touristique, les bornes électriques installées sur le quai Claude-Bernard (Lyon 7e) devaient permettre de réduire l’impact environnemental du tourisme fluvial. Un mois plus tard, celles-ci ne fonctionnent pas et les moteurs des bateaux tournent.

Le 19 mars dernier, Voies navigables de France (VNF) et Saône confluences escales ont (enfin) inauguré officiellement les trois bornes électriques d’alimentation pour paquebots fluviaux sur le quais Claude-Bernard (Lyon 7e).

Très attendue, la mise en service de ces bornes devaient permettre à la filière de relever le « défi de la transition énergétique et de la réduction des nuisances locales ». Une étape importante, comme le rappelait Rue89Lyon en mars, dans la promesse de « verdissement » des croisières fluviales.

Pour rappel, VNF promettait qu’avec ces bornes, les paquebots en escale n’auraient plus besoin de recourir à leurs groupes électrogènes. « Il n’y a donc plus de nuisance sonore ni d’émission de CO2 et polluants locaux (les particules fines) », vantait VNF.

Oui mais voilà, quelques mois plus tard, les riverain·es du quai bouillonnent. Les moteurs tournent encore à plein régime. Selon nos informations, Engie (régisseur en charge du contrôle du fonctionnement de ces bornes) fait face à des problèmes techniques.

Pour le tourisme fluvial, des bornes électriques inutilisables et pas adaptées ?

Dans un échange de mail que Rue89Lyon a pu consulter, Engie répond aux agacements des riverain·es qui leur ont fait remonter le problème :

« Nous rencontrons actuellement des dysfonctionnements, qui n’étaient pas survenus lors des essais de mise en service de l’hiver dernier que nous avons réalisés. Nous constatons une coupure générale des postes de transformation qui alimentent les bornes, qui survient aléatoirement après le branchement du navire ».

Contacté par Rue89Lyon, Engie confirme le problème et assure que des « investigations sont en cours pour trouver les causes de cette panne et remettre en service ces bornes dans les meilleurs délais. » Selon l’entreprise, les incidents ont commencé le 12 avril.

De leur côté, les riverain·es se demandent même si les bornes sont véritablement adaptées aux besoins réels des bateaux, notamment des plus gros.

Des bornes soumises aux crues du Rhône

Interrogé à ce sujet, Engie répond que ses installations sont dimensionnées pour délivrer 800 ampères par bateau. « Au cours de nos échanges avec les différents armements rencontrés, ces derniers nous ont confirmé que cette puissance leur était suffisante pour subvenir à leurs besoins à quai. » Selon nos informations, les armateurs n’auraient pas exprimé de problèmes particuliers en ce sens.

Reste que ces difficultés techniques entament leur confiance en l’efficience de ces bornes. En décembre dernier, les quais ont été complètement inondés du fait de la crue du Rhône. Installées très près de l’eau, les bornes sont fortement exposées à ces aléas climatiques. Les armateurs avaient alors exprimé leur crainte d’utiliser les bornes dans ces conditions.

Freiné par ces difficultés, le secteur du tourisme fluvial a donc encore à faire pour assurer sa promesse de réduire son impact écologique.