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Les casseroles de Pizzorno, le nouveau roi des poubelles lyonnaises

Premier opérateur privé de la collecte des déchets du Grand Lyon, Pizzorno collectionne pêle-mêle condamnations, enquêtes judiciaires et scandale de pollution jusqu’au Maroc.

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Les casseroles de Pizzorno, le nouveau roi des poubelles lyonnaises

SUR MEDIACITES.FR

Ce nom ne vous dit peut-être rien ? Depuis mai 2017, Pizzorno est pourtant le premier opérateur privé de la Métropole de Lyon pour la collecte des déchets ménagers. Lors du dernier marché, qui court jusqu’en 2024, la société varoise qui a établi son antenne locale à Vénissieux, a raflé les 3ème, 6ème et 8ème arrondissements de Lyon, mais aussi Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et Bron, pour un appel d’offres d’une valeur totale de 77,5 millions d’euros.

Arrivée à Lyon en 2007 sur le marché du nettoiement, l’entreprise s’est petit à petit implantée dans la Métropole, au point de détrôner Suez, le numéro deux mondial. Partout en France, l’entreprise remporte de nouveaux marchés ces dernières années.

Parti du Var, son fief, dans les années 1970, elle a conquis Paris (2001) où elle est devenue également le premier opérateur privé pour la collecte, puis Nice (2004), Marseille (2006) et la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec Lyon (2007), Valence (2011) et Grenoble (2013).

1. La décharge historique de Pizzorno déborde

La success-story commence en 1974 à Draguignan : Francis Pizzorno, petit distributeur de farine, fonde à son nom une société de gestion des déchets. Elle prend son envol deux ans plus tard, en 1976, quand le self-made-man acquiert un terrain de la commune du Cannet-des-Maures (dans le centre du Var) et y construit la décharge du Balançan.

Celle-ci deviendra progressivement le plus important site de stockage de déchets du département. La décharge du Balançan qui s’est transformée en montagnes de déchets, a valu au groupe, en 2010, une condamnation devant le tribunal correctionnel de Draguignan pour avoir entreposé plus de 200 000 tonnes d’ordures en trop dans l’un des casiers du site.

2. “Favoritisme” et “prise illégale d’intérêt”

Dans son fief, le « système » Pizzorno s’articule autour d’un solide réseau d’hommes politiques locaux.

En décembre 2016, une douzaine de personnes ont ainsi été mises en examen pour « favoritisme » et « prise illégale d’intérêt » dans le cadre du marché public de l’incinérateur de Toulon. Un contrat évalué à 470 millions d’euros attribué à Pizzorno en 2012.

3. « Avantage injustifié » en Tunisie

En 2011, François Léotard, alors lobbyiste pour Pizzorno, est épinglé en Tunisie par une commission d’enquête sur la corruption du régime de l’ancien dictateur Ben Ali. L’ex-ministre « a usé de son autorité et ses relations personnelles avec les responsables tunisiens pour influencer le cours du marché, le conclure en faveur de Pizzorno/Sovatram [nom d’une filiale du groupe] et donc s’octroyer un avantage injustifié (…) portant atteinte aux intérêts de l’État tunisien », accable le rapport.

4. Pollution au Maroc

Si depuis 2014, Pizzorno a quitté la Tunisie, le groupe reste toujours implanté au Maroc. Là-bas aussi, il s’est retrouvé dans le collimateur des autorités locales pour sa gestion de la méga-décharge d’Oum Azza, en bordure de la capitale Rabat, la plus grande de tout le Maghreb. Au printemps 2012, des lixiviats (nom savant des « jus de poubelle ») gorgés de métaux lourds contaminent les eaux souterraines d’Oum Azza..

Dans la Métropole lyonnaise la qualité de son travail est plutôt reconnue parmi les acteurs du déchet. « C’est niquel chrome », estime Mohamed Terdjimi, gestionnaire des incinérateurs du Grand Lyon entre 2002 et 2017, et secrétaire général du syndicat CGT Stepci.

« Ce qui est bien fait, c’est qu’il n’y a plus rien sur le trottoir. Après, le problème, c’est que les entreprises privées sont payées à la tonne de déchets collectés. Ils ramassent tout, pas seulement les bacs… », nuance Lénaick Pedron, le responsable de la collecte sud à la Métropole.

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