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Expulsées de leur campement, des familles albanaises occupent la mairie du 3ème

Ce jeudi 23 mars, vers 7 heures du matin, les forces de l’ordre ont expulsé une centaine de personnes qui dormaient sous des tentes dans un square municipal du 3ème arrondissement. Une soixantaine d’entre elles ont ensuite occupé plusieurs heures la mairie du 3ème avant de se faire une nouvelle fois expulser.

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Après avoir été évacuées du square, les familles albanaises sont restées de longues heures devant les grilles. ©LB/Rue89Lyon

Avec les demandeurs d’asile albanais, la Ville de Lyon est en première ligne. Et sa politique ne varie pas.

Ce jeudi, le nouveau préfet du Rhône a mis à exécution la décision du tribunal administratif du 2 mars dernier, qui, à la demande de la Ville de Lyon, avait ordonné l’expulsion des familles du square du Sacré-Cœur.

Ces familles n’étaient pas arrivées là par hasard. Le 10 février, elles avaient été chassées par la police du parc parc Jugan, derrière la gare Part-Dieu pour des « travaux de réfection des pelouses ». Les services de la Ville de Lyon avaient ensuite fermé le parc.

Une dizaine de familles avaient donc posé leurs tentes dans un autre parc du quartier, à 500 mètres du premier, le square du Sacré-Coeur, rue Antoine Charial.

Le campement a ensuite grossi.

Forces de l’ordre en nombre pour expulser des demandeurs d’asile

Ce jeudi, la préfecture du Rhône a envoyé, outre la police nationale, dix cars de gendarmes mobiles pour déloger les occupants.
Selon la préfecture, 116 Albanais (dont 47 mineurs) et un Algérien ont été recensés ce matin.
A l’exception de 18 personnes, tous les adultes ont déjà déposé une demande d’asile à la préfecture ou sont en attente d’un rendez-vous pour le faire. Ces derniers, 43 personnes, sont arrivés depuis un mois environ à Lyon.

Vers 11h du matin, « 11 personnes vulnérables ont bénéficié d’une mise à l’abri immédiate », dixit la préfecture. Par « vulnérables », il faut entendre femmes enceintes, personnes très très malades et enfants de moins de un an.

Toujours selon le communiqué de la préfecture, 56 personnes en demande d’asile « se sont vues proposer par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) une solution dans le dispositif d’accueil dédié aux demandeurs d’asile ».

Un militant du Mrap, qui a assisté à l’expulsion, n’a pas la même lecture de la proposition :

« Etant en demande d’asile, ces personnes doivent être hébergées dans des centres d’accueil dédiés. C’est une obligation de l’Etat. Or ce matin, la police a simplement dit « l’OFII vous appellera ». On est loin d’une « solution responsable et respectueuse des droits pour chacun » comme l’affirme la préfecture. »

Enfin, toujours selon la préfecture, 18 personnes sont en situation irrégulière sur le territoire français :

« Elles se sont vues proposer une aide au retour dans la dignité au titre du dispositif DPAR. »

Bref, en fin de matinée une centaines de personnes restaient à la rue, sans savoir où dormir le soir.

Après avoir été évacuées du square, les familles albanaises sont restées de longues heures devant les grilles. ©LB/Rue89Lyon
Des familles albanaises expulsées de leur campement du square du Sacré Coeur ©LB/Rue89Lyon

Occupation de la mairie du 3ème arrondissement

En fin de matinée, accompagnées de soutiens, une soixantaine de personnes (dont une vingtaine d’enfants) sont parties à la mairie du 3ème arrondissement.
Elles sont ensuite entrées dans la mairie pour finir par occuper une salle d’exposition afin d’essayer d’obtenir un hébergement.
C’est l’adjointe à la sécurité, Martine Elbahar, qui a géré la situation. Comme le reprend Lyon Capitale, elle a notamment déclaré :

« Si nous avions les moyens de vous accueillir, nous le ferions ».

Une fois de plus, la Ville de Lyon, qui n’est pas compétente en matière d’hébergement d’urgence et d’accueil des demandeurs d’asile, a refusé de prendre en charge le relogement de familles.
La doctrine concernant l’accueil des « demandeurs d’asile albanais » ayant été fixée en janvier dernier au cours d’un conseil municipal par le maire Gérard Collomb.

Du côté de la préfecture, on annonçait que de « nouvelles familles étaient prises en charge » : 24 personnes, affirme un nouveau communiqué envoyé en fin d’après-midi.

Le Mrap n’a compté qu’une famille qui a été effectivement hébergée.

Finalement, vers 17 h, les forces de l’ordre sont intervenues. Des militants associatifs et quelques sans-abri se sont allongés pour essayer de résister. Mais rapidement tout le monde est sorti sans incident.

Ce jeudi soir, certaines personnes tentaient de récupérer des affaires dans le square évacué ce matin et gardé ce soir. En vain.


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