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Jean-Michel Aulas fait-il preuve « d’indignation sélective » ?

C’est ce qu’indique le journal Le Monde dans un petit tacle adressé au président de l’Olympique Lyonnais. En cause, sa posture victimaire et son appel à une grande sévérité suite aux incidents qui ont entraîné l’arrêt du match FC Metz – Olympique Lyonnais samedi 3 décembre. Ce qui ne serait pas le cas quand son club a été mis en cause par le passé.

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Jean-Michel Aulas © Pierre Maier

Samedi soir, le gardien de but Anthony Lopes et un soigneur de l’Olympique Lyonnais ont dû être évacués suite à des jets de pétards descendus d’une tribune de supporters messins. L’arbitre de la rencontre a alors décidé d’arrêter le match.

Dans ses déclarations d’après match, le président du club lyonnais a notamment estimé :

« (…)Qu’un joueur comme Anthony qui est champion d’Europe, soit blessé sérieusement au cours d’un match, c’est du jamais-vu. Il faut que la Ligue et la Fédé réagissent fort. On n’était pas du tout en état de poursuivre le match. J’espère qu’il n’y aura pas de séquelles par rapport au match le plus important de la semaine, contre Séville. »

Au moment où la rencontre a été arrêtée, le FC Metz menait 1 but à 0. Certains interprètent ses propos comme une gentille pression mise sur la ligue de football pour s’assurer d’un gain du match sur tapis vert :

« Je sais que quand un match est arrêté avec une blessure due au manque de contrôle des supporters, en général, le match est perdu par pénalité mais, franchement, je ne me suis vraiment pas préoccupé de ce sujet, ce n’est pas l’objet ce soir. »

Un peu plus loin dans le récent passé, en septembre 2015, le président lyonnais avait fait de même. Après une rencontre émaillée d’incidents et de jets de projectiles contre l’Olympique de Marseille sur son terrain du Vélodrome, il avait demandé des « sanctions exemplaires ».

Une critique des sanctions contre lui mais aussi un mea culpa

Mais voilà, Jean-Michel Aulas serait bien moins intransigeant quand il est dans la position du fautif. Le journal prend comme point de comparaison les incidents survenus lors du dernier derby entre l’OL et l’AS Saint-Étienne en novembre 2015. Ce soir-là un des stadiers avait été grièvement blessé. Ramassant un pétard envoyé sur la pelouse par des supporters lyonnais, l’engin lui avait explosé dans sa main entraînant la perte d’un doigt. Suite à ces incidents, la commission de discipline de la Ligue de football avait décidé de la fermeture à titre conservatoire de tout le virage nord.

Jean-Michel Aulas avait alors commenté cette décision qu’il jugeait « sévère:

« Je suis un peu surpris et un peu déçu parce que je pense qu’il y a une gravité des sanctions qui ne s’imposait pas. Et puis de l’autre côté, on ne peut évidemment pas accepter ce qu’il s’est passé l’autre jour, même si c’était dans un contexte un peu particulier, l’ultime derby à Gerland. (…) Je trouve que la sanction est trop sévère au regard de ce qu’il s’est passé réellement, c’est tout. »
Le président du club lyonnais aurait donc l’indignation à géométrie variable selon que les faits reprochés lui sont imputés ou non. Dans sa communication, Jean-Michel Aulas sait parfaitement satisfaire tout le monde même si parfois le clavier lui brûle les doigts. Au recto, sa défense de son club et de ses intérêts câlinent les supporters lyonnais quand au verso la mauvaise foi ou l’exagération fait rager les rageux. Nous ne sommes ici pas les derniers à pointer ses emballements, sa vision particulière de la libre concurrence quand il ne la domine plus, à Lyon comme ailleurs, ou son storytelling sur son nouveau stade sans incidence pour le porte-monnaie du contribuable.

Indignation sélective ? Peut-être pas sur ce coup-là

Peut-on lui reprocher une indignation sélective après la récente soirée en Lorraine ? Difficilement sur ce coup-là. À l’annonce de la fermeture du virage Nord de Gerland en novembre 2015, Jean-Michel Aulas avait jugé la décision disproportionnée. Mais il n’avait pas dit que ça et avait montré qu’il sait parfois balayer devant sa loge. Il avait ainsi reconnu les manquements du club et des groupes de supporters lyonnais :
« Je reconnais qu’on s’est planté et que la Commission de discipline, même si elle y a été un peu fort, a eu raison de sanctionner des débordements qu’on n’a pas su contrôler. J’en veux terriblement aux groupes de supporters qui n’ont pas fait le ménage chez eux. Ce n’est pas normal ! »

En matière de défense des intérêts de son club au moins n’avait-il pas eu la réaction assez peu responsable de son homologue marseillais après le match houleux de septembre 2015 face à l’OL. Ce dernier avait en effet attribué une part des débordements aux décisions arbitrales trop peu favorables à son équipe.

Ce week-end, Jean-Michel Aulas a malgré tout tenté de dramatiser. Pourquoi alors souligner que le joueur blessé est « champion d’Europe avec le Portugal » et que la blessure intervient à quelques jours d’un match de Ligue des Champions ? Si les faits sont aussi graves qu’il le juge, le statut du joueur et le calendrier importent peu.

On peut davantage pointer sa plus grande discrétion médiatique – qui ne vaut pas caution- en matière de propos racistes ou insultants. La communication se fait alors plus officielle. Elle tarde parfois à arriver comme dans le cas d’une banderole anti-réfugiés déployée par des hooligans dans le virage sud de Gerland. Elle se fait alors souvent par la voix du stadium manager Xavier Pierrot. Ou elle botte en touche quand les Stéphanois sont traités de « parasites » au micro de Gerland. Il est aussi assez discret sur les bagarres et débordements en dehors du stade de supporters de l’OL mais trouve et plus prompt à dénoncer les agissements à leur encontre.


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