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Avec son entreprise connectée, Stéphanie fait des patrons et devient patronne

Après avoir dirigé des séries de collections de prêt-à-porter, Stéphanie Godefroy a décidé de tout quitter pour fonder sa propre entreprise, plus éthique, plus à elle, plus engageante aussi.

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Avec son entreprise connectée, Stéphanie fait des patrons et devient patronne

« Ikatee ». Le nom est fièrement gravé sur la sonnette de la porte de l’appartement située à quelques mètres de l’Hôtel de Ville. A l’intérieur, le salon familial a des allures d’atelier de couture.

La table à dîner est devenue un véritable étal de confectionneuse où trônent machine à coudre, bobines de fils, chutes de tissus et autres instruments qui pourraient être qualifiés de jolie quincaillerie ludique à première vue, mais qui se révèlent indispensables au travail de Stéphanie.

Stéphanie Godefroy a créé l'entreprise Ikatee. © Amélie James/Rue89 Lyon
Stéphanie Godefroy a créé l’entreprise Ikatee. © Amélie James/Rue89 Lyon

Depuis cinq mois, elle a ainsi investi l’environnement familial pour y établir sa propre entreprise. Le concept est simple : vendre par le biais d’une boutique en ligne des patrons de couture, dans la mode enfantine.

Stéphanie réalise elle-même patrons et tutoriels qu’elle vend ensuite sur sa plate-forme en ligne, au format PDF.

Jupes en jean, salopettes et barboteuses sont ensuite réalisables par les acheteurs, à condition d’avoir quelques notions dans le domaine de la couture.

Des années dans l’industrie de la mode

« La mode », Stéphanie connaît bien. Elle-même mère de trois enfants, il lui a semblé avoir a dû s’armer de patience et d’astuces pour trouver des vêtements adéquats, qui lui plaisaient aussi.

C’est principalement lors de précédentes expériences professionnelles que cette parisienne, installée à Lyon depuis six ans, a appris tout ce qu’elle sait de la mode. Durant près de vingt ans, elle a travaillé pour les plus grandes industries spécialisées en mode enfantine. Okaïdi, Du Pareil au Même, IKKS, Chipie, Catimini… Autant de marques et de collections que Stéphanie a dû encadrer et diriger, de leur conception à leur mise en vente.

 « Il y a vingt ans, on assistait à la période d’or de la mode enfantine. Dans le milieu, on avait affaire à des spécialistes. Puis la concurrence s’est intensifiée et l’offre est devenue de plus en plus standardisée. Tout le monde a commencé à faire la même chose », affirme-t-elle.

Un contexte global qui la pousse à redéfinir son projet professionnel, quitte à perdre son poste de directrice de collection.

 « À 46 ans, je me suis dit que c’était le moment ou jamais. C’est une démarche culottée à mon âge, qui implique un changement de vie radicale. En tant que mère de famille, je trouve que c’est un risque plus personnel que professionnel ».

La vague du « DIY » et 10 000 euros plus tard

Amoureuse de la mode et passionnée de couture, Stéphanie réfléchit donc à un concept qui pourrait allier ses deux hobbies. Le Do it yourself est en vogue et, dans ce mouvement global du faire chez soi et de la débrouille maligne et enrichissante, la couture n’est plus considérée comme une activité ringarde, réservée à nos grands-mères. Bien au contraire. L’activité gagne de plus en plus d’adeptes, toutes générations confondues ; M6 en fait même une émission de son cru.

Vient assez vite l’idée chez Stéphanie de vendre ses propres patrons de couture et tutoriels sur Internet, pour « créer et transmettre ».

Commence alors le parcours du combattant pour créer sa petite entreprise. Entre démarches administratives, business plan et achat d’équipements, se succèdent de longues heures de réflexion. Aidée par son mari, lui-même auto-entrepreneur, elle décide de créer une société qui lui permet de minimiser ses investissements.

Pas de personnel, ni de locaux, une boutique en ligne. L’investissement de base s’élève finalement à 10 000 euros, fonds qu’elle a apportés personnellement. Stéphanie a également dû suivre des formations afin de compléter son savoir-faire.

« Bien que je travaille dans l’univers du textile depuis vingt ans, je n’ai pas de formation de modéliste à proprement parler. J’ai donc dû apprendre les bases du métier. Je me suis également formée aux outils informatiques et aux réseaux sociaux ».

Près de 9000 internautes se sont inscrits à la newsletter d'Ikatee, depuis sa création. © AJ/Rue89 Lyon
Près de 9000 internautes se sont inscrits à la newsletter d’Ikatee, depuis sa création. © AJ/Rue89 Lyon

En avril 2016, l’entreprise Ikatee voit le jour. Le concept séduit peu à peu couturiers amateurs et confirmés.

« J’ai attendu avec fébrilité les premiers retours car se retrouver seule avec son idée transformée dans une véritable entreprise n’est pas facile. Mais finalement, les avis de ma clientèle sont très encourageants ! Depuis le début, je n’ai eu aucun retour négatif », se félicite Stéphanie.

Bientôt, tout ça in english pour l’international

Depuis la création d’Ikatee, l’entrepreneuse explique avoir accueilli 60 000 visiteurs sur son site. Elle explique avoir atteint ses objectifs en termes de chiffre d’affaires, ce qui lui permet d’aborder l’avenir de sa petite entreprise.

Actuellement, elle travaille sur le développement d’Ikatee à l’international, en proposant une version anglophone de son site internet.

« Rien n’est gagné bien sûr. Mais je veux créer de l’emploi. Dans un an, j’aimerais pouvoir embaucher si bien que, dans 5 ans, Ikatee comptera entre 6 à 10 personnes », explique-t-elle.

Ikatee propose tutoriels et patrons pour fabriquer des vêtements pour enfants. © AJ/Rue89 Lyon
Ikatee propose tutoriels et patrons pour fabriquer des vêtements pour enfants. © AJ/Rue89 Lyon

Pour l’instant, Stéphanie fourmille d’idées. A terme, elle aimerait posséder son studio afin de proposer des tissus imaginés avec ses propres dessins.

À 46 ans, Stéphanie est fière d’avoir créé son entreprise et se dit « heureuse plus que jamais ».

« Je travaille deux fois plus, je gagne bien moins mais malgré cela, le retour en entreprise n’est pas envisageable. Après avoir beaucoup voyagé, je prends du plaisir à me retrouver en famille », sourit-elle.

En créant Ikatee, Stéphanie a opté pour un choix de vie radical visiblement accepté par l’ensemble de la famille.

Si elle se dit fière de s’être lancée dans cette aventure, elle admet tout de même éprouver une certaine gêne lorsqu’il faut se présenter auprès de ses clients, soucieuse des réactions lorsque ceux-ci apprendront son âge.

« Je me suis déjà rendue dans des salons mais je n’y ai jamais exposé personnellement. J’ai créé ma boîte à 46 ans alors disons que j’ai la pudeur de l’âge. En fait, je ne suis pas encore prête pour cela », insiste la créatrice.

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