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29/03/2024 date de fin
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Gérard Collomb : « la Métropole de Lyon va accueillir 200 migrants de Calais »

Le maire de Lyon était jusque là resté plutôt silencieux sur le sujet des migrants de Calais et de leur prochaine arrivée dans la Métropole de Lyon (qu’il préside).

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Gérard Collomb répondant aux questions de RCF au sujet du dispositif "Tous unis, tous solidaires". ©LB/Rue89Lyon

Dix jours après la publication des premières informations sur le « plan de répartition gouvernemental » pour démanteler le camp de réfugiés de Calais, Gérard Collomb a finalement annoncé que la Métropole de Lyon allait accueillir 200 migrants.

Nous lui avons posé la question en marge de la présentation de la plateforme « Tous unis, tous solidaires » sur le bénévolat.

Alors qu’il venait de développer la « tradition humaniste lyonnaise » devant des responsables associatifs, il a fait le lien avec la situation des migrants coincés à Calais et évoqué « l’humanisme » :

« On ne peut pas être totalement indifférent et se replier sur soi-même. On voit aujourd’hui que le repli sur soi risque de détruire l’espace européen et de nous ramener à des situations de tensions qu’on n’avait plus connues depuis la guerre. »

L’annonce de 200 migrants en provenance de Calais dans la Métropole n’est pas vraiment une surprise ; le préfet avait décliné dans les colonnes du Progrès la répartition par département. Le Rhône doit ainsi en accueillir 250.

Pour le moment, nous ne savons pas combien de « centres d’accueil et d’orientation » pour les migrants seront créés dans l’agglomération lyonnaise et en dehors. La préfecture de région, qui est seule compétente sur le sujet, est en train de recenser les locaux disponibles.

En répondant à nos questions, Gérard Collomb a surtout décliné, de nouveau, ce qu’il entendait par « humanisme » à l’endroit des migrants.


Pas de polémique « migrants » avec Laurent Wauquiez

Sur le sujet, il faut tendre le micro à Gérard Collomb pour qu’il réagisse. Il ne fait pas partie de ces maires qui ont écrit une tribune pour soutenir la démarche gouvernementale et clamer « Nous sommes solidaires de Calais ».

Certes, cela s’explique, de manière politicienne, par son soutien à Emmanuel Macron contre François Hollande et Manuel Valls.

Gérard Collomb aurait pu également taper sur le président des Républicains, Laurent Wauquiez qui a exprimé son refus ferme d’accueillir sur le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes les migrants du camp de Calais.

Mais il ne l’a pas fait, contrairement à son voisin, le maire (PS également) de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, qui s’est fendu d’une tribune dans Le Monde pour dire tout le mal qu’il pensait de « cette polémique affligeante engagée par Laurent Wauquiez ».

Cela s’explique également par des considérations politiques : Gérard Collomb entend ménager cet autre homme fort au local, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

A notre micro, le maire de Lyon est resté très convenu :

« On ne peut pas dire à la fois que « Calais est inacceptable » et qu’il faut faire cesser Calais, puis dire, pour ceux qui sont en situation légitime de demandeurs d’asile, qu’on ne les acceptera pas. »

Gérard Collomb répondant aux questions de RCF au sujet du dispositif "Tous unis, tous solidaires". ©LB/Rue89Lyon
Gérard Collomb répondant aux questions de RCF au sujet du lancement du dispositif « Tous unis, tous solidaires » le 22 septembre 2016. ©LB/Rue89Lyon


« Le droit d’asile et le sens de la responsabilité »

Gérard Collomb veut surtout apparaître comme un homme raisonnable qui veut maîtriser les « flux migratoires » :

« Il faut faire cette répartition avec le sens de la responsabilité. Nous devons prendre en charge ceux qui doivent bénéficier du droit d’asile, qui sont des réfugiés politiques et qui risquent leur vie dans leur pays.
Et en même temps, il ne faut pas créer des situations qui deviendraient ingérables. On peut gérer jusqu’à un certain chiffre.

Après, ça favorise les prises de positions contraires : des gens qui se replient sur eux-mêmes et la naissance des populismes. Je rappelle qu’on est passé en l’espace de 2/3 ans de 170 millions à 240 millions de personnes migrantes ».

Et d’ajouter :

« Il est clair qu’à Calais, il y a de tout : des gens en situation de fragilité et d’autres venus par opportunités. »

Cette volonté de ne prendre en charge que les demandeurs d’asile, et dans une proportion limitée, n’est pas nouvelle. Gérard Collomb l’avait exprimée fortement il y a trois, à la suite de l’incendie d’un squat de Roms qui avait causé la mort de trois personnes. Lors d’une conférence de presse, au lendemain du drame, il avait appelé chacun à avoir une « attitude responsable » (déjà) :

« La France a une grande tradition d’accueil. Mais ceux qu’elle accueille, elle doit le faire dignement. Le Grand Lyon fait beaucoup d’efforts mais nous ne pouvons pas accueillir tous ceux qui rencontrent des difficultés dans le monde ».


Expulser les déboutés d’asile plus rapidement

Chose nouvelle en revanche, Gérard Collomb voudrait que les personnes qui ne sont pas reconnues réfugiées politiques soient expulsées le plus rapidement possible.

La veille de notre interview, au micro de Guillaume Durand sur Radio Classique (ci-après, à 8’), le sénateur-maire de Lyon avait lourdement insisté sur cette idée :

« Pour ceux qui viennent pour des raisons autres […] qui au bout de quelques temps sont déboutés de l’asile, qu’on puisse les renvoyer chez eux. On ne peut pas faire face à des flux qui viennent pour des raisons économiques ».

Il avait développé cette idée, en évoquant les tribunaux administratifs qu’il connaît bien puisque sa femme Caroline Collomb est juge administrative. Ce sont devant ces tribunaux que les étrangers, qui ont reçu une obligation de quitter le territoire, contestent leur expulsion :

« Si vous regardez les tribunaux administratifs, 60% de leur activité est constituée par le droit des étrangers. Parce que se sont perpétuées dans notre pays, au travers des différents gouvernements, des systèmes qui font qu’il est très difficile d’expulser un étranger en situation irrégulière. Ce qui n’est pas normal dans un État de droit ».

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#Gérard Collomb

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