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Le Beaujolais touché par une nouvelle calamité, la grêle

Les vendangeurs du Beaujolais se mettront au travail vers la mi-septembre dans un contexte pas franchement à la fête.

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Le 31 août, Jean-Paul Baritel, vigneron à Villié-Morgon, entouré de Bernard Perrut (député-maire LR de Villefranche-sur-Sâone) et du préfet du Rhône, Michel Delpuech. ©LB/Rue89Lyon

Déjà empêtré dans une crise qui n’en finit pas, le vignoble a été fortement touché par les orages de grêle.

Il grêle toutes les années. Mais 2016 restera dans les annales.
À trois reprises, ce printemps et cet été (notamment le 24 juin), l’orage de grêle s’est abattu sur les vignes.
Environ 2 200 hectares ont été sinistrés, à un taux moyen d’environ 60%, selon l’inter-Beaujolais. Soit un huitième du vignoble.
Et de célèbres crus ont reçu : Fleurie, Morgon et Chiroubles en tête. Des domaines ont pu être touchés à 100%. Conséquence : des vignerons ne pourront pas proposer de millésime 2016.

« On n’avait pas connu ça depuis 1966, quand la grêle était tombée la veille des vendanges à Morgon », affirme Dominique Piron, le nouveau président de l’Inter-Beaujolais, l’organisation professionnel du territoire. Il est lui-même vigneron (Domaines Dominique Piron) à Villié-Morgon.

En visite ce 31 août dans le Beaujolais, le préfet du Rhône n’a pu que constater les dégâts. Michel Delpuech n’est pas arrivé avec des cadeaux.

« Il a confirmé que les aides classiques en la matière allait être activées », résumait Dominique Piron.

À savoir :

  • exonération de taxe foncière
  • délai de règlement pour la MSA
  • possibilité d’acheter du raisin à d’autres vignerons
  • un arrêté ministériel de calamité agricole devrait être pris fin octobre

C’est là tout le problème pour les vignerons. Un dossier d’indemnisation de calamité agricole ne prend en charge que la perte de fond, pas la perte de la récolte attendue. En matière de vin, l’État n’aidera donc que pour la reconstitution des vignes.


Peu de vignerons assurés

L’assurance, et non l’État, doit prendre en charge la perte d’exploitation. Encore fallait-il être assuré. L’Inter-Beaujolais estime que seulement 25% des surfaces sont assurées dans le Beaujolais.

Jean-Paul Baritel, viticulteur à Villié-Morgon, a été fortement touchée par la grêle. Plus de la moitié de ses 14 hectares ont été concernés à 95%, le reste entre 20 et 50%. Il a reçu le préfet dans ses vignes avec ces mots, clairs :

« Je ne suis pas assuré car c’est trop compliqué et trop cher. »

Un propos qui revient avec insistance.

Isabelle et Bruno Perraud, à Vauxrenard, domaine Côtes de la Molière. Eux se situent dans un petit groupe d’agriculteurs particuliers du Beaujolais, en produisant des vins naturels. Mais impliqué dans la démarche du nature, du bio, de la biodynamie ou pas, la grêle n’épargne personne.

Le couple de Vauxrenard a contracté une assurance mais il déchante chaque année. Isabelle Perraud a fait le calcul :

« On s’est assuré car on avait peu de vignes quand on s’est installé il y a vingt ans. Chaque année, 20% à 40% de nos vignes « sont grêlées ». Mais au final, ce que nous verse l’assurance ne nous rembourse que la cotisation. Il faut vraiment être touché à 100% pour obtenir une somme conséquente. Et encore. »

Chez les agriculteurs, certaines voix réclament un régime d’assurance obligatoire, ce qui pourrait avoir comme conséquence de faire baisser le niveau des cotisations en augmentant le nombre des assurés.

Autre solution envisagée : développer des activités de négoce. Isabelle et Bruno Perraud le font déjà. Ils achètent du raisin pour compenser les pertes liées à la grêle.

L’Inter-Beaujolais plaide plutôt pour constituer des réserves de vin, comme ce qui se pratique dans le Chablis ou le Champagne.

Le débat ne fait que commencer.

Ci-dessous, trouvez notre graphique qui retrace la production de Beaujolais depuis 1993.

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