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Contraception, bourse au mérite, lycées privés : que fait Laurent Wauquiez pour les jeunes ?

Pudeur sur l’accès à la contraception, prime aux meilleurs bacheliers et aide aux établissements privés, les choix de Laurent Wauquiez en tant que président de région Auvergne-Rhône-Alpes, faits en direction des lycéens, dessinent sa vision de l’accompagnement des jeunes, en partie saluée par le Front national.

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Laurent Wauquiez à l'Ecole centrale de Lyon, juillet 2016. Crédits : SS/Rue89Lyon.

Oui, la contraception et la prévention santé chez les jeunes intéressent le président Les Républicains de la nouvelle grande région. Laurent Wauquiez l’a confirmé sans détour en assemblée plénière ce jeudi. Certains élus de l’opposition se le demandaient, ne voyant pas apparaître le terme « contraception » dans le nouveau projet de « carte Jeunes » entériné ce jour et qui doit être lancé le 1er juin 2017.

L’harmonisation des outils mis en place en direction des jeunes en Auvergne, avec la carte « Jeunes Nouveau Monde » et en Rhône-Alpes avec la carte « M’Ra », semblait trop compliquée tant elles présentaient de différences. Aussi seront-elles remplacées par une unique « Carte Jeunes », à partir de l’été 2017.

En attendant, pour la prochaine année 2016/2017, les deux dispositifs régionaux cités ci-avant seront maintenus, avec une petite nuance : Laurent Wauquiez a déclaré vouloir faire bénéficier aux Auvergnats d’avantages que les Rhonalpins avaient déjà mais dont eux manquaient.

Ce jeudi, l’opposition à gauche ne s’est pas satisfaite de la présentation peu détaillée de cette future carte Jeunes, qui promet un « volet santé » sans faire mention de prévention en matière de sexualité ou d’aide à la contraception.

Lors du vote du budget de la Région, en avril dernier, Rue89Lyon relevait déjà l’absence de ce « Pass contraception » dans les lignes de financement tirées par le nouvel exécutif.

Quand le FN confond contraception et avortement

Pour Martine Guibert, vice-présidente de Laurent Wauquiez en charge des politiques sociales, de la santé et de la famille, pas question de polémiquer. Ce jeudi, elle a voulu remettre les choses au clair :

« La notion de contraception fait partie des enjeux des orientations politiques de la future carte Jeunes. »

Elle relève des « chiffres faméliques de l’utilisation du Pass contraception », le qualifiant par conséquent de « mesure symbolique et incomplète ». Sarah Boukaala, élue PRG qui fût à l’origine dans le mandat précédent du lancement du Pass contraception, se défend ainsi :

« On n’a jamais visé l’objectif de faire du chiffre avec ce Pass. C’était un dispositif qui venait en plus de ce qui existait déjà en termes de prévention sur le plan national. »

Laurent Wauquiez assure que seules « les modalités » des missions de prévention et d’information seront changées. La question reste entière sur le rôle que jouera (ou ne jouera plus) le Planning familial, acteur pivot du Pass contraception, dans la mise en oeuvre du nouveau dispositif régional.

Sophie Robert, conseillère régionale Front national, n’a pas manqué de virulence pour dire à quel point elle souhaitait voir disparaître tout à fait les aspects de prévention relatifs à la sexualité des jeunes. Confondant contraception et avortement, l’élue FN s’est félicitée que le Pass de l’ancien exécutif de gauche n’ait pas rencontré un si grand succès auprès des jeunes, imaginant ainsi que cela ait pu « sauver des vies ».

De quoi atterrer l’assistance.

Le flou concernant l’aspect « contraception » de la future carte Jeunes n’a ainsi pas plus séduit le FN, Sophie Robert encourageant Laurent Wauquiez à l’abandonner tout à fait dans le but de poursuivre des choix que le parti d’extrême droite partage avec lui.

Une lycéenne de Givors, Bahar, en compagnie d'une de ses camarades et de sa prof de Français. ©LB/Rue89Lyon
Une lycéenne de Givors, en compagnie d’une de ses camarades et de sa prof de Français. ©LB/Rue89Lyon

Où sont les lycéens soutenus par Laurent Wauquiez ?

En effet, le FN s’est félicité lors d’une précédente assemblée plénière de plusieurs décisions prises par l’exécutif et qui concernaient également les jeunes de la région.

Le vote d’aides apportées aux lycées privés sous contrat (elles étaient plus faibles en Auvergne qu’en Rhône-Alpes) incluant, notamment, l’augmentation du taux de subventions pour les équipements et matériels pédagogiques (de 50% à 66%), avait reçu un accueil chaleureux de la part des élus frontistes.

La conseillère régionale FN Isabelle Surply avait voulu en faire la démonstration par le biais d’une intervention toute personnelle et assez étonnante (voir vidéo ci-dessous) :

« C’est à se demander si, finalement, à force de vous répéter les mêmes choses, année après année, cela ne finit pas par rentrer. Méfiez-vous, Monsieur le Président, vous allez finir par me signer une bulletin d’adhésion avant 2017 ».


Isabelle Surply (FN) sur les lycées privés par FNRhoneAlpes

Cette invitation à rejoindre leurs rangs est régulièrement lancée en direction du président de région par les élus FN, à chaque fois que ces derniers souscrivent à ses propositions. Ce à quoi Laurent Wauquiez réagit généralement par une légère pointe d’agacement.

De la même façon, la bourse au mérite votée lors de l’assemblée plénière de juin a été largement saluée par le groupe FN d’Auvergne-Rhône-Alpes. D’un montant de 500 euros, la prime doit être versée à tous les bacheliers de la région ayant obtenu une mention « très bien » à leur baccalauréat, et qui en feront la demande.

Des élus de gauche avaient dénoncé le fait que cette bourse ne varie pas en fonction de critères sociaux, craignant qu’elle ne finisse par concerner que des familles privilégiées et « qui en ont le moins besoin ».

Fabienne Rosenwald, directrice de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), déclarait cette semaine dans Libération :

«L’impact de l’origine sociale sur les résultats scolaires est très fort dans notre système.»

Les origines sociales des bacheliers obtenant la mention « très bien » sont aussi analysées par le sociologue Baptiste Coulmont qui publie chaque année son « Projet mentions ».

En Auvergne-Rhône-Alpes, les mentions « très bien » dépassent cette année les attentes (d’environ 6000) pour atteindre le chiffre de 7000, ce qui pourrait faire passer l’enveloppe dédiée à cette bourse au mérite à au moins 3,5 millions d’euros, si tous les heureux bacheliers en font bien la demande.

 


#Monsieur W

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