Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

A Lyon, 8ème manif contre la loi travail : petite mobilisation pour débuter la semaine

[Article mis à jour régulièrement] Ce mardi 17 mai, après les rassemblements et manifs spontanées contre le recours au 49-3, on manifeste de nouveau à Lyon pour demander le retrait de la loi travail.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

La tête de la manifestation contre la loi travail du 17 mai à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

La semaine est annoncée décisive, avec de nombreux appels à la grève.

2000 personnes selon la police, 7 000 personnes selon la CGT se sont élancées peu après à 11 heures de l’ancienne gare des Brotteaux pour rejoindre la place Bellecour.

Une autre manifestation est déjà prévue le jeudi 19 mai, toujours à l’appel des organisations de jeunesse, et de l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, CNT et CNT-SO). Dans la rue, on retrouvait également les intermittents du Collectif Unitaire 69 et les personnes mobilisées dans le mouvement Nuit Debout.

Désormais adoptée sans vote par le recours au 49-3, la loi travail doit être examinée le 13 juin par les sénateurs.

 

Hélico, canons à eau et bateau sur le Rhône

Le ton de la manif était donné dès le départ de la gare des Brotteaux. La CGT faisait une ligne devant la banderole intersyndicale « pour protéger le cortège », selon João Pereira Afonso, le secrétaire de l’UD CGT.

La ligne cégétiste coupait en deux la manif. ©LB/Rue89Lyon
La ligne cégétiste coupait en deux la manif. ©LB/Rue89Lyon

Devant cette ligne cégétiste, un millier de manifestants, dont un grand nombre de lycéens, parfois masqués, marchaient à un bon rythme.

La tête de la manifestation contre la loi travail du 17 mai à Lyon. ©LB/Rue89Lyon
La tête de la manifestation contre la loi travail du 17 mai à Lyon, rue de la Barre. ©LB/Rue89Lyon

Devant eux, des CRS, deux canons à eau et au dessus du cortège, un hélicoptère. Et sur le Rhône, le bateau de la police. Grosse ambiance. Régulièrement des projectiles partaient de cet « avant-cortège », particulièrement en Presqu’île. A chaque rue perpendiculaire aux quais du Rhône, les policiers positionnés étaient la cible d’une ou deux pierres.

Place Bellecour, une interpellation au milieu de la CGT

Arrivée rue de la Barre, à deux pas du terminus de la place Bellecour, un nouveau projectile est parti de la tête de la manif. Cette fois-ci, la police a envoyé les premières grenades lacrymogènes.

La manif était déjà arrivée sur la place, quand une dizaine de jeunes manifestants sont allés jeter quelques projectiles sur des forces de l’ordre disposées tout autour de Bellecour. Le groupe s’est alors fait courser jusqu’au niveau des camions de la CGT où un jeune a été interpellé. Les manifestants présents encore en nombre ont tenté de repousser les CRS qui ont alors chargé à coups de matraques et de grenades lacrymogènes.

Au moins trois manifestants ont été blessés dans cette charge, dont un cégétiste qui a une balafre de six centimètres sur le crâne à cause d’un coup de matraque.

João Pereira Afonso, le secrétaire de l’UD CGT, commentait :

« Les forces de l’ordre ne savent pas faire leur travail. Une fois de plus. Les policiers ont interpellé un type au milieu des autres manifestants, en mettant tout le monde en danger. C’est de la provocation ».

Au total, selon la police, dix jeunes manifestants, dont cinq mineurs, ont été interpellés. Cinq policiers ont été blessés.

Le camion de la CGT et des gendarmes mobiles positionnés à l'endroit où a eu lieu l'une des interpellations. ©LB/Rue89Lyon
Le camion de la CGT et des gendarmes mobiles positionnés à l’endroit où a eu lieu l’une des interpellations. ©LB/Rue89Lyon

A la suite de la manifestation, environ 200 personnes ont débuté l’occupation de l’ancien collège Truffaut, sur les Pentes de la Croix-Rousse.

La répression, cause d’une petite mobilisation ?

Un jour après la manif, l’intersyndicale annonce, dans un communiqué, que « face à la répression, le mouvement social ne cèdera pas » et donne sa version du déroulé de la manif :

« C’est le droit à manifester qu’il est impératif de respecter. La manifestation du 17 mai s’est déroulée dans le calme tout au long du parcours, le cordon policier se tenant à distance du cortège de 7000 personnes. Mais il faut déplorer un changement radical de tactique à l’arrivée vers la place Bellecour. Des ordres ont visiblement été donnés pour provoquer, intimider les manifestants et pratiquer des arrestations brutales en plein cortège : des poursuites à moto, des tirs de flashball, la tête de manifestation coupée en 2 par une intervention de la BAC… Nous dénonçons fermement ces pratiques ».

Et d’ajouter :

« Le gouvernement s’inscrit donc dans une attitude de criminalisation du mouvement social, qui vise à dissuader les salarié-e-s, citoyen-ne-s et jeunes de s’associer activement aux manifestations. Il cherche aussi à détourner médiatiquement l’attention du débat de fond, la violence sociale inouïe que contient en germe le projet de loi Travail ».

 

Quelle « pluie » de grèves ? La raffinerie Total de Feyzin touchée

Alors que la précédente journée de grève, le 28 avril, était limitée, cette journée du 17 mai s’annonçait plus importante.

Surtout, la CGT et FO annoncent une « pluie » de grève pour la semaine. Les deux centrales syndicales appellent à la tenue d’assemblée générale dans les entreprises avec, à l’ordre du jour, la grève reconductible.

Des secteurs « déterminants pour l’économie » sont concernés par ces potentielles grèves reconductibles :
• la SNCF, à partir de la fin de journée du 17 mai
• le transport routier, à partir du 17 mai
• la chimie, à partir du 17 mai
• les contrôleurs aériens à partir du 19 mai

Quelques illustrations des effets de la grève.

  • Depuis ce mardi 4 heures, il n’y a plus une seule goutte d’essence qui sort de la raffinerie Total de Feyzin. »Les unités sont au minimum technique, expliquait le secrétaire FO (majoritaire) du comité d’entreprise de la raffinerie. » En d’autres termes, le raffinage continue, mais les camions ne sortent plus de la raffinerie pour approvisionner les stations services. « En fonction de la mobilisation, dans 72 heures, on pourrait arrêter l’exploitation », ajoutait Frédéric Seguin.
  • Dans la région, la SNCF prévoit un trafic « fortement perturbé » jusqu’à jeudi. A titre d’exemple : de Lyon à Chambery, Ambérieu, Annemasse, Genève ou Mâcon, on ne compte qu’1 TER sur 4.
  • Concernant les TCL, la mobilisation est en recul par rapport au 28 avril qui n’était déjà pas une grosse journée. La ligne de tram T5 et deux lignes ne bus sont à l’arrêt. D’autres lignes de bus connaîtront des arrêt anticipés. A titre de comparaison : le 31 mars, la ligne A du métro, les deux funiculaires et le tram T1 ne circulaient pas. Une dizaine de lignes de bus étaient également à l’arrêt.

A noter que la FSU (syndicat majoritaire dans l’Education nationale) annonce une mobilisation plutôt pour jeudi, contre la loi travail mais aussi contre la réforme du collège.


Une mobilisation en dents de scie

Avant cette journée du 17 mai, sept manifestations se sont déroulées à Lyon. Elles ont rassemblé :

  • le 9 mars, entre 7 000 personnes (selon la police) et 20 000 personnes (selon les organisateurs)
  • le 17 mars entre 3000 et 6500 personnes.
  • le 24 mars, entre 1 500 et 4 000 personnes.
  • le 31 mars, entre 15 000 et 30 000 personnes.
  • le 5 avril, entre 1 400 et 2 000 personnes.
  • le 9 avril, entre 4 400 et 15 000 personnes.
  • le 28 avril, entre 5 500 et 15 000 personnes.
L'action de blocage du tunnel sous Fourvière contre la loi travail. ©LB/Rue89Lyon
L’action de blocage du tunnel sous Fourvière contre la loi travail le 10 mai, jour d’annonce du recours au 49-3. ©LB/Rue89Lyon

#Loi El Khomri

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options