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29/03/2024 date de fin
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L’annonce du 49-3 à Lyon : blocage, rassemblement et manif sauvage contre la loi travail

[Article mis à jour] Dès l’annonce par Manuel Valls du recours au 49-3 pour faire passer la loi travail, les messages ont fleuri sur les réseaux sociaux pour annoncer un rassemblement ce mardi soir à Lyon, place des Terreaux, contre ce « passage en force ».

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L'action de blocage du tunnel sous Fourvière contre la loi travail. ©LB/Rue89Lyon

500 personnes ont répondu à l’appel. Une longue manif sauvage a ensuite sillonné les rues de la Presqu’île et des Pentes de la Croix-Rousse.

Plus tôt dans la journée, une cinquantaine de personnes ont brièvement bloqué le tunnel sous Fourvière.

Ce mardi en début d’après-midi, des militants commençaient à se rassembler sur les quais du Rhône quand ils ont appris que le gouvernement allait faire usage de l’article 49-3 de la Constitution pour adopter la loi sur la réforme du code du travail.
Un rendez-vous avait été donné quelques jours plus tôt sur les réseaux sociaux et le site Rebellyon, « le skate-park du pont de la Guillotière ».

La plupart des cinquantaine personnes ne savaient pas où elles allaient se rendre.

Des actions d’un petit groupe pour « massifier les luttes »

Tout est parti de la place Guichard, lors de l’occupation « Nuit Debout » qui dure depuis le 9 avril.

Seul le principe de l’action était connu. C’est une « assemblée de lutte » de 150 personnes qui a décidé mardi 3 mai de participer à une journée d’actions intitulée « joue la comme Mayotte ».

En d’autres termes, il y a une semaine, il a été décidé de « bloquer l’économie », en prenant exemple sur le mouvement social de l’île de Mayotte qui a connu des blocages une grève générale quinze jours durant .

Un tract a été rédigé. Il explique que pour « obtenir « la victoire » et le retrait de la loi travail, il faut « massifier les luttes » :

« Seul un blocage général de la société fera reculer ce gouvernement. Ça ne se décrète pas bien sûr mais ça se construit. »

Ce texte est censé être soumis à la signature des syndicats et des autres organisations mobilisées contre la loi travail.

Le tunnel sous Fourvière bloqué 20 minutes

A 15 heures ce mardi, des petits groupes de cinq à dix personnes sont partis chacun de leur côté en suivant un « poisson-pilote ». En chemin, ils ont ramassé barrières, grillages ou poubelles.

Tous les groupes se sont retrouvés peu avant 16h au bas de la montée de Choulans, à deux pas de l’entrée de l’A6 sous le tunnel de Fourvière.

Et à 16 heures pétante, les cinquante personnes ont déboulé sur la chaussée déjà bien encombrée.

L'action de blocage du tunnel sous Fourvière contre la loi travail. ©LB/Rue89Lyon
L’action de blocage du tunnel sous Fourvière contre la loi travail. ©LB/Rue89Lyon

Après un blocage total de quelques minutes, les barrières du tunnel se sont baissées.
Les activistes ont alors remonté le fil des voitures, dans le sens Marseille-Paris, pour distribuer leur tract et scander quelques slogans dont « 49-3, ça passera pas ».

Arrivés place Carnot, les activistes de Nuit Debout, lycéens, étudiants, anarchistes, communistes ou encore membres du NPA se sont dispersés, sans rencontrer les forces de l’ordre.

La police était à l’entrée du tunnel en train d’enlever avec les services techniques du tunnel les barrières et autres objets de blocage.
Après vingt minutes de blocus, le trafic a pu reprendre.

Le dernier blocage, celui du périph’ au niveau de Vaulx-en-Velin, avait duré dix minutes. C’était pour la venue de Manuel Valls. Cette action s’était soldée par trois interpellations et plusieurs blessés.

Un rassemblement de 500 personnes aux Terreaux

Dans l’après-midi, les textos et messages sur les réseaux sociaux appelaient à un rassemblement à 18 heures place des Terreaux, notamment lancés par le Parti de gauche et la Coordination des Groupes Anarchistes (CGA) de Lyon, puis repris par d’autres organisations ou collectifs dont le mouvement Nuit Debout.

Environ 500 personnes ont répondu à cet appel. On noté la présence de représentants de la CGT, de Sud, du NPA, des Jeunesses communistes ou de l’Unef.

Un militant CGT tentait d’expliquer la colère :

« Le gouvernement nous a répété que ce n’est pas la rue qui dirige et qu’il fallait laisser le Parlement débattre. Et là, ils nous pondent le 49-3 ! »

Le rassemblement contre le recours au 49-3 place des Terreaux vers 18 heures. ©LB/Rue89Lyon
Le rassemblement contre le recours au 49-3 place des Terreaux vers 18 heures. ©LB/Rue89Lyon

Commissariats et local du PS pris pour cible

Un peu avant 19 heures, le rassemblement s’est transformé en manifestation sauvage d’environ 400 personnes, avec pour principal slogan « 49-3 on n’en veut pas ».

La police a contenu les manifestants sur les quais de Saône après avoir bloqué le cortège rue Lanterne.

Un retour a été opéré place des Terreaux. Puis le cortège s’est dirigé vers les quais du Rhône avant de monter sur la colline de la Croix-Rousse.

Au passage, des pierres ont été jetées contre les vitres du commissariat de la police nationale, place Louis Pradel, puis du poste de police municipale, rue des Capucins. Dans les deux cas, des vitres ont été étoilées.

Arrivé sur le plateau, le cortège est passé devant le local du PS de la Croix-Rousse. Il a été vandalisé : une vitrine a été brisée, des « 49-3 » ont été tagués et une partie du mobilier s’est retrouvée sur le trottoir.

Occupation temporaire de l’ancien collège Truffaut

Vers 20h30, les manifestants sont redescendus jusqu’à l’ancien collège Truffaut, place Morel. Ce bâtiment, aujourd’hui désaffecté, avait été occupé brièvement en décembre 2013 avec la maire du 1er arrondissement.

C’était l’objectif de certains manifestants. Après plusieurs coups de pieds dans la porte, elle a cédé. Une centaine de personnes sont entrées dans le bâtiment pour commencer une occupation, à la manière de ce qui s’est passé à Rennes.

Mais après une demi heure, la foule est repartie en direction des Terreaux. Les occupants temporaires ont renoncé à faire une AG et ont suivi le mouvement non sans avoir vidé quelques extincteurs.
21h30, retour place des Terreaux quadrillée par les CRS et gendarmes mobiles.

Côté est de la place, on pouvait entrer sur la place mais pas sortir.
Progressivement, la place s’est vidée. Restées quelques dizaines de personnes, surtout des étudiants, qui chantaient et jouaient de la musique, collées aux boucliers des policiers anti-émeute.

Durant toute la soirée, place des Terreaux ou lors de la manif sauvage, la police n’est pas intervenue.

Prochain rendez-vous lyonnais contre la loi travail, ce jeudi à 12 heures pour un rassemblement, déclaré celui-là. Il aura lieu toujours aux Terreaux, mais place de la Comédie, entre l’hôtel de ville et l’Opéra.

Deux mineurs interpellés pour les dégradations du poste de police municipale

Le lendemain de la manifestation sauvage, deux mineurs ont été interpellés par la police présente en grand nombre pour un nouveau rassemblement d’environ 200 personnes contre le recours au 49-3.

Selon la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), dans sans synthèse, le premier mineur a été interpellé à 19h45, à l’angle de la rue d’Algérie et de la place des Terreaux. Le second a été interpellé à l’angle de la rue Joseph Serlin et de la rue la République.

« Ils ont été reconnus comme étant les auteurs de dégradations commises la veille, rue des Capucins à Lyon 1er, au poste de police municipale ».

L’enquête est en cours.

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