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20/03/2024 date de fin
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Autoroutes A6 et A7 : quand Gérard Collomb voulait convaincre les GPS d’ignorer Fourvière

On le pensait serpent de mer mais, finalement, le déclassement des portions des autoroutes A6 et A7 traversant Lyon pourrait finalement voir le jour. La densité peu supportable du trafic (115 000 voitures par jour) sur cette portion diminuerait alors, l’air deviendrait respirable et les oiseaux chanteraient.

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L'autoroute A7 au niveau de la Confluence à Lyon ©Thomas Francillard/Rue89Lyon

Cela fait en réalité des années que le maire de Lyon tente de trouver une solution autour de cet axe qui éventre la ville, il avait même évoqué un moyen un peu fou : demander aux fabricants de GPS de ne plus privilégier le passage par le tunnel de Fourvière.

 

L'autoroute A7 au niveau de la Confluence à Lyon ©Thomas Francillard/Rue89Lyon
L’autoroute A7 au niveau de la Confluence à Lyon ©Thomas Francillard/Rue89Lyon

C’était l’été dernier. Lyon accueillait le sommet climat et territoire et Gérard Collomb s’exprimait de nouveau sur un dossier qu’il voudrait clore depuis son élection en 2001 : le déclassement des autoroutes A6 et A7 qui traversent Lyon et une partie de l’agglomération, notamment par le tunnel de Fourvière.

Une telle décision entraînerait la transformation de cet axe en un boulevard urbain où la circulation serait réduite à 50 km/h, avec des feux de circulation et des espaces pour les modes doux et les piétons. Un changement radical pour cet axe souvent chargé et embouteillé, notamment durant les périodes de vacances.

La faute aux GPS, vraiment ?

Le maire de Lyon pointait alors une des raisons, selon son analyse, de cet encombrement fréquent : les systèmes GPS. « Chemin le plus court et gratuit », la traversée de Lyon par Fourvière est l’itinéraire privilégié des Tomtom et autres systèmes de navigation.

Gérard Collomb n’avait donc pas hésité à livrer bataille, dans les mots en tout cas : il allait vaillamment leur demander de bien vouloir prendre en compte cette situation locale dans la programmation de leurs algorithmes de calcul. Objectif : détourner au maximum le trafic de transit vers d’autres axes, comme notamment l’A46 et l’A432 à l’Est pour réduire les nuisances sonores et la pollution de l’air.

Cette volonté n’était déjà pas nouvelle à l’été 2015. La « faute aux GPS », ce petit couplet avait en effet déjà été entonné par les élus lyonnais en 2013.

La Métropole de Lyon annonçait alors avoir rencontré différents fabricants pour tenter de trouver une solution. Régulièrement ces dernières années le journal Le Progrès s’est penché sur la question. L’été, à l’occasion des traditionnels bouchons au niveau de Fourvière, les automobilistes témoignent de GPS qui les guident tout droit dans le tunnel. Ou, pour ceux qui n’en utilisent pas, de leur méconnaissance d’itinéraires alternatifs.

Des effets de manche qui n’ont rien changé

Dans l’attente d’un déclassement effectif de l’axe autoroutier traversant Lyon, un coup de pouce des systèmes GPS serait le bienvenu, notamment lors de la période estivale souvent synonyme de galère. Problème, il n’est visiblement rien ressorti des échanges avec les fabricants.

Contactée à ce sujet, la Métropole de Lyon présidée par Gérard Collomb assure que les contacts ont bien eu lieu.

« Mais personne n’empêchera jamais un automobiliste de programmer son GPS sur le parcours le plus court ou le plus rapide et de passer ainsi par le tunnel sous Fourvière, par exemple, même si nous souhaiterions qu’il passe plutôt par un parcours alternatif. »

Si le maire de Lyon s’est présenté tout récemment et de nouveau préoccupé par la question du déclassement, ses annonces concernant les GPS semblent donc davantage de l’ordre de l’effet de manche. Dommage, l’enjeu ne semblait pas négligeable.

Selon les chiffres de la Métropole de Lyon pour l’année 2013, le transit sous Fourvière représente 15 % du trafic journalier total soit 16 000 véhicules. En cumulant ceux de la rocade Est et du périphérique Laurent Bonnevay, ce sont 44 000 véhicules par jour qui transitent dans l’agglomération lyonnaise.

Chiffres du trafic sur les grands axes de l'agglomération de Lyon en 2013 / Métropole de Lyon
Chiffres du trafic sur les grands axes de l’agglomération de Lyon en 2013 / Métropole de Lyon

Changer la route plutôt que le système de navigation

Faire modifier un système de navigation GPS ? Mission quasi impossible. A moins de modifier au préalable la nature et l’accessibilité des axes routiers. Ce que semble confirmer la Métropole de Lyon.

« Seul un arrêté préfectoral interdisant telle ou telle voirie pourrait être intégrée dans les systèmes GPS afin de dissuader les automobilistes d’emprunter une voie ».

Pas de coup de main donc à attendre de la part des fabricants. Nous avons contacté le fabricant Tomtom pour essayer d’en savoir plus, sans réponse pour le moment. Il eût été intéressant de connaître les positions des sociétés émettrices des services GPS, sur ce type de demandes très politiques.

Si le déclassement des autoroutes A6 et A7 devient effectif, son basculement en boulevard urbain entraînerait automatiquement sa fermeture aux poids lourds. Une partie du trafic serait donc de fait détournée. Reste encore à dissuader les automobilistes en transit.

La traversée de Lyon par cet axe inchangé dans son tracé et donc sa distance restera l’itinéraire le plus court. La modification des conditions de circulation, notamment la vitesse maximale réduite à 50km/h et la présence de feux de circulation, pourraient en revanche modifier substantiellement les calculs d’itinéraires. Et privilégier les axes de contournement de la ville.

Éviter la ville mais pour aller où ?

Le contournement pose toujours question. Jusqu’alors le projet de déclassement de l’A6 et de l’A7 était conditionné, dans la bouche de Gérard Collomb, à la réalisation d’un grand contournement de Lyon et l’achèvement de « l’Anneau des Sciences » (ou TOP).

Aujourd’hui, le maire de Lyon annonce que l’État devrait valider selon lui le déclassement d’ici le mois de mai. Mais le grand contournement reste lui toujours incertain, du fait de son financement notamment.

Tracés des possibles pour le grand contournement de Lyon. Document Métropole de Lyon
Tracés des possibles pour le grand contournement de Lyon. Document Métropole de Lyon

Dans le même temps, le projet d’autoroute A45 devant relier Lyon, via l’A450 au sud, à Saint-Étienne avance. Mercredi 30 mars, le secrétaire d’État aux transports Alain Vidalies a annoncé que les travaux « devraient commencer en 2018 » pour se finir en 2022. Un projet qui a reçu le soutien de Laurent Wauquiez le président de la Région et pour lequel il a promis 100 millions d’euros. Irritant même des élus de son propre bord. Ce projet, Gérard Collomb y est favorable à la condition qu’il ne déverse pas son trafic au niveau de Pierre-Bénite mais sur l’A7 plus au sud.

En attendant, on peut rêver en regardant les perspectives d’une autoroute en bord de Rhône transformée en petit boulevard mignonnet (ou presque), jalonné d’arbres, de pistes cyclables et de jolies familles qui se baladent au soleil.

Perspective du boulevard urbain une fois la portion de l'A7 déclassée. Document Métropole de Lyon
Perspective du boulevard urbain une fois la portion de l’A7 déclassée. Document Métropole de Lyon

Pour éviter que les GPS ne s’obstinent à privilégier la traversée de Lyon, l’idée du péage urbain apparaît alors comme la meilleure solution. La traversée de Lyon ne serait ainsi plus gratuite. Le modèle mis en place à Milan a, semble-t-il, séduit Gérard Collomb.

Reste à savoir dans le détail quelle portion de l’A6 et A7 sera déclassée. Après le dernier conseil métropolitain, le maire d’Ecully, Yves-Marie Uhlrich (droite), se vantait d’avoir obtenu auprès de Gérard Collomb qu’elle irait de la Confluence au sud de Lyon jusqu’à Limonest sur l’A6 au nord en passant par le tunnel de Fourvière.

Réponse du gouvernement promise pour début mai.

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