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L’asso lyonnaise « Courir pour elles » poursuit en justice une blogueuse malade du cancer du sein

Si l’association Courir pour elles, qui apporte son soutien à la lutte contre le cancer du sein, organise son prochain événement sportif à Lyon le 22 mai 2016, il risque fort de se dérouler sous un vent de polémique. Parce qu’elle a dénoncé le manque de transparence de cette association sur son blog Fuck my cancer, Manuela Wyler, une femme atteinte du cancer du sein, est maintenant poursuivie en diffamation.

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L’asso lyonnaise « Courir pour elles » poursuit en justice une blogueuse malade du cancer du sein

Tout a commencé avec une note postée sur son blog Fuck my cancer le 21 mai 2015.

Manuela Wyler s’agaçait des « courses roses », et des « événements sportifs censés financer la lutte contre le cancer du sein et promouvoir le dépistage organisé ». Une critique du marketing rose qui a aussi le don d’agacer bien d’autres personnes. La blogueuse  a évoqué une course subventionnée par le département du Rhône, alors que l’association organise une course le 24 mai prochain à Lyon.

« L’association Courir pour elles, toutes solidaires ne publie pas ses comptes ni sur son site ni ne les dépose au greffe du tribunal ou à la préfecture. Jusqu’au seuil de 153 000 euros [de subventions reçues, ndlr], c’est son droit, ça n’est pas très éthique, ni responsable mais cela reste dans le cadre légal. »

« J’en appelle donc à nos chers élus et à la cour régionale des comptes à faire preuve d’un peu de responsabilité et à aller regarder de plus près ce qui mijote dans ces marmites roses opaques. Je m’interroge sur l’utilisation de fonds publics alors que nous manquons cruellement de moyens pour soutenir les malades. »

Des coureuses inscrites au marathon organisé par l'association lyonnaise "Courir pour elles".
Des coureuses inscrites au marathon organisé par l’association lyonnaise « Courir pour elles ».

Une requête à laquelle à répondu Romain Blachier, élu à la mairie du 7ème arrondissement de Lyon.

Manuela Wyler notait qu’on voit des associations et des initiatives se multiplier (courses, etc.), sollicitant des citoyens émus, sans trop savoir où va cet argent ensuite. Pour développer ses craintes, elle revenait sur des précédents. Un scandale aux Etats-Unis « avec le détournement de fonds de 187 millions d’euros censés financer la recherche et la lutte contre le cancer du sein » ou encore notre Jacques Crozemarie national.

La note de blog aurait pu rester une gueulante dans l’océan des coups de gueule sur Internet. Mais le 22 juin 2015, l’hébergeur du blog reçoit une demande des avocats représentant l’association et de sa présidente. Ils demandent la fermeture du blog et estiment que cette critique est diffamatoire.

« Ce n’est absolument pas une diffamation »

« Fuck my cancer », de Manuela Wyler, éd. Fayard, avril 2015
« Fuck my cancer », de Manuela Wyler, éd. Fayard, avril 2015

A cette demande, Clothilde Chapuis, l’avocate de Manuela Wyler répond qu’il y avait « mille autres manières de réagir, demander un droit de réponse pour commencer ». Avant d’ajouter « Ce n’est absolument pas une diffamation »

En face, Xavier Vahramian, l’avocat de la présidente de Courir pour elles, ne mâche pas ses mots :

« C’est un brûlot diffamatoire, il est indiqué des choses complètement incroyables, mensongères et diffamatoires. Elle fait des liens inadmissibles avec des scandales passés. »

Xavier Vahramian reproche à Manuela Wyler le ton de son article et de ne pas avoir contacté l’association avant d’écrire sa note de blog. Pour Manuela Wyler, ces accusations ne sont pas sa priorité.

« Je m’en moque.
Je m’en moque comme des deux seins que je n’ai plus.
Je m’en moque comme de ma première chimio.
Je m’en moque comme de ma première métastase et de la méningite carcinomateuse qui va m’emporter me privant de voir grandir mes petits-enfants, me privant de la naissance des autres à venir. Me privant de mes quatre enfants, me privant de la vie.»

Car comme l’écrit la blogueuse accusée, elle ne sera certainement plus là pour se défendre au tribunal. Cette plainte, elle s’en moque donc.

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